Déconfinement : Forte reprise attendue mais risque de pénurie d’emplois. Les restos et les théâtres ne seront pas prêts<!-- --> | Atlantico.fr
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Une manifestation de divers secteurs économiques pour protester contre la fermeture d'entreprises jugées « non essentielles » à Marseille en novembre 2020.
Une manifestation de divers secteurs économiques pour protester contre la fermeture d'entreprises jugées « non essentielles » à Marseille en novembre 2020.
©CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

Atlantico Business

Les chefs d’entreprise s’attendent à une reprise très forte de l’activité économique dès le mois de septembre. Mais les restos comme les théâtres mettront du temps à rouvrir. Par ailleurs, la France, qui craint le chômage, va se retrouver face à un risque de pénurie d’emplois. Un comble.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Cette pandémie terrible va décidément continuer à nous réserver des surprises. Personne n’avait prévu l’arrivée de ce virus et surtout la mise à genou de l’économie mondiale... Voilà qu’à la veille du déconfinement, les entreprises estiment que la reprise de l’économie peut être euphorique mais va révéler des pénuries d’emplois alors que tous les restaurants et les théâtres ne pourront pas ouvrir très rapidement.

La très grande majorité de l’opinion est satisfaite du déconfinement, les décideurs, c’est-à-dire les chefs d’entreprise, pensent que l’économie va rebondir dès cet été, un peu comme l’année dernière à la même époque où on avait assisté à une véritable euphorie entrainée par le moteur de la consommation. Et c’est très logique, tout le monde est fatigué par l’enfermement et l’impossibilité de sortir. Tout le monde espère aller au café ou au restaurant, tout le monde veut voyager et s’amuser.

D’ailleurs, Paris, depuis lundi où l’on a supprimé la limite des 10 kilomètres, a retrouvé son allure d’avant. Avec la circulation, les embouteillages... Et l’impression que tout est reparti.

Toutes les professions qui étaient éteintes, les restos, les commerces non essentiels, les théâtres, les campings, les agences de voyage s’agitent et se préparent à accueillir les clients. Dès le 19 mai, on pourra donc rouvrir avec un couvre-feu repoussé à 21 heures. Avec en perspective, dans le courant du mois de juin, on sera complètement déconfinés sous certaines conditions sanitaires.

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Cela dit, beaucoup de professionnels concernés par le déconfinement considèrent qu‘ils ne pourront pas respecter le calendrier. Beaucoup de restaurants, de magasins et de théâtres ont annoncé d’ores et déjà qu’ils ne pourront pas ouvrir avant le mois de septembre, au plus tôt. Pour des raisons très simples. Compte tenu de la situation sanitaire et des restrictions, ces professionnels ont fait leurs comptes : ils n’auront pas intérêt à ouvrir parce que leur activité ne sera pas rentable. Notamment dans les grandes villes. Notamment à Paris. Trois séries de raisons.

1ère série de raisons : les touristes ne seront pas là. Pas encore. Les touristes chinois et américains ne vont pas venir en France. Or, beaucoup de commerces, d’hôtels et de restaurants vivent grâce aux touristes étrangers. Les voyages ne seront pas rétablis, ou alors avec des restrictions qui vont les rendre difficiles.

2e série de raisons, on va imposer des jauges de fréquentation. D’abord sur les terrasses, ensuite dans les salles. Tous les restaurants qui n’ont pas de terrasses, les 2/3, ne vont pas ouvrir le 19 mai. Les hôtels, qui avaient déjà ouvert avant sans restaurant vont continuer, mais beaucoup ne vont pas rouvrir.

Pour le théâtre, tout va dépendre de la jauge, c’est à dire du nombre de spectateurs autorisés. Un restaurant, une salle de cinéma ou de théâtre et même un stade doivent être plein à 80 % pour payer les frais. La jauge sera inférieure à 80%, sans doute aux alentours de 50% de la capacité. La majorité des théâtres privés ne vont pas ouvrir. Ils n’ont aucun intérêt à le faire. Ils perdraient de l’argent. Ils vont donc négocier le maintien de leurs aides publiques.

