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DSK : on est passé à côté d’un condensé des affaires Bruay en Artois, Markovic et Dreyfus
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Ne pas hurler avec les loups

Le jour même de la diffusion de l’information de l’arrestation de Dominique Strauss Kahn, Philippe David, l’un des contributeurs d’Atlantico soulignait en quoi il convenait de « ne pas hurler avec les loups ». Dans l’affaire de la suite 2806 du Sofitel, tous les ingrédients étaient là pour précipiter une réaction médiatico-politique explosive.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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Il y a des jours où on ressent une certaine fierté de soi-même. Au risque de paraître pédant, cela est le cas depuis les dernières révélations dans l’affaire DSK dont j’avais, dès le jour de son arrestation, indiqué sur Atlantico le peu de crédibilité qu’elles avaient à mes yeux.

Les informations de ces dernières 48 heures ayant abouti à la fin de l’incarcération à domicile de DSK il convient en effet de se poser les bonnes questions concernant cette affaire et la culpabilité annoncée de l’ex-patron du FMI.

Outre les remarques déjà faites, quelques constatations parmi les plus évidentes viennent désormais à l’esprit.

Constatations parmi les plus évidentes

Tout d’abord, les caméras qui montraient une femme de chambre sortir affolée après le viol dont elle aurait été victime n’existaient pas puisque cet étage de l’hôtel n’était tout simplement pas équipé de caméras de vidéo surveillance. On attend d’ailleurs toujours les images montrant DSK régler précipitamment sa note à la réception en ayant l’air affolé.

Ensuite, comment expliquer qu’un homme qui vient de commettre un viol parte tranquillement déjeuner avec sa fille avant de s’en aller tout aussi tranquillement à l’aéroport où, s’apercevant qu’il a oublié un de ses portables sur le lieu où il a commis ce viol, appelle le lieu où il a commis son crime en indiquant l’endroit où il se trouve et le vol qu’il doit prendre pour qu’on lui ramène ce portable malencontreusement oublié ?

Comment expliquer, si cette femme est si innocente que ça, qu’elle ait dit à un de ses amis - dont certaines sources disent même qu’il pourrait s’agir d’un homme qu’elle aurait épousé religieusement- incarcéré pour trafic de drogue (180 kilos de marijuana bref pas un petit dealer) le lendemain de son agression : « Ne t’en fais pas, le mec a plein d’argent, je sais ce que je fais » ?

Reflet de la société française

Cependant, une fois de plus fier de ne pas avoir hurlé avec les loups, je tiens à faire remarquer que cette affaire reflète parfaitement la dérive binaire, pour ne pas dire manichéenne, de la société française qui ressemble de plus en plus à la société américaine dans laquelle il y a ou le bien ou le mal.

Ainsi, dans l’époque formidable que nous vivons, DSK devait être coupable parce que homme, parce que blanc, parce que riche (et peut-être aussi parce que juif quand on connait les antagonismes existant entre les communautés juive et noire aux Etats-Unis) tandis que Nafissatou Diallo parce que femme, parce que noire et parce que pauvre (enfin pas tant que ça en regardant ses comptes en banque sur lesquels 100 000 dollars auraient été déposé depuis 18 mois) devait être innocente. Présumé coupable par nature pour lui, présumée victime par nature pour elle, drôle de sens de la justice.

Cette affaire vue par l’ensemble de la planète est peut être tout à la fois un condensé des affaires Markovic (pour le sexe), Bruay en Artois (le riche est automatiquement coupable, le pauvre est automatiquement victime) et Dreyfus (pour la mise en cause d’une personne à mon avis innocente et pour les remugles de communautarisme et d’antisémitisme que cette affaire à fait ressurgir).

C’est bien pour tout ça que je suis très fier de ne pas avoir hurlé avec les loups.

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