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Elizabeth the Boss : dans les petits secrets des employés de la famille royale britannique
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THE DAILY BEAST

Les déplacements en avion privé peuvent sembler glamour, mais la faible rémunération, les réveils très matinaux et les exigences des maisons royales rendent la vie d'un serviteur du palais épuisante.

Tom Sykes

Tom Sykes

Tom Sykes est écrivain et journaliste, auteur du blog "The Royalist" pour The Daily Beast. Il a collaboré à de nombreuses publications, et a fait un passage au New York Post comme reporter nighlife et éditorialiste people. Il a écrit plusieurs livres, et a récemment aidé John Taylor de Duran Duran à écrire son autobiographie chez Dutton. Tom vit à Londres et en Irlande.

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Copyright The Daily Beast - par Tom Sykes

La reine d'Angleterre est à la recherche d'une nouvelle femme de ménage. Du moins, c'est ce que semble laisser comprendre l'offre d'emploi pour un nouvel "assistant d'entretien logé sur le lieu de travail", dont les fonctions comprennent "le nettoyage et l'entretien des intérieurs et de biens allant de tapis et meubles à des vases antiques et des tableaux irremplaçables". Le texte de l'annonce poursuit : "Il ne s'agit pas d'un travail d'entretien ménager courant. Vous travaillerez et vivrez dans de superbes lieux historiques, vous veillerez à ce que leur splendeur soit préservée pour vos collègues, les invités et, bien entendu, la famille royale". Il y a un hic, et prévisible quand on connaît la façon de faire de la famille royale : le salaire. Avec seulement 17 000 livres par an, heureusement que le logement est assuré. Le logement est également assuré pour le jardinier à recruter, qui semble redevable d'énormément de tontes de pelouses pour 16 500 livres par an.

Malgré ce salaire dérisoire, il est probable que le palais sera inondé de candidatures pour ces deux postes. Beaucoup sont attirés par la perspective de travailler pour la famille la plus célèbre du pays. Même si cela nous semble incroyable, beaucoup de personnes au Royaume-Uni sont prêtes à réduire énormément leurs exigences salariales pour le plaisir de tondre l'herbe et de faire la poussière au service de la monarchie, dans l'espoir de se voir gratifiées d'un sourire de Sa Majesté.

Côté salaire, la famille royale perpétue une longue tradition : historiquement, plus la famille est aristocratique, moins leurs serviteurs sont payés. La famille Cholmondeley, qui occupe le château Cholmondeley, près de Crewe, était célèbre pour les rémunération dérisoires offertes aux domestiques. Mais pour les employés, porter un uniforme prestigieux et vivre au château leur donne de l'importance. Ils sont donc, encore à ce jour, l'un des employeurs les plus recherchés dans le Nord du pays. Si vous aviez "passé du temps" avec les Cholmondeleys, vous pouviez, après quelques années, obtenir n'importe quel autre poste dans ce milieu.

C'est la même chose lorsque l'on travaille pour la famille royale de nos jours. C'est une autre des raisons pour lesquelles tant de gens sont prêts à accepter des salaires très bas pour travailler pour la reine ou sa progéniture (voir le cas de Darren McGrady, ancien chef cuisinier de la reine, qui fait à présent des conférences dans le monde entier).

Les domestiques permanents sont, pour certains, susceptibles de se trouver en présence de la famille royale dès les premiers jours de leur emploi. Mais être nommé à un poste de confiance entraînant des contacts réguliers est un saint-Graal. Ce fut le cas du chanceux serviteur qui avait pour mission de se tenir constamment à côté de la princesse Margaret, un cendrier à la main. En général, il faut attendre que l'ancien titulaire parte à la retraite ou meure pour espérer prendre sa place. Ce processus de longue haleine est connu dans les sous-sols du palais comme "prendre la place du mort". Les promotions peuvent donc prendre du temps.

