Hécatombe chez les super-centenaires : pourquoi le titre de doyen de l'humanité ne cesse de valser

Gertrude Weaver a été la personne la plus âgée de la planète jusqu'au 6 avril dernier. Pendant les 5 jours qui ont fait d'elle la doyenne de l'humanité, cette femme de 116 ans pensionnaire d'une maison de retraite de l'Arkansas (Etats-Unis), a été sollicitée pour des dizaines d'interviews téléphoniques et apparitions télévisées, réalisées avec l'aide de sa petite fille… âgée de 73 ans.

Depuis la création de ce record dans les années 1950, il apparaît que de plus en plus de personnes sont entrées dans le cercle très fermé des doyens de l'humanité au cours des 15 dernières années, mais celles-ci vivent moins longtemps qu'au milieu du XXème siècle. Au regard des statistiques, Gertrude Weaver a détenu le titre pour une période relativement courte. Depuis les années 1950, le doyen de l'humanité vivait en moyenne aux alentours d'un an. Depuis les années 2000 cette moyenne est descendue à tout juste 7 mois. 

A sa mort, Weaver était officiellement la 7ème personne à avoir vécu le plus longtemps. La femme qui avait occupé la marche précédente était la japonaise Misao Okawa, décédée juste après son 117ème anniversaire. Au cours des 15 dernières années, personne n'a égalé la longévité de la Française Jeanne Calment qui a été la doyenne de l'humanité pendant 9 ans, jusqu'à sa mort à 122 ans en 1997. Gertrude Weaver n'est d'ailleurs pas la plus éphémère doyenne de l'humanité :  en 2007, Emma Tillman, une femme originaire de Caroline du Nord, est décédée seulement 4 jours après l'obtention de son titre. 

Les supercentenaires (personnes vivant au-delà de leur 110ème anniversaire) ont souvent profité d'une meilleure condition physique et mentale que les autres entre 80 et 90 ans, à l'image de Gertrude Weaver qui a intégré une maison de retraite à seulement 109 ans. A une époque où la guerre touche de manière moins directe les populations, au même titre que les maladies infectieuses et les accidents, de plus en plus de personnes arrivent à vivre jusqu'à un âgé très avancé. Par ailleurs, 90% de ces supercentenaires sont des femmes. Selon les scientifiques, ceci s'explique par la différence des chromosomes X entre les hommes et les femmes.

Selon les statistiques du Groupe de recherche en gérontologie, un organisme américain relayé par le site FiveThirtyEight, il y aurait à travers le monde environ 50 supercentenaires. Seules les personnes nées au XIXe siècle sont comptées dans ces listes, qui délaissent certainement ceux qui ne disposent pas de preuves de naissance valides. 

Selon Robert Young, spécialiste des supercentenaires, une majorité d'entres-eux réside aujourd'hui au Japon et aux Etats-Unis, et la chute de leur longévité s'expliquerait par l'augmentation du nombre de personnes très âgées, dont le décès survient en moyenne à 114 ans. D'après Young, de nombreux supercentenaires seront bientôt comptabilisés officiellement à travers le monde grâce à l'amélioration de la collecte de données. L'actuel doyen de l'humanité est Jeralean Talley, un habitant du Michigan, âgé de 116 ans.