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Entre va-t-en-guerrisme aveugle et anesthésie des cerveaux, François Hollande impose une dangereuse semaine à la France
©Reuters

Apprenti sorcier

Dans la souffrance morale où nous sommes, faire flotter les drapeaux aux fenêtres et faire couler la moraline à flots, sur les airs de "Quand on n’a que l’amour", il semble que l'hommage présidentiel, "national et solennel", ait rempli son office : anesthésier les cerveaux.

Nathalie Krikorian-Duronsoy

Nathalie Krikorian-Duronsoy

Nathalie Krikorian-Duronsoy est philosophe, analyste du discours politique et des idéologies.
 
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Personne pour se lever et dire combien il est inadmissible que le Président de la France prononce des paroles empruntées aux terroristes, au moment de sa conférence avec David Cameron, lundi à Paris : "Nous allons choisir des cibles qui feront le plus de dégâts possibles." Sachant que la France a frappé une ville, Mossoul, depuis les airs …? Décidément, cet homme n’est pas à la hauteur d'une fonction qui le dépasse. Car aujourd’hui, 5 à 7 millions de civils vivent dans les régions contrôlées par l’Etat Islamique qui se trouveront de facto, sous les bombardements de la "coalition mondiale contre Daech" et, cette "vaste offensive militaire" à laquelle on imagine François Hollande rêver, désormais, le matin quand il se rase.

Hier, dans la solennité de l’hommage de la nation aux victimes de la barbarie islamiste, ce qui en langage Elyséen se traduit par : "la cause folle d’un Dieu trahi", "pasdamalgame" oblige, François Hollande a poursuivi : "Après avoir enterré les morts il nous reviendra de réparer les vivants. Je vous promets solennellement que la France mettra tout en oeuvre pour détruire l’armée des fanatiques qui ont commis ces crimes", tout comme avait été promis, durant la campagne présidentielle, que, lui Président, serait inversée, comme par magie, la courbe du chômage.

Hier aux Invalides, d’une voix artificiellement travaillée, atone et lugubre, le Président a parlé d’un "acte de guerre, froidement exécuté par une horde d’assassins", mais ils étaient huit : deux "migrants" passés par la Grèce, et aussi, parmi ces terroristes islamistes, six Français, entraînés en Syrie, contre la France, leur pays. Pas un mot là-dessus.

Un indice, pourtant, de compréhension, qui pourrait aider les politiques, les médias et les sociétés démocratiques européennes, à comprendre, puisque c’est aussi leur tentative, le mal qui les ronge : le professeur de Bilal Hadfi, en Belgique, avait repéré sa radicalisation et l’avait signalée à sa direction qui avait refusé de le stigmatiser (1), et de conclure, en bonne logique : "il est la victime d’un véritable endoctrinement". Hier, encore, sur France info, j’entends qu’un professeur de Français dit avoir eu, dans sa classe, un autre des terroristes du 13 novembre : "A 15 ans, il ne savait ni lire, ni écrire…" et de préciser, qu’il ne savait pas quoi en faire. Conclusion tragique : si l’éducation nationale française n’a pas su qu’en faire, d’autres, en France puis en Syrie, s’en sont chargés.

Alors que penser du virage à plus de 180°, en politique intérieure, comme en politique extérieure, qui fait passer François Hollande d’un immigrationnisme convaincu, tant au plan national, sous la houlette du Think tank socialiste Terra Nova, auquel il doit, en partie, son élection, qu’au plan européen, quand il exprime un soutien sans faille à l’ouverture des frontières et à l’accueil des migrantes fuyant la guerre, en provenance du Moyen Orient et d’une partie de l’Afrique ?

Après avoir plébiscité la politique allemande d’accueil de 800 mille personnes et imposé la posture morale du "ni …ni" (ni Assad, ni Etat Islamique), le Président français revendique la nécessité d’une fermeture des frontières, et plébiscite de nouvelles alliances internationales, plaçant la Russie pro-Assad au centre de la guerre contre l’Etat Islamique, dont il prétend prendre la tête.

Cette précipitation à défaire, le lendemain de la journée sanglante du 13 novembre, ce qu’il affirmait être, au fondement des orientations politiques et morales de la France, la vieille, ne peut qu’ajouter au désarrois et à l’angoisse des Français, confrontés depuis plus de deux ans à la crise économique, culturelle et sécuritaire de la gauche au pouvoir.

D’autant qu’avec la décision turque d’abattre un bombardier russe, le nouveau conflit mondial, organisé depuis quatre ans, par l’EI en Syrie, sous nos yeux, a pris, cette semaine, une ampleur inattendue.

En effet, la revendication de la Turquie intervient onze jours, seulement, après le carnage perpétré par l’Etat Islamique, débouchant sur la prétention française, radicale autant qu’irréalisable, de changer les alliances entre les grandes puissances mondiales. Quelle absurdité au regard des soixante-dix années d’histoire diplomatique de notre pays, et du monde, que de prétendre imposer la France dans ce qui ne peut être qu’une posture : se prétendre en capacité de prendre la tête d’une coalition mondiale pour la guerre contre le terrorisme. Nous sommes une grand nation par l’esprit, mais pas par l’économie, ni la capacité militaire.

Quoi de plus cruel pour l’honneur de la France que cette image du Président Hollande reçu, mardi, à la Maison Blanche, par Barak Obama, goguenard, lui tapotant la cuisse devant les caméras : "Je suis toujours très heureux de recevoir François!" Et puis, cette visite humiliante à Poutine, se soldant par la demande de la Russie, à la France, de lui fournir "une carte" pour trouver : "les opposants modérés non-islamistes et non terroristes". Ce qui, dans la configuration territoriale de la guerre en Syrie, correspond au camouflet diplomatique le plus humoristique de l’histoire des relations internationales, envoyé, par le Président russe, via son homologue français, au Président des Etats-Unis.

Si l’offensive diplomatique de la France, menée, cette semaine en soutien à une offensive militaire accrue dès le 14 novembre, a fait flop!, le tournant sécuritaire et nationaliste de la politique intérieure de François Hollande, s’il a une cohérence dans l’état d’urgence, saura-t-il s’imposer à gauche, où disparaitra-t-il dans les limbes, au profit de sa campagne présidentielle? Arrivées au pouvoir, les valeurs de gauche ayant fait le choix du relativisme des valeurs, ont conduit à la communautarisation des banlieues puis, ont favorisé la pénétration de l’islamisme chez les plus défavorisés de nos compatriotes. Ce matin, Abdallah Saadi qui a perdu ses deux sœurs le 13 décembre disait, sur BFMTV, attendre "des mesures concrètes" et regretter qu’"à aucun moment on ne se remette en question".

Un peu d’humilité manque, en effet, dans le va-t’enguerrisme aveugle, tout comme, dans la solennité appuyée d’un Président qui a trouvé des "martyres" à son règne et prétend sans honte, en faire une "génération devenue le visage de la France".

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