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Un anti-américanisme en France ?
Un anti-américanisme en France ?
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Affaire DSK

Les nombreux commentaires qui ont accompagné "l'affaire DSK" dans les débats publics semblent indiquer le retour de l'anti-américanisme en France.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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On savait déjà le peuple américain susceptible d’élire pour président un homme pour lequel la France, terre du raffinement et de l’élégance, n’avait qu’un mépris tenace. Désormais, il n’y a plus de doute, les Etats-Unis sont un pays sauvage et bestial. C’est, en substance, l’image anti-américaine qui se dégage des commentaires sur l’affaire DSK et que dénonce la presse outre-atlantique.

Premier reproche fait aux Américains : de nombreux intervenants, comme Bernard-Henri Lévy, regrettent que DSK soit traité comme s’« il était un justiciable comme un autre ». Personnage international, influent et respecté, le probable candidat à la primaire socialiste française, aurait dû faire l’objet d’un traitement de faveur. Ainsi, il ne fallait pas laisser photographier l’ancien Directeur général du FMI sortant du poste de police de New York. Pourtant, il semble que cette procédure – pour regrettable qu’elle puisse nous sembler –  est commune à tous aux États-Unis (personne ne s’était vraiment ému des images de Bernard Madoff menotté, au demeurant). On en oublierait presque que notre Déclaration des droits de l’Homme précise que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit » et que la loi « doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse ».

Ensuite, de manière récurrente, les discours dénoncent une justice qui dysfonctionnerait. Tout cela est un peu court. Dominique Strauss-Kahn aura l’occasion de se défendre (il a d’ailleurs fait appel à l’un des meilleurs avocats qui existent), dans le cadre d’une procédure contradictoire qui lui confère, à lui aussi, des pouvoirs. Que le système judiciaire américain nous soit relativement inconnu, c’est une chose. Qu’il soit une machine à condamner les innocents, c’en est une autre qui n’est pas démontrée.

Certains esprits malins pourraient relever que, dans cette affaire, les médias et les politiques se précipitent pour défendre celui qui leur apparait comme la principale victime, oubliant peut être un peu rapidement qu’une femme prétend avoir été violée. A l’exception de Clémentine Autain, personne ne semble avoir de considération pour elle. Pire, certains commentent l’importance démesurée que les États-Unis accorderaient à ce genre de crimes, comme si, en France, tout cela était moins grave !

Les événements que traversent actuellement DSK, et une grande partie des Français avec lui, sont certainement un choc profond. Avec eux, c’est probablement une partie d’un rêve de changement politique qui disparaît. La chute, du FMI à la prison de Rikers Island, est terriblement brutale. Elle suscite incompréhension, déception et colère. Les tourner contre les États-Unis ne sert à rien, surtout si cela revient à renier des principes fondamentaux de notre démocratie.

Aujourd’hui, rien de ce qui a été dévoilé ne permet d’affirmer la culpabilité de Dominique Strauss-Kahn. Rien ne permet non plus de conclure à son innocence. En réalité, c’est à la justice américaine d’en décider. Faisons lui confiance pour le faire en toute impartialité.

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