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Emmanuel Macron :"  le gouvernement, c'est moi"!
©AFP

Roi Soleil

Les nouvelles nominations et les évictions montre une fois de plus que l'Elysée a décidé de jouer son rôle jupitérien jusqu'au bout.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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En formant le nouveau gouvernement avec le Premier ministre Edouard Philippe, Emmanuel Macron n'avait pas droit à l'erreur : sa cote de popularité s'affiche à la baisse, (légère : moins 3 points), et le sondage BVA pour Orange en question avait été effectué avant la crise qui vient de secouer l'exécutif. Pour enrayer le mouvement il convenait donc pour lui de la résoudre le plus rapidement possible, ce qui a été fait pour le respect des critères fixés de parité, renouvellement et diversité politique. Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, chargé de mettre ces nominations en musique peut vanter, en bon communicant, un "gouvernement d'action, rajeuni et motivé". Formule qui peut prêter à sourire, car on imagine mal des ministres tout juste nommés qui n'ont pas envie d'agir ! Par ailleurs ce gouvernement fortement teinté "En Marche", est marqué par un infléchissement à gauche et l'absence de nouveaux poids lourds politiques. Le nouveau Ministre de l'Agriculture Stéphane Travers, élu En Marche de la Manche, va-t-il en devenir un? Il est un soutien de la première heure du Président de la République mais cet ex-PS s'est jusqu'à présent montré plutôt discret. Nicole Belloubet, qui succède à François Bayrou au Ministère de la Justice est la première professeure de droit à siéger au Conseil Constitutionnel. Marquée à gauche , elle a été élue au conseil régional de Midi-Pyrénées et adjointe au Maire de Toulouse .

Sa nomination au Ministère des Armées marque le retour en politique de Florence Parly : la nouvelle ministre a occupé les fonctions de Secrétaire d'Etat au budget sous la cohabitation Chirac-Jospin, mais après avoir essuyé un échec électoral aux législatives de 2002, Florence Parly, a depuis fait carrière, avec succès, dans les grandes entreprises publiques que sont Air France et la SNCF. Certainement moins rompue aux questions stratégiques que Sylvie Goulard, Florence Parly est une "budgétaire" : ses compétences seront précieuses à l'heure où les discussions s'annoncent serrées pour le Budget de la Défense qu'Emmanuel a promis d'augmenter.

Rajeuni, le gouvernement l'est également avec l'arrivée de jeunes secrétaires d'Etat, dont Sébastien Lecornu, le plus jeune ministre nommé sous la Ve République, un proche de Bruno Le Maire, qui préside depuis un an le conseil départemental de l'Eure. Sa co-équipière, comme secrétaire d'Etat auprès du Ministre de l'Ecologie, Brune Poirson vient tout juste d'être élue députée En Marche, bien sûr, dans la circonscription détenue auparavant par Marion Maréchal-Le Pen. Récompense ministérielle également pour le secrétaire d'Etat auprès du Ministre des Affaires Européennes, Jean-Baptiste Lemoyne qui a été le premier élu LR à avoir rejoint Emmanuel Macron. Quant à Julien Denormandie, secrétaire d'Etat auprès du Ministre de la cohésion des Territoires, et Benjamin Griveaux, secrétaire d'Etat à l'Economie et aux Finances , ils sont membres d'En Marche et travaillent avec Emmanuel Macron depuis qu'il s'est lancé en politique. A l'exception de Richard Ferrand dont l'exfiltration vers la direction du groupe En Marche est brouillée par le départ des ministres MODEM, tous les membres du gouvernement réélus sont reconduits. Le " tombeur" de Jean-Christophe Cambadélis, Mounir Mahjoubi secrétaire d'Etat au Numérique a droit tout comme Benjamin Griveaux à un commentaire grinçant de la part du PS qui raille leur score serré au deuxième tour à Paris . Dans son communiqué, le PS qui s'installe dans l'opposition écrit " qu’être mal élu se paie comptant dans La République En Marche. Ainsi, messieurs Benjamin Griveaux et Mounir Mahjoubi semblent n’hériter que de strapontins ministériels. A l’aube de l’acte II du quinquennat Macron, les choses sont claires. C’est une ligne droitière et technocratique qui est revendiquée". Et d'ajouter: "est-ce à dire que, plus encore que ces dernières semaines, la politique se fera exclusivement à l’Élysée jupitérienne"?

La nomination de deux ministres issues du Modem, la sénatrice Jacqueline Gourault auprès du Ministre de l'Intérieur et la Maire de Mont de Marsan, Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'Etat aux Armées, ("deux femmes formidables" pour Marielle de Sarnez), met fin aux spéculations sur l'appartenance de la formation de François Bayrou à la majorité. Jacqueline Gourault fait partie de la garde rapprochée de François Bayrou. A décrypter la déclaration de l'ex-garde des Sceaux, qui "souhaite plus que tout la réussite d'Emmanuel Macron" mais qui "choisit la liberté de jugement et la liberté de parole", on comprend cependant qu'il restera un allié exigeant, et ... très présent auprès des députés Modem à l'Assemblée. François Bayrou va retrouver sa mairie de Pau et va s'attacher à montrer qu'"il n'y a pas eu d'emplois fictifs au MODEM". Et il y a fort à parier que le débat législatif sur la loi de moralisation de la vie publique aura pour arrière-plan celui sur la démission d'un ministre dès qu'il y a soupçon ...et souvent dénonciation. 

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