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Énième révision à la baisse des prévisions de croissance par la BCE... qui décide de ne rien faire
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Contre la montre

Les équipes économiques de la BCE revoient leurs prévisions de croissance et d'inflation à la baisse pour les années 2014-2015 et 2016. Malgré la pression de la réalité, le conseil des gouverneurs tient bon pour ne rien faire et se contente d'envisager une action au courant de l'année 2015.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne se réunissait ce jeudi 4 décembre dans le cadre de son habituelle conférence de presse mensuelle. Si rien de tangible n’était véritablement à attendre de cette réunion, la Banque centrale européenne n’en a pas oublié d’être décevante.

En effet, les équipes macroéconomiques de la BCE se sont livrées à leur exercice de prévisions trimestrielles, qui, une nouvelle fois, sont annoncées à la baisse. Si en septembre 2014, les prévisions de la BCE faisaient état d’une croissance attendue à 0.9% pour 2014, 1.6% pour 2015 et à 1.9% pour 2016 au sein de la zone euro, les derniers chiffres sont moins flatteurs.

Les anticipations sont aujourd’hui fixées à 0.8% pour 2014, en baisse de 0.1 point, à 1% pour 2015, en forte baisse de 0.6 point, et de 1.5% pour 2016, en baisse encore de 0.4 point. C’est donc 1.1 point entier de croissance qui est retiré du total, soit 25% de croissance en moins pour les deux prochaines années. Et pourtant, les prévisions initiales ne faisaient déjà plus rêver personne.

Sur le front de l’inflation, c’est le même constat. Les prévisions se retrouvent à nouveau revues à la baisse, passant de 0.6% à 0.5% pour 2014, de 1.1% à 0.7% pour 2015, et de 1.4 à 1.3% pour 2016. Ce qui frappe avant tout, c’est la violence de la révision de croissance et d’inflation pour l’année 2015. En effet, avec 1% de croissance et 0.7% d’inflation, l’année 2015 s’annonce toute aussi médiocre que l’année 2014.

En additionnant les deux données, croissance et inflation, le total atteint 1.7% pour 2015 alors que la zone euro avait pris l’habitude d’avancer sur un rythme de 4% de croissance nominale entre 1997 et 2007. La nouvelle norme européenne ne correspond même plus à la moitié du potentiel du continent.

Comme le dit Mario Draghi lui-même : "En comparaison avec les projections macroéconomiques des équipes de la Banque centrale européenne datant de septembre 2014, les prévisions de croissance ont été significativement revues à la baisse".

Et pourtant, malgré la situation d’urgence qui se dégage des chiffres publiés ce jour, la Banque centrale européenne reste immobile. Cette dernière ne s’est contentée que de laisser planer le doute sur une éventuelle action au premier semestre 2015 :

"S’il s’avère nécessaire de répondre à des risques supplémentaires d’une période trop prolongée de faible inflation, le conseil des gouverneurs reste unanime dans sa décision d’utiliser des instruments non conventionnels, dans le cadre de son mandat. Ce qui pourrait impliquer une modification en début d’année prochaine, de la taille, du rythme et de la composition de nos mesures".

Des "Risques supplémentaires" ? Les risques et la réalité actuelle ne sont pas dignes d’une action de la BCE ?

Mais si une volonté d’agir ressort avec une certaine évidence de cette déclaration, le problème soulevé par les révisions à la baisse de la croissance et de l’inflation est majeur. Car la BCE se contente de ce type de discours depuis des mois, voire des années sur une tactique du type : "la prochaine fois que cela arrive, on va voir ce qu’on va voir". Et rien ne voit le jour, jamais. Le fait de tailler à la baisse les anticipations de 2015 tout en restant immobile témoigne une nouvelle fois de cette stratégie qui est en train de totalement décrédibiliser la BCE.

Cependant, si une phrase de l’intervention de Mario Draghi mérite d’être retenue, la voici :

"Il y a suffisamment de preuve permettant de soutenir que l’assouplissement quantitatif peut être efficace.

Le conseil des gouverneurs a bien conscience que la situation est grave. Il a également conscience que les outils qui sont à sa disposition sont efficaces (un assouplissement quantitatif, c’est-à-dire un plan de rachat de titres de dette publiques). Mais pour le moment, le conseil choisit de jouer la montre. Pour ne pas froisser certains membres du conseil : l’Allemagne et les pays du nord qui s’opposent par principe à toute intervention. Cela fait 6 ans que la BCE joue la montre.

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