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Le deuxième procès Ben Ali 
ne passionne pas les Tunisiens
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Bis repetita

Toujours réfugié en Arabie Saoudite avec sa femme Leila Trabelsi, Ben Ali est jugé à nouveau lundi. Il est accusé cette fois de trafic et consommation de stupéfiants. Mais cette multiplication de procès a tendance à affaiblir l'intérêt des Tunisiens.

Nicolas Beau

Nicolas Beau

Nicolas Beau est journaliste. Après une longue carrière au Canard enchaîné, émaillée de nombreux scoops, il est l'auteur de plusieurs best sellers, dont La Reine de Carthage (La Découverte, 2009).

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Atlantico : Pourquoi juger Ben Ali et sa femme en plusieurs fois ?

Nicolas Beau : Ce second procès a été retardé parce que les Tunisiens sont très formalistes, malgré leurs dictatures successives. Les avocats de Ben Ali avaient trouvé une astuce légale pour le reporter. Je pense que le président du tribunal l’a accepté pour ne pas voir l’air de ne pas respecter le cadre légal.

Il s’agit dans chaque procès de délits différents. Avec l’accusation de trafic de stupéfiants, il risque une très grosse peine.

Il y a des dizaines de dossiers en cours, traités au compte-gouttes. Sur le plan international, ce n’est pas très bon pour l’image de la Tunisie, en donnant l’impression de procès bâclés. Ce qui n’est pourtant pas le cas. Mais cela aurait eu sans doute plus d’allure s’ils l’avaient jugé en une seule fois, pour tous les griefs qu’ils avaient à lui reprocher, à commencer par le plus grave, c’est-à-dire les ordres qu’il est soupçonné d’avoir donnés pendant les manifestations de décembre et janvier.

Ces premiers procès sont aussi les plus faciles à juger. Ils sont là pour donner satisfaction, au moins symboliquement, à l’opinion.

Pourtant, l’opinion tunisienne n’a pas l’air franchement passionnée par ce nouveau procès…

Ben Ali et sa femme ne sont pas là. Ce procès leur semble donc très abstrait. Vu de là-bas, on aurait presque l’impression que l’opération fait pschiiit. Ils devraient redemander des conseils à Anne Méaux pour leur communication ! (sa société, Image 7, comptait la Tunisie de Ben Ali parmi ses clients, NDLR)

La presse a fait des gros titres sur la première condamnation de Ben Alu à 35 ans de prison, mais il n’y a pas eu d’édito vengeur.

De plus, les chiffres affichés ne rendent pas toujours les procès très plausibles. Il était par exemple reproché à Ben Ali, entre autres, d’avoir augmenté son traitement de président de 2 000 à 20 000 dinars. Cela représente 10 000 euros, ce qui semble pourtant assez raisonnable pour un chef d’Etat !

En revanche, sa femme, Leila Trabelsi, déchaîne toujours autant les passions…

Effectivement, si sa femme était extradée, on assisterait sans doute à un déferlement. D’ailleurs, la chaîne privée Nessma, qui appartient à Tarek Ben Ammar, va diffuser cinq émissions de 52 minutes sur elle, où à mon avis ils vont la piétiner allègrement avec des témoignages plus ou moins recoupés. C’est la chasse à la sorcière. Ça marche.

Si elle était jugée, cela déchaînerait vraiment les passions, surtout si c’était pour des choses plus graves que d’avoir accaparé du liquide ou sniffé un peu de cocaïne.

Est-ce que l’ex-couple présidentiel a des chances d’être extradé en Tunisie ?

J’ai eu des informations selon lesquelles ils feraient pressions sur les Saoudiens pour extrader Ben Ali. Mais a priori, ce n’est pas leur genre d’extrader un ami, et de toute façon ce sont les Américains qui décideront. 

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