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BlackBerry, bouc-émissaire des émeutes anglaises ?
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A qui la faute ?

Accusé d'avoir facilité l'organisation des émeutes via sa messagerie BBM, le créateur de BlackBerry, RIM, vient d'annoncer sa collaboration avec les autorités britanniques.

Xavier Debbasch

Xavier Debbasch

Xavier Debbasch est co-fondateur et directeur général d'Airweb, une agence de conseil en communication mobile créée en 1999.

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ATLANTICO : Comment expliquer cette mise en accusation de BlackBerry dans l'organisation des émeutes en Angleterre ?

Xavier Debbasch : C'est finalement l'un des derniers moyens de communiquer sans que les conversations soient interrompues ou interceptables. Les conversations étant cryptées par les systèmes BlackBerry, contrairement à Twitter, à Facebook et aux autres réseaux sociaux, personne ne peut savoir ce qui se raconte, sauf les personnes abonnées entre elles.

Les messages transitent par une plateforme. Il n'y a pas si longtemps toutes ces plateformes étaient encore au Canada. Avant même que BlackBerry Messenger (BBM) n'existe, tous les mails transitaient par là. C'est pour cela qu'Obama a une version spéciale, dans laquelle ses messages ne passent pas par une plateforme en dehors des Etats-Unis

Le risque était que BlackBerry se fasse hacker par des personnes malveillantes qui auraient pu voir les conversations d'Obama ou des patrons d'Areva. C'est pour cela que de nombreuses sociétés ont interdit les BlackBerry à une époque. C'est une psychose. Aujourd'hui, si on laisse ses salariés utiliser ses mails sur Outlook ou Thunderbird, c'est sans doute beaucoup moins sécurisé que sur BlackBerry.

Pourquoi cette fonctionnalité présente-t-elle un attrait ?

C'est technologique. Ils reportent une partie de l'intelligence de traitement des mails dans leur système, et non dans le mobile. Par exemple, quand vous recevez une pièce jointe sur votre BlackBerry, vous voyez une image de cette pièce jointe et vous n'êtes pas obligés de la télécharger en entier. C'est un ensemble de petites choses qui font que regarder des mails sur un BlackBerry reste plus agréable que sur un autre mobile. C'est pour cela que cette plateforme existait. A l'origine, je ne peux pas croire que c'était pour écouter les conversations par mail de la planète.

Qu’en est-il de BBM, l’application de messagerie instantanée de BlackBerry qui aurait beaucoup été utilisée par les jeunes impliqués dans les émeutes anglaises ?

BBM a eu tellement de succès car il est né au moment où BlackBerry a sorti une gamme d'appareils pour les jeunes, qui s'est très bien vendue. Elle leur permet de communiquer sans surcoût, en se passant du canal SMS.

BBM est juste quelque chose de pratique, très utilisé par les jeunes, et sans doute par ceux impliqués dans les émeutes londoniennes. Contrairement à Twitter, on ne peut pas voir ce qui est écrit dans le fil d'un utilisateur, à moins d'être son ami. Les conversations ne sont pas publiques.

Est-ce que l'on peut imaginer que les Etats fassent pression sur BlackBerry pour que les serveurs par lesquels transitent les mails et BBM passent désormais par des serveurs installés dans chaque Etat ?

Tout à fait. S'il est vraiment confirmé que BBM a servi dans les émeutes de Londres, il se peut qu'ils le demandent. Il y a des solutions techniques qui ont été élaborées dans les pays du Moyen-Orient qui avaient posé problème l’an dernier, qui rendent possibles des interceptions.

Cela se fait déjà aujourd'hui pour le réseau mobile. Des outils permettent d'écouter une conversation ou de voir où se trouvent les gens. C'est très utilisé par la police dans ses enquêtes. On peut imaginer que les Etats demandent la même chose à BlackBerry.

BBM est une application de BlackBerry, mais maintenant il y a des milliers de boîtes dans le monde qui en développent aussi. S'il y a un jour trop de contraintes sur BBM, ils en utiliseront une autre, qui sera faite par une start-up américaine et qui aura 100 millions d'utilisateurs en deux mois. Et si un jour trop de contraintes viennent encadrer cette technologie, les utilisateurs basculeront sur une nouvelle application. Une sélection naturelle se fait. On ne peut pas réglementer tout.

Il se peut aussi que BlackBerry vende de moins en moins de mobiles, et qu'il devienne moins « hype » de l'utiliser. A ce moment là, ce sont les applications développées pour d'autres mobiles qui fonctionneront le mieux. Auparavant, tout ce qui tournait autour du mobile était très fermé et dépendait de ce que voulait bien proposer l'opérateur mobile. Un opérateur qui se risquerait aujourd'hui à bloquer telle ou telle application risquerait de perdre un grand nombre de clients. On ne peut pas arrêter ça.

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