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3e série de raisons : il faut s’organiser. Dans le commerce non essentiel, il faut reconstituer les stocks d’été, mais aussi essayer de liquider les stocks d’hiver qui n’ont pas été vendus.

Il faut donc renouer des accords avec les fournisseurs et rattraper le personnel, ce qui va être très difficile dans la restauration notamment. Une partie de ce personnel a profité du chômage partiel pour s’organiser des formations de reconversion. Phénomène intéressant, le chômage partiel ou le télétravail dans des conditions souvent difficiles, ont été des catalyseurs de changement. L’envie de changer de vie et de travail est passée à l’acte. Tout cela fait que le déconfinement va mettre du temps.

Ces freins, qui sont serrés dans les commerces confinés trop longtemps, ne vont pas compromettre la reprise économique de la rentrée.  Le système économique a montré jusqu'à maintenant qu‘il était très résilient et capable de s’adapter. Dans les rues de Paris et dans les grands hôtels, mais il y en aura beaucoup sur la côte bretonne ou dans le midi. Tous les commerces et les restaurants qui sont installés dans les lieux de vacances vont fonctionner, les campings aussi.

En revanche, il existe des facteurs de risques qui peuvent retarder cette reprise.

D’abord, l’éventualité d’une 4e vague n’est pas à exclure, personne n’est capable de le dire compte tenu de la menace des variants qui peuvent, eux aussi débarquer, sans avoir été invités. La campagne de vaccination, qui s’est accélérée, peut ne pas être suffisante pour garantir l‘immunité collective. Et

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l’usage du passeport sanitaire, qui sera obligatoire pour voyager, peut ne pas être supporté dans le vie quotidienne. Les freins idéologiques sont très forts. Or, la confiance ne peut revenir que si et seulement si on combine 3 outils : la vaccination, les tests et le passeport sanitaire qui permettront de voyager sans craindre la contamination de ceux qui seraient porteurs du virus.

Ensuite, on peut assister à une vague de faillites d’entreprises qui peuvent hypothéquer le moral dans certaines régions. Oui ! Ceci dit, tout va dépendre du rythme avec lequel les Urssaf vont chercher à récupérer les impayés de charges sociales.

Quoi qu’il en soit, il est probable que la classe politique et médiatique aient surestimé la gravité de la crise économique. La crise est une crise sanitaire qui a eu des effets sur l’économie, en empêchant le système de fonctionner, mais cette crise sanitaire n’a pas détruit les moteurs de l’activité.

Les entreprises ont fait preuve d’une incroyable capacité de résistance et d’adaptation, le gouvernement a beaucoup soutenu les trésoreries d’entreprises (par le fonds de solidarité et les PGE, les Prêts garantis par l’Etat) et les entreprises qui vont mourir à l’issue du Covid étaient malades avant la crise sanitaire.

Enfin, le principal risque qui pèse sur le système français sera sans doute d’affronter une pénurie de main d’œuvre. Selon Pôle emploi, les projets de créations d’emplois et d’embauches sont plus nombreux pour les six mois à venir que dans les années 2018 et 2019 à la même époque. Des secteurs entiers comme le bâtiment, la restauration, l’hôtellerie, la banque et l’assurance, un peu l’industrie… Tous ces secteurs ont des vrais projets d’investissements et d’embauches qu’ils ne réussiront pas à réaliser. D’autant que se prépare un bouleversement de la carte géographique de l’emploi. L’ouest de la France, la Bretagne, la côte Atlantique, l’Aquitaine et le pays basque n’attirent pas que les seniors. Ils attirent désormais l’essentiel des projets d’investissement d’entreprises et donc des emplois.  Au détriment de l’est de la France, de l’Ile de France, du midi et du Nord.

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