Entre départ de Jean-Louis Borloo et rebond de François Bayrou, comment les cartes vont être rebattues au centre<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Louis Borloo quitte ses fonctions.
Jean-Louis Borloo quitte ses fonctions.
©Reuters

Nouvelle donne

Le brusque départ de Jean-Louis Borloo ouvre la voie à l'émergence d'un nouveau leader d'un centre unifié. Plusieurs prétendants sont sur la ligne, même si les sondages indiquent que François Bayrou est le favori.

Alexis Massart

Alexis Massart

Alexis Massart  est directeur d'Espol, école européenne de sciences politiques et sociales de l'Université catholique de Lille.

 

 

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Atlantico : Alors que Jean-Louis Borloo quittait brusquement ses fonctions, François Bayrou gagnait douze points dans le baromètre OpinionWay du 6 avril (se positionnant en deuxième place des meilleurs leaders de l'opposition). Le nouveau maire de Pau est-il le successeur incontournable pour prendre la tête du centre ?

Alexis Massart : Ce ne sera pas nécessairement François Bayrou, mais il reste l'homme politique du centre qui disposait, avec justement Jean-Louis Borloo, de la plus forte exposition médiatique, ce qui est une donnée importante. Cependant, le retour de François Bayrou dans le giron du centre droit ne s'est pas fait immédiatement après la création de l'UDI. Il n'est donc pas du tout évident que les autres dirigeants de cette formation politique acceptent immédiatement que François Bayrou puisse apparaître comme le leader de ce parti.

Dans l'attente que l'UDI mette en place les dispositions nécessaires pour se doter d'un nouveau chef, on peut avoir une période transitoire où plusieurs personnalités peuvent émerger – ce qui est d'ailleurs le cas depuis le retrait de Jean-Louis Borloo en janvier dernier. Je pense notamment à Yves Jégo, Jean-Christophe Lagarde, Hervé Morin, ou Laurent Hénart qui a fait mentir les sondages en l'emportant aux municipales à Nancy.  Il ne faut pas oublier non plus des personnalités comme Rama Yade ou Chantal Jouanno, qui sont aussi des habituées des plateaux de télévision.  

Jean-Louis Borloo était une personnalité médiatiquement reconnue et qui faisait consensus dans le centre droit. La mécanique positive issue des municipales va-t-elle se gripper avec les changements forcés de leadership que le centre va devoir effectuer ?

Le centre va devoir se restructurer rapidement car on approche d'échéances électorales capitales, les européennes, où l'UDI a un positionnement important. Perdre Jean-Louis Borloo de cette manière n'est donc pas une bonne nouvelle. Mais une formation politique n'est pas un groupe de supporters autour d'une personnalité. Ce que Jean-Louis Borloo avait réussi à créer devrait donc se poursuivre, même si son départ ne tombe évidemment pas au bon moment.

Les relations de l'UDI avec l'UMP peuvent-elles changer ? Que peut-il se passer notamment si c'est François Bayrou (qui avait appelé à voter François Hollande en 2012) qui prend le leadership du centre ?

François Bayrou, en se ralliant, a accepté les éléments du pacte fondateur de l'UDI c’est-à-dire l'expression autonome d'un centre droit, mais qui se place dans une logique d'alliance au second tour avec l'UMP. Les valeurs de départ de l'UDI n'ont pas été modifiées avec l'arrivée de François Bayrou. Bien sûr, si François Bayrou devait prendre le leadership au centre, les choses seraient sans doute plus délicates au niveau relationnel – de nombreux responsables de l'UMP n'ayant pas digéré son positionnement lors de l'élection présidentielle – mais ce qui est inscrit dans le marbre de l'UDI le restera.

Jean-Louis Borloo est aussi l'homme qui ne s'est pas présenté, malgré les attentes, aux élections présidentielles de 2007 et de 2012. Avec le nouveau leadership qui va se mettre en place, va-t-on assister à un centre plus offensif lors des grandes échéances électorales ?

Normalement, l'UDI a intégré l'idée qu'il y aurait un candidat à l'élection présidentielle de 2017. Jean-Louis Borloo était bien entendu le mieux positionné. Je pense que même malgré la restructuration en cours à l'UDI, cette présence va rester un élément clé. Dans le système de la Ve République, un parti qui n'a pas de candidat à la présidentielle est clairement un parti de deuxième catégorie. Il faut donc impérativement que l'UDI soit présent en 2017 pour justifier l'intérêt de son existence.

Jean-Louis Borloo avait fait l'union du centre, notamment via la création de l'UDI et le ralliement de François Bayrou. Son brusque départ peut-il réanimer une guerre entre les différentes "chapelles" de cette sensibilité politique (Modem, Nouveau centre…) ?

Un éclatement me semble peu probable car chacun des acteurs a intégré l'idée de l'importance de recréer ce qu'avait été l'UDF, c’est-à-dire une formation de centre droit clairement identifiée. Un éclatement de l'UDI ferait, une fois de plus, disparaître du paysage politique cette identité centriste. Cependant, on connaît également les réalités de la vie politique française, où les scissions de partis ont été très nombreuses, rien n'est donc réellement exclu. Mais pousser à l'éclatement de l'UDI serait une vraie marche arrière pour les leaders, quels qu'ils soient, et dont ils auraient du mal à se remettre.

Propos recueillis par Damien Durand

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