Débat LR : cette nouvelle synthèse entre libéralisme et conservatisme dont la droite a besoin (sans y parvenir pour l'instant...) <!-- --> | Atlantico.fr
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Les candidats à l'investiture du parti Les Républicains, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Michel Barnier, Philippe Juvin, Eric Ciotti, ont débattu dimanche soir sur CNEWS et Europe 1.
Les candidats à l'investiture du parti Les Républicains, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Michel Barnier, Philippe Juvin, Eric Ciotti, ont débattu dimanche soir sur CNEWS et Europe 1.
©JULIEN DE ROSA / AFP

Les Républicains

Les candidats à l'investiture LR ont débattu dimanche soir sur CNEWS et Europe 1. Xavier Bertrand, Michel Barnier Valérie Pécresse, Eric Ciotti et Philippe Juvin ont présenté leur vision et leurs projets sur les sujets de prédilection de la droite comme l'immigration ou la sécurité.

Jérôme Besnard

Jérôme Besnard

Jérôme Besnard est journaliste, essayiste (La droite imaginaire, 2018) et chargé d’enseignements en droit constitutionnel à l’Université de Paris.

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Pierre Bentata

Pierre Bentata

Pierre Bentata est Maître de conférences à la Faculté de Droit et Science Politique d'Aix Marseille Université. 

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Atlantico : Qui est selon vous le grand gagnant de la soirée ? Le perdant ?

Pierre Bentata : Ce qui me semble le plus intéressant est justement l’absence d’un candidat qui se démarquerait vraiment.
Xavier Bertrand a bien conservé une posture de favori et de candidat naturel, en prenant le soin de toujours répondre en tant que futur président et en se positionnant comme le rassembleur des idées et des personnes de droite.

Mais ce faisant, il a laissé la place aux positionnements plus radicaux. Côté conservateur, il est dépassé par Eric Ciotti, côté libéral, par Philippe Juvin. C’est tout le danger d’une stratégie de consensus et de rassemblement durant une primaire qui ne dit pas son nom. A vouloir séduire les sympathisants, il risque de perdre l’adhésion des militants , qui sont le cœur de l’électorat d’une primaire.

Ainsi, le favori n’a pas confirmé son statut mais n’a pas perdu non plus. C’est donc un débat qui aura eu un intérêt: celui de permettre à des opinions très proches, car appartenant toutes à la même famille politique, de se distinguer et d’expliquer leurs divergences.

Jérôme Besnard : Difficile de répondre, tant les débats sont restés courtois et équilibrés. Mais on peut relever que Michel Barnier était plus à l’aise que lors des premiers débats. Il a trouvé le bon rythme. Le perdant, c’est peut-être Philippe Juvin qui ne parvient pas à se singulariser, du fait que les questions de santé, qu’il maitrise bien, n’étaient pas au cœur du débat, loin de là.

Que révèlent les propos tenus dans le débat sur l’état idéologique comme politique de la droite ?

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Pierre Bentata : Sur le plan idéologique, on voit qu’il y a toujours deux droites: une plus conservatrice, intransigeante sur la culture, l’identité et le social, l’autre plus libérale, davantage concernée par l’économie, l’entrepreneuriat et souvent aussi plus pragmatique dans ses approches. Dans la première, on retrouve Eric Ciotti et a bien des égards Valérie Pecresse. Xavier Bertrand et Michel Barnier apparaissent plus modérés et tentent une synthèse difficile. En face, Philippe Juvin essaye de représenter la position plus libérale, sans pour autant aller au bout, ce qui pourrait expliquer qu’il attire moins l’attention que ses concurrents.

Et cette tension montre bien toute la difficulté de la droite pour retrouver un rôle de premier plan. Si Francois Fillon était parvenu à rallier toutes les droites, en surprenant tout le monde avec un programme socialement conservateur et économiquement libéral, cette carte semble impossible à jouer à présent. En effet, le conservatisme a été récupéré par les différents candidats, déclarés et non déclarés, et le libéralisme économique n’a plus aucune crédibilité tant le terme a été dévoyé au cours du dernier mandat, gouvernement et opposition n’ayant cessé de s’accuser mutuellement d’être des ultra-libéraux ou mieux des néolibéraux.

Autrement dit, la droite va devoir réinventer une façon d’opérer une synthèse entre conservatisme, libéralisme et pragmatisme version social démocratie si elle veut avoir une chance.

Jérôme Besnard : Ils révèlent que les candidats estiment que les 150 000 adhérents sont nettement préoccupés par les dossiers en lien avec l’insécurité et l’immigration. Il n’y a presque aucune divergence entre la droite LR et le RN dans ce domaine au niveau du programme. Mais on va aussi parfois trop loin : la proposition d’Éric Ciotti d’envoyer l’armée dans certains quartiers va lui attirer des électeurs mais cela n’est pas du tout conforme à la doctrine française d’emploi des forces armées. 

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Qu’est ce qui vous a le plus marqué ce soir ? Un point sur lequel vous aimeriez réagir ?

Pierre Bentata : Après les interminables discussions sur l’immigration, le rôle de la police et de la gendarmerie et le grand remplacement, sujets sur lesquels très peu de choses distinguent les candidats et rien ne les oppose, le débat a gagné en intérêt.

Mais il a vraiment été utile, de mon point de vue , lorsque chacun a pu expliquer son projet pour redonner une dynamique à l’économie. En effet, à travers le prisme économique, les candidats ont enfin révélé leur conception de l’Etat et leur compréhension de la relation entre l’Etat et les citoyens.

C’est là que des positions ont tellement pu s’opposer : entre l’augmentation des salaires de Valérie Pecresse ou d’Eric Ciotti et la baisse des impôts de production de Philippe Juvin, il y a un grand écart économique et donc des conceptions antagonistes du rôle de l’Etat et du fonctionnement de l’économie. Même chose sur l’attitude vis-à-vis des fonctionnaires: les premiers veulent réduire leur nombre, le second veut le maintenir.

Ce qui est intéressant c’est qu’en y réfléchissant, le projet le plus pragmatique, le plus viable est justement celui qui passionne le moins, aussi bien parmi les militants que parmi l’ensemble des français. Et cela en dit long sur les attentes des français : ils ne veulent pas d’un programme réaliste mais sont en attente d’une histoire, d’une promesse, d’un souffle. Et tant que les électeurs seront ces rêveurs, Macron et Zemmour auront de l’avance.

Jérôme Besnard : Les propositions de référendum me paraissent très intéressantes. Je pense par exemple à celui de Michel Barnier sur un possible retour du service national. Les Français dans leur ensemble et ceux qui composent l’électorat de droite en particulier veulent être consulté par le biais de la démocratie directe, ce que n’ont fait ni Nicolas Sarkozy, ni François Hollande, ni Emmanuel Macron. Seize ans sans référendum c’est la négation du gaullisme et de l’esprit de la constitution de 1958.

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