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Dopage : pourquoi le football aurait bien besoin d’une enquête à la hauteur de celle de l’ONG américaine ayant révélé le scandale Volkswagen
©wikipédia

Omerta

Dans "La chute des idoles" publié aux éditions Michalon, l'auteur, Arnaud Ardoin, revient sur l'envers du décors en matière de football, ses mensonges et le poids de l'argent, autour d'une thématique essentielle mais trop souvent passée sous silence : le dopage.

Arnaud Ardoin

Arnaud Ardoin

Journaliste reporter de télévision sur la Chaîne Parlementaire Assemblée Nationale (LCP-AN), Arnaud Ardoin anime et coordonne l’émission quotidienne « Ça vous regarde » traitant de tous les sujets de société. Après être passé par France 2, France 3, M6, il a aussi réalisé plusieurs documentaires et magazines TV.

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Atlantico : A travers l'histoire touchante et dramatique de vos deux personnages, Patrick et Christophe, que souhaitiez-vous dénoncer ? Quelle était la motivation principale de votre livre?

Arnaud Ardoin : Au départ de ce projet de livre, je ne voulais pas forcément dénoncer, mais plutôt raconter une histoire qui mêle deux destins à première vue, très éloignés ! C’est lorsque je suis arrivé à la fin de la rédaction, que j’ai découvert que ce roman dévoilait le côté sombre d’un sport aimé par des millions de français. Sport que j’ai pratiqué et que j’apprécie aussi.

A l’origine, je trouvais intéressant d’utiliser le football comme décor de ma narration pour parler de l’ambition, de la réussite, des choix que la vie nous oblige à faire, souvent à notre insu.  Le football est l’incarnation de tout cela à la fois. Il incarne le rêve, le mensonge, le vice, il est le miroir parfait de notre société moderne.

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Que représente chacun de ces deux personnages pour vous ? 

Christophe est l’archétype du footballeur, issu d’une famille modeste qui trime au travail. Réussir au football  pour la génération de Christophe, c’était comme réussir grâce à la boxe 20 ans plus tôt …

Pour ce gosse, c’est sortir de sa condition familiale et éviter de suivre la trace de son père ou être obligé d’exercer son métier d’ouvrier.

Dans le roman, Patrick Carlotti, aujourd’hui directeur d’une agence bancaire en province, utilise le football pour se construire contre son modèle familial. Père militaire, mère prof de math, ses parents ne rêvent pas de football pour leur fils et pourtant il a choisi cette vie, pour devenir lui aussi un joueur professionnel. Un destin brisé par vilaine blessure au genou. Pourquoi son genou a lâché si près du but ?  Il n’en connaît pas la cause. C’est un élément central dans le roman. Sa quête de la vérité.  

A travers l'histoire de Christophe et de son dépérissement, quelles accusations portez-vous particulièrement ?

Il y a d’un côté la mort annoncée de Christophe atteint par la maladie de Charcot, et puis de l’autre les souffrances de Patrick, qui reste accroc aux bétabloquants pour soulager sa douleur au genou, des drogues qui lui font oublier que sa carrière n’a pas suivi pas le chemin dont il rêvait … Christophe nous dévoile avec ses mots la manière dont les joueurs sont traités, « pas mieux que du bétail » dit-il dans un chapitre. On ne lui parle jamais de dopage, on lui parle de médicaments, on lui parle « préparation ».

Il n’a aucune connaissance de ces sujets, il est juste là pour taper dans la balle et jouer au foot.  Et lorsque Patrick, le banquier, est sur le point de devenir le directeur technique d’un club de province aux portes de la ligue 1, il est finalement prêt à accepter tous les sacrifices dont celui d’intégrer un agent véreux, fournisseur des plus grands clubs en médicaments venus de laboratoires artisanaux, installés dans les Balkans. Que sommes-nous prêts à accepter pour nourrir nos ambitions, voilà la question que pose ce livre aux lecteurs …

Vous êtes particulièrement sensible au dopage au sein du football, pourquoi ?

Le dopage dans le football est par essence le sujet le plus tabou. Les enjeux financiers sont tels que ce sujet n’est jamais abordé par les chaînes de télévision. Et pourtant le procès de la Juventus de Turin que j’évoque dans le roman n’a abouti à rien.  Les rumeurs de dopage de certains joueurs français lors la coupe du Monde 2002, étouffées, jamais approfondies. Or, il n’y a pas que le cyclisme qui est touché par ce fléau.

Jusqu'à quel point le tabou du dopage au sein du football peut-il durer ? Un événement particulier peut-il ouvrir le débat et briser l'omerta ? 

Question importante ! J'ai voulu écrire un roman avant tout ayant pour toile de fond le football... Décrire un univers où le mensonge, la triche, le vice, règnent en maître. C'est vrai que je n'ai pas choisi ce sport au hasard ; si le cyclisme est le sport où le dopage a été particulièrement médiatisé, le football lui a toujours échappé aux enquêtes des journalistes. Il y a eu des suspicions sur des joueurs français comme Zidane ou Deschamps qui ont joué en Italie ! 
Je ne suis un expert en dopage, la chute des idoles est une fiction. Mais je crois que ce qui pourrait faire prendre conscience du drame, c'est qu'une enquête d'une organisme indépendant dévoile l'ampleur du désastre un peu comme l'ONG américaine l'a fait pour Volkswagen.

Pourquoi avez-vous choisi de vous exprimer à travers le format d'un roman ?

La littérature doit s’emparer des sujets forts de notre société. Elle ne doit pas selon moi être coupée du monde, de ses réalités, de ses contradictions. C’est d’abord un roman, ce n’est pas à livre à clés … Christophe,  je ne l’ai jamais rencontré, Patrick non plus.

Ce sont des personnages de fiction qui je crois, en disent plus que s’ils avaient existé vraiment. Souvent la fiction permet d’en dire plus en toute liberté. 

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