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Dupont de Ligonnès : le jour où Xavier perd brutalement la foi
©Thomas COEX / AFP

Bonnes feuilles

On croyait tout savoir sur l’affaire Dupont de Ligonnès. Tout, sauf l’essentiel : qu’est-il advenu de l’auteur présumé du quintuple assassinat de Nantes ? Extraits de "L’Affaire Dupont de Ligonnès : la secte et l'assassin" de Guy Hugnet, publié chez l'Archipel. (1/2)

Guy  Hugnet

Guy Hugnet

Guy Hugnet est un journaliste indépendante spécialisé dans les enquêtes scientifiques et les faits divers. Auteur d'enquêtes documentaires sur Omar Raddad et Guy Georges pour la série "Affaires criminelles" diffusée sur NT1, il publie Affaire Raddad : le vrai coupable (L'Archipel, 15 juin 2011).

 

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En 1995, Xavier perd brutalement la foi. Il a trente-cinq ans ; la fl amme sacrée qui brûlait dans son âme et éclairait son chemin soudain s’éteint. Le voilà seul, désormais, simple mortel égaré dans la nuit humaine. Aveugle et sans boussole. « Perdre la foi, écrit-il, est la pire des désillusions » qu’un homme puisse connaître ici-bas. Au fi l du temps, il donnera plusieurs versions sur les causes de ce tsunami intérieur. La plus importante, sans doute, est une soudaine prise de conscience : tout ce que sa mère lui a raconté depuis son enfance n’était que balivernes. Balivernes, les miracles et les saints, balivernes le gouvernement mondial, balivernes le Christ Roi et balivernes la place réservée au paradis avec les autres élus. Jusque-là, il n’avait jamais douté de ce que lui enseignaient les prêtres et ses parents1 . Il avalait tout sans avoir besoin de réfl échir ni de s’interroger. Or, brusquement, il comprend que tout est faux. Les révélations divines, l’existence d’un Dieu personnel, l’imminence de l’Apocalypse, le destin programmé. Tout. Sa mère avait créé un monde inexistant, un monde virtuel, son monde à elle, imaginaire, « le Message », et elle le lui avait fait accroire.

Bien que ses illusions s’eff ondrent d’un seul coup, il ne lui jette pas l’opprobre car elle était sincère, croyant ellemême à ses propres chimères. Il plaide en sa faveur : « Ma mère croit tellement à son monde imaginaire qu’elle ne m’a jamais menti. Elle ne m’a jamais fait croire en quelque chose qu’elle savait être faux1 . » Non, il ne s’est pas senti trompé. Néanmoins, il ne peut s’empêcher de se poser des questions. Pendant longtemps, il lui était impossible d’envisager que cette messagère, sa mère, puisse simuler, ou être folle2 . Pourtant, aujourd’hui, il interroge ses interlocuteurs sur un forum de discussions catholique : « Prendriezvous votre mère pour une sainte, une messagère, une âme privilégiée… ou une “dérangée mentale”… ? » Il doute.

L’enfant qui ouvrait de grands yeux émerveillés devant les attributs magiques des divinités et d’une pléiade de saints, cet enfant-là se réveille et meurt à lui-même à trente-cinq ans. Celui qui a toujours cru à l’authenticité des révélations divines de sa mère se dit désormais convaincu qu’il s’agit d’« eff ets cérébraux3 ». Sa vie est bouleversée. Il renonce au principe d’adoration qu’on lui a inculqué depuis son plus jeune âge, pour adopter l’esprit critique, l’esprit scientifi que qui, selon sa mère, porte la signature de Satan. Franchissant le Styx, le fl euve qui sépare la Terre des rivages de l’Enfer, il passe dans l’autre camp et devient du même coup l’instrument des Ténèbres. Xavier congédie la religion de son univers et déclare sa nouvelle fl amme à la science. Elle seule peut apporter des preuves susceptibles de nous sortir des élucubrations des pseudo-gourous et prophètes. Son esprit se nourrit dorénavant d’un rationalisme rigide, obsessionnel. La science lui tiendra lieu de boussole et remplira le vide existentiel créé par la perte de la foi.

"L’Affaire Dupont de Ligonnès : la secte et l'assassin" de Guy Hugnet, publié chez l'Archipel

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