Et ne vous laissez pas berner par cette histoire de "vivre dans un cadre historique" : le logement fourni au personnel de la maison royale est sans conteste historique et bien situé, mais il est loin d'être reluisant. Ryan Parry, journaliste du Daily Mirror, est devenu célèbre pour avoir lui-même obtenu un emploi de valet royal en 2003 avant de révéler de nombreux secrets royaux tels que l'habitude de la reine de stocker ses céréales du petit-déjeuner dans des boîtes Tupperware. Il décrivait sa chambre de domestique comme "basique... comme une chambre de cité universitaire : un lit, une armoire et un évier".

Comme dans de nombreuses grandes maisons britanniques, le personnel doit nettoyer les couloirs au sol couvert de moquette dans la matinée : il leur est interdit d'utiliser des aspirateurs avant 10 heures du matin afin de ne pas perturber le sommeil des membres de la famille. Le personnel est également tenu de raser les murs des couloirs plutôt que marcher en leur centre pour éviter d'user les fibres des tapis et moquette. Au vu du maigre salaire, des conditions de vie spartiates et la fascination insatiable pour la famille royale, il n'est pas surprenant que plusieurs domestiques aient vendu des secrets à la presse au cours des années.

Quand ils ont été révélés, ce fut avec grand fracas, comme dans le cas du majordome de Diana, Paul Burrell, ou celui du valet du prince Charles, Ken Stronach. Ken Stronach avait donné une interview au tabloïd News of the World en 1995 dans laquelle il décrivait les énormes crises de colère du Prince Charles. Il avait raconté un incident au cours duquel le prince Charles avait laissé tomber un bouton de manchette dans un lavabo lors de vacances dans le sud de la France.

Il aurait alors arraché le lavabo du mur et l'aurait mis en pièces pour retrouver le bouton de manchette manquant. Il s'en est pris ensuite à Ken Stronach, le saisissant à la gorge. Ken Stronach réussit à se libérer, et se précipita sur une porte vers ce qu'il pensait être une autre partie de la maison. Malheureusement, peu familier avec la configuration de la villa de vacances, il déboucha dans une armoire à linge, où il resta caché pendant une demi-heure jusqu'à ce que Charles soit calmé et quitte la salle de bain.

Ken Stronach a affirmé que l'une de ses fonctions était d'enlever les taches d'herbe que le prince faisait sur son pyjama lors d'escapades nocturnes avec Camilla Parker Bowles. "Il y avait de la boue partout", avait confié Ken Stronach au journal. "Ils avaient clairement fait des galipettes en plein air". La trahison de Ken Stronach était particulière parce qu'il était toujours au service de Charles lorsqu'il a fait ces révélations (il a été immédiatement suspendu, puis congédié).

Pour se venger d'avoir été obligé de dissimuler la liaison extraconjugale de Charles pendant plus de dix ans, il a aussi révélé que le prince dormait avec un ours en peluche.

Il est tout à fait possible qu'on ait demandé à Ken Stronach de faire toutes ces choses. Même après l'affaire des indiscrétions de Ryan Parry, les serviteurs sont souvent surpris par la rapidité avec laquelle on leur fait confiance. Une source qui a travaillé pour la famille royale m'a dit avoir été très étonné lorsqu'on lui a ordonné de prendre son passeport et d'embarquer à bord d'un jet privé royal deux jours seulement après son embauche.

Dans les différentes révélations à sensation qui font la Une des journaux, plusieurs serviteurs ont aussi dépeint leurs maîtres sous un jour plus positif. Paul Kidd, majordome royal de 1985 à 1992, a raconté avoir fait tomber de la sauce chaude dans le décolleté de la reine mère pendant un dîner. "Ses beaux yeux bleus sont devenus de glace", se souvient-il dans le documentaire Serviteurs royaux. Mais quand il a présenté ses excuses, Elizabeth a gracieusement répondu : "C'est moi qui suis désolée, Paul. En fait, je vous ai donné un coup de coude". Paul Kidd assure qu'elle ne l'avait pas touché.

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