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Corée du sud, économie, rebond, croissance
Corée du sud, économie, rebond, croissance
©Ed JONES / AFP

Adaptation face à la pandémie

Certains pays ont réussi à relancer leurs économies alors que d'autres nations sont toujours fortement impactées par les conséquences de la crise sanitaire. Un pays en Asie a connu des résultats particulièrement encourageants.

Pascal Dayez-Burgeon

Pascal Dayez-Burgeon

Pascal Dayez-Burgeon est historien et ancien diplomate.

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Atlantico.fr : Pourquoi la Corée du Sud a mieux réussi que les autres pays à relancer son économie alors que les autres pays se retrouvent toujours à lutter contre la covid ?

Pascal Dayez-Burgeon : Comme toujours en cas de crise, la Corée du Sud s’est doté d’objectifs stratégiques clairs. Le 1er : protéger la population contre le virus. Mettant à profit les habitudes prophylactiques des Coréens, très ancrées dans leur culture (le port du masque est courant et naturel) et l’expérience acquise durant l’épidémie de MERS en 2015 (syndrome respiratoire du Moyen Orient), le gouvernement a su imposer des mesures de traçage et de quarantaine qui ont réussi. Fin octobre, la Corée ne compte que 25 000 contamination et 450 décès. Le 2nd objectif a consisté à soutenir l’économie grâce à deux plans massifs. Un plan de relance de 55 milliards en juin, mettant l’accent sur les technologies numériques, robots et drones, et tirant profit de l’équipement du pays à la 5G depuis le printemps 2019, et un plan de relocalisation en juillet visant à rapatrier en Corée les entreprises fabriquant des composants et à réduire la dépendance du pays vis-à-vis du marché chinois.

Les exportations ont représenté environ 40% de l’économie. On y retrouve notamment des produits électroniques. Pourquoi y-a-t-il eu une aussi forte demande ?

Le miracle économique coréen repose depuis les années 70 sur les exportations qui représentent 50% voire davantage de son PIB. Le succès de ces exportations dépend, lui, de la capacité du pays à monter en gamme, c’est-à-dire à fournir des produits de plus en plus sophistiqués et de meilleur qualité que la concurrence. Depuis les années 2000, portée par des investissements les plus massifs au monde en R&D (3, 7% du PIB en 2019), cette stratégie a joué à plein dans le domaine de la téléphonie mobile. La crise sanitaire a donné un nouveau souffle au savoir-faire coréen qui monte aujourd’hui en gamme dans tout ce qui a trait à la robotique et à l’internet des objets qui est une manière d’éviter les contacts physiques. Sa force, c’est désormais les technologies « untact » c’est-à-dire qui protègent contre les contacts, potentiellement contaminants.

Les autres pays doivent-ils s’inspirer de la gestion et de la méthode de la Corée du Sud ?

Il n’est pas certain que le miracle économique coréen soit transposable. Il tient à une histoire (la volonté farouche de se reconstruire après la catastrophe totale qu’avait été la guerre de Corée), à la cohésion de sa population, très bien formée et acquise pour sa très grande majorité au libéralisme, et à un système qui repose sur une cogestion stratégique par l’Etat et les conglomérats sud-coréens (chaebols) comme Samsung (quasiment 20% du PIB national), Hyundai ou L.G.. Sa taille (Un 5° de la France en surface, 52 millions d’habitants), sa quasi insularité (le frontière avec la Corée du Nord est totalement hermétique) et sa capacité à surmonter les crises politiques et économiques font également la force de la Corée du Sud et lui sont propres.

Ce rebond économique de la Corée du Sud ne va-t-elle pas accentuer l’écart avec les autres pays ?

La Corée du Sud jouit depuis trois décennie d’un double différentiel avec le reste de l’Asie. Un différentiel de croissance qui tient à sa stratégie d’exportations, qu’il s’agisse de produits industriels classiques (automobile, machines-outils, construction navale), de produits numériques (portables, microprocesseurs) mais aussi de produits culturels (Korean pop, séries télévisées, cosmétiques) portée par la vague culturelle coréenne (hallyu). Mais aussi un différentiel politique qui contribue au consensus et à la créativité coréenne : depuis 1988, la Corée du Sud est, avec Taïwan, la seule véritable démocratie d’Asie. La mobilisation qui, fin 2016, a conduit à l’invalidation de la présidente Park l’a confirmé. Comme le pays est très impliqué dans les réseaux d’échanges mondiaux, notamment avec la Chine et les Etats-Unis, ce différentiel lui a jusqu’à présent permis de gagner des parts de marchés. Des réactions hostiles sont néanmoins perceptibles au Japon et en Chine, à l’encontre du hallyu ou du rapprochement avec la Corée du Nord. Portée par la crise économique de 2008 puis la crise sanitaire actuelle la montée des protectionnismes constitue une menace à laquelle la stratégie actuelle de montée en gamme numérique et de relocalisation vise à y répondre.

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