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Démission des ministres battus 
aux législatives : une « tradition » 
inutile et perverse
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EDITORIAL

Le risque est grand pour les ministres qui se présentent aux législatives, si bien que certains ont préféré rester en dehors de ce grand rendez-vous démocratique qui se profile plutôt que de commencer à ranger leurs petites affaires à peine sorties des cartons.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Les membres du gouvernement Ayrault sont prévenus : s’ils ne l’emportent pas le 17 juin prochain, ils devront quitter leur poste. Sur un plan législatif, rien ne les y oblige mais cette sorte de double peine inventée en son temps par François Mitterrand est devenue une « tradition démocratique » au fil des mandats. Si les présidents de la République qui se sont succédés depuis 1995 n’y ont pas tous souscrit, l’on se souvient que dès le début du mandat de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, ministre d’Etat du gouvernement Fillon, se sentit obligé de s’effacer après sa défaite aux législatives de juin 2007. Il revint pourtant par la grande porte fin 2010, en qualité de ministre de la Défense puis des Affaires étrangères et quasi bras droit du Président sans avoir entre-temps reconquis sa circonscription. Paradoxe, quand tu nous tiens…

Plusieurs personnalités choisies par l’actuel tandem de l’Exécutif pour leurs compétences dans le secteur dont ils ont hérité risquent de devoir lâcher leur portefeuille dans un mois. Sont, entre autres, concernés, Pierre Moscovici, ministre de l’Économie et des Finances, en danger dans le Doubs, Aurélie Filipetti, ministre de la Culture, qui s’attaque à un gros morceau en Moselle, ou Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, pas sûre de s’en sortir en Indre-et-Loire. Outre que l’on ne comprend pas en quoi le fait d’être sanctionnés électoralement dans leur territoire les disqualifie comme ministre, le système recèle sa part de perversion : certains, implantés dans des circonscriptions de gauche et assurés d’être élus dans un fauteuil, se verront confirmés au sein de l’équipe Ayrault II, tandis que leurs collègues partant vaillamment à l’assaut de bastions imprenables  seront virés sans ménagement. Du coup, quelques petits malins ou malignes – citons Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits de la femme et porte-parole du gouvernement – ont préféré rester en dehors du grand rendez-vous démocratique qui se profile plutôt que de commencer à ranger leurs petites affaires à peine sorties des cartons !

Cette équipe que François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont mis tant de temps à peaufiner sera peut-être, partiellement décimée dans quelques jours. Peut-être même perdra-t-elle quelques uns de ses meilleurs éléments. Tout cela au nom d’une règle non écrite que le courage politique revendiqué par le chef de l’Etat aurait dû conduire à abroger.

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