Emmanuel Macron : un dimanche à la ville, subtilement parsemé de signes envoyés à la droite...<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Emmanuel Macron : un dimanche à la ville, subtilement parsemé de signes envoyés à la droite...
©PATRICK KOVARIK / POOL / AFP

En attendant lundi

La journée d'investiture à la présidence d'Emmanuel Macron s'est déroulée sans erreurs, tout en maîtrise des codes régaliens. Et a livré quelques précieuses indications sur la journée de lundi qui sera décisive.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

Voir la bio »

"Priez pour mon mari, priez beaucoup!" a lancé Brigitte Macron en saluant le président de la Conférence des Evêques de France et le Grand Rabbin de France à la fin de la cérémonie d'intronisation d'Emmanuel Macron à l'Elysée. Boutade (mais ni le lieu, ni la solennité du moment ne s'y prêtaient), où l'expression de la crainte de l'épouse du Président qui, ayant suivi toute la campagne de son mari, a pris la mesure de l'ampleur des fractures qui abiment la France à laquelle son mari veut insuffler la confiance ? Des prières, Emmanuel Macron en aura sans nul doute besoin dans le futur. Mais hier les cieux semblaient être avec lui. Aucune fausse note n'est venue ternir cette journée consacrée exclusivement à la passation des pouvoirs, au déplacement à l'Hôtel de Ville de Paris et à une visite hors-presse aux grands blessés à l'hôpital militaire de Percy. Soucieux d'imprimer son rythme (forcément posé), Emmanuel Macron n'a pas nommé le Premier Ministre dans la foulée de son entrée à l'Elysée. Les pronostics du monde politique nourris par ceux de la presse et inversement, allaient tous le sens de la nomination d'Edouard Philippe, le maire du Havre, qui a fait le choix de sa ville au détriment de sonsiège de député en vertu du non-cumul des mandats. Une nomination qui correspondrait aux critères énoncés par Christophe Castaner, un très proche d'Emmanuel Macron: "La volonté du président est de dépasser le clivage des vieux partis. Alors pourquoi pas un Premier Ministre qui représente cela" ? Mais le suspense durera jusqu'au bout.

Accueilli par un François Hollande radieux, le nouveau président a fait son entrée dans la cour d'Elysée à dix heures pile. L'entretien entre les deux hommes a duré plus longtemps que prévu ; peu importe, les corps constitués, ces élites vilipendées par les populistes, mais qui forment le socle de l'Etat, patientaient sagement debout dans la salle des Fêtes, spéculant elles aussi sur les nominations futures dans la haute administration... et au gouvernement. Le grand acteur Michel Bouquet, 92 ans, que l'on ne peut pas qualifier de "people", était la seule personnalité du monde artistique conviée à la cérémonie. Une volonté de sobriété pour ne prêter le flanc aux accusations de légèreté de la part du plus jeune Président de la République que la France ait connu. Le Président du Conseil Constitutionnel, Laurent Fabius qui fut en son temps le plus jeune Premier Ministre a cité Chateaubriand "Pour être l’homme de son pays, il faut être l’homme de son temps", ajoutant " Vous l'êtes par votre choix, votre parcours, votre formation et jusqu'à votre état civil". Ayant à coeur de montrer que jeunesse n'est pas synonyme de "table rase", Emmanuel Macron a rendu hommage à chacun de ses prédécesseurs de la Cinquième République, de De Gaulle à Hollande, citant leurs faits marquants avant de déclarer qu'il ne cèdera "sur rien des engagements pris vis-à-vis des Français. Le travail sera libéré, les entreprises seront soutenues, la création et l’innovation seront au cœur de mon action",a-t-il déclaré, avant d'ajouter que "nos institutions doivent retrouve leur efficacité" et promettant également d'oeuvrer "pour une Europe plus efficace, plus démocratique, plus politique, car elle est l’instrument de notre puissance et de notre souveraineté". Une détermination qu'il entend surtout démontrer pour la protection des Français "qui se sentent oubliés", et pour lesquels il veut "l'égalité face aux accidents de la vie", promettant d'être "au travail dès ce soir". Emmanuel Macron entendait aussi adresser un message aux électeurs de droite qui lui ont fait le procès de laxisme pendant la campagne électorale, voire d'ignorance des questions de sécurité. Né en 1977, le président de la République n'a pas fait son service militaire: il a été supprimé en 1996 par Jacques Chirac. Pour l'image, il a remonté les Champs Elysées en véhicule militaire, et Emmanuel Macron a fait inscrire à son agenda officiel et donc annoncé son entretien en début d'après midi, avec le Chef d'Etat major des Armées, juste avant de se rendre à l'hôpital militaire de Percy pour rendre visite à de grands blessés au cours d'Opérations Extérieures. En multipliant les actes symboliques, Emmanuel Macron force sciemment le trait :"N'ayez pas peur, je suis un homme d'ordre et ne néglige pas la sécurité de mon pays", semble-t-il-dire à travers ces gestes dans le but de couper l'herbe sous le pied de ceux qui, à droite cultivent le doute à son propos. Et pendant ce temps personne ne parlait des négociations, toujours en cours entre les responsables du Parti Présidentiel la République En Marche avec le MODEM de François Bayrou, d'ailleurs au premier rang des invités à l'Elysée, aux cotés de la députée européenne Marielle de Sarnez. Le nom du Maire de Pau revient le plus souvent pour le poste de Garde des Sceaux . Celui de l'ancien Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin, aujourd'hui président de la Commission des Affaires Etrangères et de la Défense du Sénat revient également dans les conversations pour le Quai d'Orsay, en concurrence avec Bruno Le Maire, qui n'a pas caché sa volonté de travailler avec le nouveau président. Avec ses proches, dont Frank Riester, le député L.R. de Seine-et-Marne, l'élu de l'Eure attendait la nomination d'un Premier Ministre de Droite pour faire un pas en direction de la future majorité présidentielle. La République En Marche n'a pas investi de candidat dans leur circonscription, ni dans celle de Thierry Solère dans les Hauts-de-Seine. Mais ce dernier, élu de Boulogne-Billancourt, doit affronter une dissidence émanant de son propre camp. Lui-même avait gagné contre le candidat officiel UMP à l'époque qui n'était autre que Claude Guéant. Quant aux futurs ministres issus de la société civile, le chef d'entreprise Thierry Breton, ancien ministre de l'Economie de Jacques Chirac est souvent cité, avec des personnalités qui ont fait leurs premiers pas en politique à l'occasion de cette campagne, comme la "référente agriculture" de REM, Audrey Bourolleau ,une jeune femme de 37 ans qui veut "en finir avec le "poids des normes" et "l'écologie punitive". Le suspense prendra fin dans les heures qui viennent pour le gouvernement et dans deux jours, mercredi à 18 heures, heure de la clôture du dépôt des candidatures pour les investitures. L'enjeu n'est pas mince : il s'agit pour Emmanuel Macron d'obtenir une majorité à l'Assemblée Nationale, homogène ou composite (mais pas trop), afin de mettre en oeuvre le programme sur lequel il a été élu.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !