Espoir à l'horizon : la Trump-inflation est en marche<!-- --> | Atlantico.fr
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Presque toutes les politiques économiques que devrait mettre en œuvre Donald Trump vont contribuer à pousser les prix américains à la hausse. À la fois du côté de l'offre (les coûts) et du côté de la demande.
Presque toutes les politiques économiques que devrait mettre en œuvre Donald Trump vont contribuer à pousser les prix américains à la hausse. À la fois du côté de l'offre (les coûts) et du côté de la demande.
©Reuters

Trumponomics

Alors que Donald Trump a promis de booster la croissance américaine et de créer des millions d'emplois, l'inflation pourrait se diriger vers des niveaux plus élevés que ce qui avait été anticipé.

Lars Christensen

Lars Christensen

Lars Christensen est un économiste danois spécialisé en économie internationale, marchés émergents et politique monétaire ayant plus de 20 ans d’expérience au sein de gouvernements et d'établissements bancaires. Il est l'auteur du site marketmonetarist.com. Son compte Twitter : @MaMoMVPY.

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Il y a quelques semaines, j'écrivais que nous étions finalement en train de voir le monde s'éloigner de la trappe déflationniste dans laquelle il est tombé. Mais j'avais aussi insisté sur le fait que l'inflation ne devrait probablement pas dépasser les 2 %, ni aux États-Unis, ni dans la zone euro, dans un futur proche. Néanmoins c'était avant la surprise de la victoire de Donald Trump. Avec Trump président, l'inflation se dirige vers des niveaux plus élevés que ce que nous avons connu ces dernières années.

Presque toutes les politiques économiques que devrait mettre en œuvre Donald Trump vont contribuer à pousser les prix américains à la hausse. À la fois du côté de l'offre (les coûts) et du côté de la demande. Du côté de l'offre en effet, l'intention de Trump de durcir les politiques sur l'immigration voire d'expulser des immigrés sans-papiers devrait renforcer la pression à la hausse sur les salaires. En outre, l'orientation protectionniste de Trump devrait également faire augmenter les prix des importations. Heureusement, il semble qu'il n'y aura pas de majorité au Congrès, ni au Sénat ni à la Chambre des représentants, pour voter l'ensemble des mesures anti immigration ou protectionnistes que le candidat républicain a développé pendant sa campagne présidentielle. Mais le nouveau président devrait quand même parvenir à en faire adopter une partie.

Du côté de la demande, Trump a déclaré qu'il voulait "doubler la croissance" et cela dans un contexte où la croissance réelle du PIB américain est déjà proche de son potentiel maximum. Et pour ce faire, il semble que le nouveau président veuille avoir recours à ce que l'on pourrait décrire par de bonnes vieilles politiques keynésiennes -de larges baisses d'impôts non financées dans le budget de l'État et des investissements massifs dans les infrastructures. 

Tous les regards devraient donc bientôt se tourner du côté de la Réserve fédérale. 

Les mesures économiques de Trump peuvent assurément booster la demande agrégée au sein de l'économie américaine mais seulement si la Fed les accompagne. A en juger par la réaction des marchés - hausse du rendement des obligations et anticipations d'une inflation à la hausse- la Fed devrait jouer le jeu, au moins dans une certaine mesure.

De fait, un certain nombre d'officiels séniors de la Fed appellent depuis déjà un certain temps à ce que la politique fiscale américaine "soutienne" la politique monétaire menée par la Banque centrale pour atteindre son objectif de 2% d'inflation tout en permettant une remontée graduelle des taux. 

Janet Yellen, la présidente de la Fed a même parlé de créer pour un durée limitée une économie "sous haute pression" afin de ramener sur le marché de l'emploi américain des travailleurs qui n'y sont plus, notamment parmi les chômeurs de longue durée. Yellen était allée jusqu'à dire qu'elle accepterait qu'un stimulus fiscal massif produise une inflation qui dépasserait l'objectif à 2% de la Fed.

Ceci étant dit, un dépassement significatif ou prolongé de l'objectif des 2 % d'inflation pourrait rapidement devenir incontrôlable et il est donc tout à fait probable que la Fed appuie assez rapidement sur les freins, peut-être même de manière brutale. 

Les ingrédients d'un conflit entre la Réserve fédérale et l'administration Trump seraient alors réunis. La Fed essaierait probablement de maîtriser l'inflation avec des hausses de taux agressives tandis que l'administration Trump s'y opposerait dans la mesure où Donald Trump a promis de booster la croissance et de créer "des millions d'emplois". 

De ce point de vue là, on peut remarquer que le mandat de Janet Yellen parviendra à son terme en 2018 et que Trump pendant la campagne électorale a dit qu'il aimerait remplacer Yellen même si une tradition bien installée consiste à renommer les patrons de la Fed en place. Conjugué avec un conflit sur la meilleure manière de conduire la politique monétaire, cela pourrait certainement mener à une volatilité pourtant évitable des marchés financiers en 2017 et 2018.

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