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Entre divergences politiques minimales et ambiance de coin du feu : comment Angela Merkel a dominé de bout en bout son débat face à Martin Schulz
©John MACDOUGALL / AFP

Mutti

La chancelière allemande semble avoir davantage convaincu les téléspectateurs dimanche lors du duel télévisé qui l'opposait à son rival social-démocrate, Martin Schulz.

Fabien Laurençon

Fabien Laurençon

Fabien Laurencon est agrégé d'allemand, diplômé de Sciences Po Paris. Il a enseigné l'histoire et la civilisation allemandes à l'université Sorbonne nouvelle Paris III et à Paris X. 

 

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Des 97 minutes de débat entre Angela Merkel et Christian Schulz, modéré par quatre journalistes de renom de la télévision allemande, on retiendra d’abord la remarquable tenue des débats, la liberté de ton des modérateurs, et la connaissance des dossiers – en un mot une véritable leçon de culture politique allemande, à mille lieux du débat du second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Courtoisie, respect de part et d’autre, connaissance souveraine des dossiers pour la chancelière sortante, précision, technicité dans la maîtrise des sujets socio-économiques, humour pour son adversaire social-démocrate (mais peut-on encore parler d’adversaire tant les points de convergence ont été patents?) ont été la première caractéristique de ce débat, bien sage, trop sage sans doute. Comme le formulait la responsable du bureau de la rédaction de l’hebdomadaire Der Spiegel à Berlin, Christianne Hoffman sur le plateau du talk-show d’Anne Will qui a suivi, le duel tant attendu n’a pas eu lieu. Martin Schulz n’a jamais réussi à trouver la faille dans le discours parfaitement calibré et maîtrisé de la chancelière sortante, même si elle a pu faire preuve d’hésitations sur certains sujets (scandale du Diesel et avenir de l’industrie automobile allemande, fiscalité…).

Ce débat tenait en effet plus du duo que du duel tel qu’on a pu les connaître durant la campagne française d’avril 2016 ou des affrontements Trump-Clinton de l’automne 2016. C’est là sans doute que réside une limite voire une faille à terme du système à produire du consensus qu’est la Grande Coalition : les deux candidats ont en effet affiché une telle convergence à l’issue des débats, qu’on peut s’interroger sur la fragilité d’une nouvelle Grande Coalition pour le débat démocratique. Comme le rappelait Martin Schulz dans son introduction, la démocratie vit de ces confrontations. Après quatre ans de consensus ou de cogestion CDU-CSI-SPD, le risque est réel de voir le mécontentement et la frustration des électeurs chercher un autre exutoire (AfD, Die Linke…ou abstention) que les deux grands partis traditionnels, faute d’une offre politique contradictoire d’opposition répondant véritablement à leurs attentes et besoins concrets.

La crise migratoire au cœur des préoccupations des Allemands

Politique migratoire, accueil des réfugiés en 2015, regroupement familial, Corée du Nord, Turquie, retraite à 70 ans, composition de la future Grande Coalition, scandale des moteurs diesel truqués, fiscalité et justice sociale ont été les principaux sujets abordés par les deux candidats. Première surprise, la majorité des sujets portait sur la politique étrangère. Mais c’est bien la question de l’accueil des réfugiés - actuels ou futurs - qui a été l’un des points forts de ce débat télévisé, longuement commenté par les deux candidats sous tous ses aspects (regroupement familial, expulsion des demandeurs d’asyle, rétablissement des frontières extérieures de l’UE…°)

Sur la Turquie, M. Schulz a appelé à une politique de fermeté en réponse à la dérive autoritaire et autocratique d’Erdogan, c’est à dire à rompre les négociations sur l’adhésion de la Turquie à l’UE – et l’alignement sur ce point de la chancelière  constitue un tournant pour la CDU, et la seule vraie sensation du débat.

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