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Oui il faut débattre des missions de la BCE (mais pas remettre en cause son indépendance ni les moyens de sa politique) !
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Réforme obligatoire

Le mandat de la Banque centrale européenne porte essentiellement sur la lutte contre l'inflation. Quitte selon les critiques de l'institution de Francfort a oublier d'agir pour la croissance de la zone euro comme l'a souligné Nicolas Sarkozy dimanche dernier, s'attirant l'ironie de François Hollande pour cette "lucidité retrouvée en fin de mandat" et un rappel à l'ordre d'Angela Merkel par la voix de son porte parole qui rappelle que l'attachement de l'Allemagne à l'indépendance de la BCE. Mais débattre des objectifs de la politique de la banque n'est pas nécessairement poser la question des moyens mis en œuvre par la Banque pour sa politique ni de son indépendance.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Le discours de la Concorde, prononcé par Nicolas Sarkozy le 15 avril, marque le point de départ d’un débat majeur en Europe sur le rôle de la banque centrale Européenne. Le président candidat annonce : « sur le rôle de la Banque centrale européenne dans le soutien à la croissance, nous allons, nous les Français, ouvrir le débat, et nous allons faire avancer l’Europe ! ». Ici, seul le mandat est évoqué, la remise en question du dogme de la stabilité des prix.

L’objectif d’une politique monétaire étant de garantir la stabilité de la croissance dans sa zone de compétence, il est aujourd’hui légitime de mettre en question le mandat octroyé à la BCE par les traités fondateurs. La réponse allemande aux propos de Nicolas Sarkozy, invoquant l’indépendance de l’autorité monétaire est hors sujet. Il s’agit ici d’évoquer le mandat même de la Banque Centrale Européenne, et non les moyens dans sa mise en œuvre, ou les pressions à outrepasser son mandat, relevant elles-mêmes de son indépendance.

François Hollande a pu commettre la maladresse de répondre aux propos de Nicolas Sarkozy par cette formule : « Nous ne serions pas dans cette situation si la Banque centrale européenne, dès le début de l'affaire grecque, était intervenue pour racheter des dettes souveraines ou pour souscrire à des emprunts d'État de tel ou tel pays ». Le fait de commenter les outils à la disposition de la BCE et la façon dont elle opère son mandat relèvent bien de son indépendance et doivent être préservés. A contrario, la question centrale de l’objectif du mandat monétaire est un débat essentiel qui doit aujourd’hui prendre sa place en Europe.

Le déroulement de la crise a mis en avant l’inefficacité du mandat assurant la stabilité des prix, car il ne s’agit pas d’une fin en soi, mais bien d’une méthode ayant pour objectif d’assurer à la zone euro une stabilité économique optimale. Cette stabilité n’a pu être assurée alors même que la BCE a respecté « à la lettre » ce mandat, en maintenant les perspectives inflationnistes à un niveau inférieur à 2%, sur le moyen terme.

Ce débat est aujourd’hui au cœur des différentes banques centrales à travers le monde et les milieux Universitaires ont pu proposer des alternatives de grand intérêt. L’analyse de la crise, par le prisme monétaire, offre un point de vue saisissant, en pointant notamment les erreurs commises par la Banque centrale européenne au cours des années 2008 et 2011. Sa passivité devant l’effondrement de la croissance, son incapacité à soutenir l’activité économique au cœur de la crise, ont fait perdre sa crédibilité à cette autorité, et sont au cœur de la problématique Européenne.

Le fait de faire coexister croissance et inflation dans la politique monétaire permettra à la BCE de pouvoir agir en toutes circonstances, récession, déflation, risque d’inflation. Et ce, alors même que le mandat actuel ne lui permet pas d’agir en cas de récession, tant que celle-ci est accompagnée d’un niveau d’inflation proche de 2%, situation à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés. La proposition des markets monetarists, de prendre en considération le niveau de PIB nominal (croissance + inflation) comme objectif de politique monétaire offre cette possibilité et corrige les imperfections du système actuel.

Les propositions émanant du président candidat permettent de mettre enfin ce débat au cœur de la réflexion européenne. L’importance donnée à cette mesure, au cœur du discours de la concorde, donne l’impulsion nécessaire à une telle ambition. L’initiative française aura pour effet de mettre les États de l’Union européenne face à leurs responsabilités, à se positionner, et de faire un choix déterminant dans la poursuite de la construction européenne.

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