Dix choses utiles à savoir si vous vous retrouviez face à un terroriste<!-- --> | Atlantico.fr
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Il faut quitter les lieux le plus vite possible pour éviter de se trouver pris en otage.
Il faut quitter les lieux le plus vite possible pour éviter de se trouver pris en otage.
©Reuters

Les gestes qui sauvent

Face à un acte terroriste, on pense souvent qu'on ne peut rien faire. Pourtant, il existe un certain nombre de comportements fortement recommandés pour tenter de sauver sa vie.

Christophe  Caupenne

Christophe Caupenne

Christophe Caupenne a été commandant de police, chef du groupe « Gestion de crise et négociation » et coordinateur National des négociateurs de la police nationale au sein de l'unité d'élite du RAID. Il a participé à de nombreuses recherches sur les questions de sécurité et de négociations. Il dirige aujourd'hui la société Caupenne Conseil. 

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Atlantico : Suite aux attentats de vendredi dernier et face au danger de la menace terroriste qui persiste, la question se pose largement de savoir quel comportement adopter face à un terroriste. Quels conseils donneriez-vous ?

Christophe Caupenne : La réponse à cette question est extrêmement délicate car cela va dépendre des circonstances dans lesquelles on se trouve.

(Conseil n°1) Premièrement, s’il y a possibilité de fuir de la zone dans laquelle se passe l’action terroriste et que l’on peut le faire sans danger, il faut le faire très rapidement. Il faut quitter les lieux le plus vite possible pour éviter de se trouver pris en otage.

(Conseil n°2) Ensuite, Il faut aussi essayer de mémoriser le maximum de choses. Il existe en effet une fonction psychologique liée au fait de faire une action utile. Lorsqu’il y a une attaque terroriste, on est totalement désarmé. En tant que victime, on a souvent un seul recours, celui de s’enfuir ou être tétanisé sur place. Dans ce cas on ne comprend pas pourquoi on n’a pas pu s’enfuir. C’est une réaction liée au stress. Donc si vous avez eu la possibilité de mémoriser un maximum de choses, cela commence à vous sauver un peu psychologiquement. Vous avez l’impression d’avoir pu faire quelque chose d’utile, malgré tout. C’est donc un élément très important et qu’il faut rappeler. Ce processus de mémorisation est d’autant plus nécessaire qu’il va aussi servir à donner des informations à la police, ce qui sera utile pour l’enquête et les forces d’intervention.

(Conseil n°3) De même, il ne faut pas forcément aider les gens qui sont blessés. Même si ce comportement paraît horrible, il faut avant tout fuir la zone. Les personnes qui ont été blessées le sont souvent lourdement et si elles ne sont plus valides et ne peuvent plus marcher, il vaut mieux éviter de les toucher et avertir le plus vite possible les forces de l’ordre. (Conseil n°4) Ceci constituera à nouveau un acte utile. Plus on va avertir vite sur le lieu où se trouve le terroriste, sur le nombre d’otages et sur le nombre de victimes, plus ce sera utile aux forces de l’ordre.

Enfin, il faut être bien conscient qu’on ne doit pas rester seul par rapport à ces événements. Le traumatisme est en général très profond. On est face à ce que l’on appelle de l’effroi, à la peur de mourir. Et dès lors que l’on subit cette peur de mourir, il faut aller voir un spécialiste de la psychologie afin de pouvoir ventiler ce que l’on vient de vivre. On ne peut pas s’en sortir tout seul, tout aussi fort que l’on puisse se sentir a priori.

>>>>>>>>>>> A voir aussi : la vidéo officielle du site videosdepolice.com montrant les bons réflexes à avoir en cas d'attaque terroriste en cliquant ici.

Dans le cadre d’une fusillade, quels sont les réflexes à avoir ?

(Conseil n°5) Si l’on est juste à côté du tireur et que notre psychisme nous autorise à donner l’assaut, sauter sur la personne peut permettre de le désarmer. Mais ce n’est pas un conseil à suivre dans n’importe quelles conditions. Il faut se trouver à côté du tireur et avoir la possibilité de se jeter dessus. C’est heureusement ce qui s’est passé dans le Thalys. Mais je n’incite pas pour autant à sauter sur les terroristes. Il faut aussi avoir la possibilité psychologique et la force de le faire.

Et si des coups de feu sont tirés ?

(Conseil n°7) Il faut se mettre derrière ce que l’on appelle des obstacles à forte résistance comme des murs porteurs, une table en chêne, un meuble quelconque, un pilier en fer, etc. Bref, il faut trouver quelque chose qui permette de créer un écran entre le tireur et nous.

(Conseil n°8) Il est aussi très important de faire le mort. Si l’on est au milieu des cadavres, il ne faut pas bouger et attendre que l’individu soit parti. Lui, il voit du sang partout et il n’est pas capable de discerner qui a été tué et qui ne l’a pas été.

Face à une kalachnikov, comment sait-on quand le chargeur est vide et de combien de temps dispose-t-on ?

(Conseil n°9) A partir du moment où l’on voit le terroriste manipuler la culasse d’armement, on peut comprendre qu’il y a un problème. Quand le chargeur est vide, la personne a arrêté de tirer en règle générale et elle s’apprête à changer de chargeur. Cette opération peut aller très vite si la personne est bien entraînée. En 30 secondes, le chargeur peut être changé -  ce qui peut laisser le temps de fuir dans certaines circonstances.

En cas d’explosion, quels sont les gestes qui sauvent ?

(Conseil n°10) Les blasts – les surpressions dues à une explosion – sont très dangereux car les organes proches de l’explosion peuvent se disloquer à l’intérieur. On conseille donc dans ces cas-là d’ouvrir la bouche pour éviter les problèmes de surpression. Mais il faut s’attendre bien évidemment à avoir les tympans crevés et à subir un effet de souffle.

Peut-on vraiment mettre ces conseils en pratique, tant ces instants peuvent être effroyables ?

Je pense qu’il est très important d’évoquer ce genre de conseils car il faut absolument s’enlever de l’idée que l’on ne peut rien faire. Certains comportements sont "facilitateurs" dans ce type de situations.

Par ailleurs, bon nombre de gens m’ont dit après coup qu’ils n’avaient pas su quoi faire. Donc je pense que la prise de renseignements sur la conduite à adopter dans ces cas-là est utile.

Néanmoins, il ne faut pas culpabiliser les personnes qui ne vont pas être capables de mettre en œuvre ce type de conseils. 

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