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La vraie raison pour laquelle
il est mauvais que le CAC 40
verse des dividendes
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Le nettoyeur

Nouveau rendez-vous Atlantico. Chaque semaine Pascal-Emmanuel Gobry fait voler en éclat une idée reçue économique.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Cette une des Echos a été reprise par tous les journaux télé : les entreprises du CAC 40 versent des gros dividendes. La crise n'épargne personne, sauf les actionnaires, et les grandes entreprises, qui se gavent.

L'indignation est facile

D'abord, il n'y a pas de mal à verser des dividendes : le dividende rémunère l'actionnaire, sans lequel il n'y a pas d'entreprise. Mais ça ne suffit pas pour expliquer.

Lorsqu'une entreprise génère des bénéfices, elle peut soit les investir, soit les rendre à ses actionnaires. Comment choisit-elle ?

En théorie financière, une entreprise investit pour obtenir un rendement supérieur à son coût du capital, c'est-à-dire le rendement qu'attendent les actionnaires. Autrement dit, si une entreprise rend de l'argent à ses actionnaires, c'est qu'elle ne trouve pas d'endroit plus rentable pour l'investir.

C'est pour ça que la cupidité des actionnaires n'explique pas les dividendes : un actionnaire cupide préférera qu'une entreprise réinvestisse de l'argent qui lui offrira un rendement supérieur à de simples dividendes.

Et donc, le fait qu'uneentreprise verse des dividendes n'est pas forcément un signe de force, mais parfois de faiblesse : qu'elle ne trouve pas d'investissement rentable.

Alors, pourquoi les grandes entreprises ne trouvent-elles pas d'investissements rentables ?

Il suffit de regarder autour de nous : l'eurozone en récession, le Japon est morose, la croissance américaine reste en berne… Bref, loin de vouloir dire que le CAC 40 croule sous l'or pendant la crise, ces dividendes veulent sans doute dire le contraire.

Mais c'est là tout le problème : ça crée un cercle vicieux. Pour sortir de la crise, il faut que les entreprises investissent. Ce comportement est une forme de prophétie auto-réalisatrice : ce que Keynes appelait le paradoxe de l'épargne. Si les entreprises et les foyers anticipent une croissance de l'économie, elles investissent (et ils consomment), et l'économie se relance. S'ils anticipent un marasme, ils n'investissent pas et ne consomment pas, et l'économie stagne.

Quelle solution  ?

C'est connu : pour Keynes c'est à l'Etat de briser le cercle vicieux en relançant l'activité économique à coups de dépense publique. Pour les économistes qui viennent après Keynes, c'est à la banque centrale de jouer ce rôle : en agissant pour augmenter la masse monétaire, elle change les attentes de croissance des entreprises et crée cette prophétie autoréalisatrice de croissance de l'économie.

Lesquels des deux ont raison ? Débat purement théorique : on n'a aucun des deux. La Banque centrale européenne est dominée par une idéologie qui refuse toute création monétaire par peur de l'inflation, et les Etats européens font régner l'austérité budgétaire.

Difficile, dans ces conditions, de s'étonner qu'une grande entreprise se dise qu'investir en 2012 ne risque pas d'être une bonne idée. Et c'est effectivement dommage pour nous tous. Mais si vous voulez le reprocher à quelqu'un, il faut peut être moins vous tourner vers les cupides actionnaires, et plus vers Nicolas Sarkozy et Mario Draghi.

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