Débat de la primaire : ceux qui parlaient DES Français, ceux qui parlaient AUX Français<!-- --> | Atlantico.fr
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Les Français n'ont pas eu de réponse à la question du chômage, du terrorisme, de l'éducation, de la fracture sociale, de la paupérisation, de l'identité française, de l'identité européenne et encore moins de réponse à la question d'un projet de société.
Les Français n'ont pas eu de réponse à la question du chômage, du terrorisme, de l'éducation, de la fracture sociale, de la paupérisation, de l'identité française, de l'identité européenne et encore moins de réponse à la question d'un projet de société.
©Martin BUREAU / POOL / AFP

Différence fondamentale

Durant deux heures, les 7 merveilles républicaines ont préféré régler leurs comptes devant les Français plutôt que parler aux Français. Et, au final, chaque candidat a incarné un des sept péchés capitaux.

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Benoît de Valicourt

Benoît de Valicourt s’inscrit dans la tradition du verbe et de l'image. Il travaille sur le sens des mots et y associe l'image réelle ou virtuelle qui les illustre. Il accompagne les acteurs du monde économique et politique en travaillant leur stratégie et leur story-telling et en les invitant à engager leur probité et leurs valeurs sur tous les territoires. 
 
Observateur de la vie politique, non aligné et esprit libre, parfois provocateur mais profondément respectueux, il décrypte la singularité de la classe politique pour atlantico.fr et est éditorialiste à lyonmag.fr
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Curieuse sensation en écoutant ces candidats à la primaire de la droite et du centre débattre sur l'avenir de la France parce que le centre n'était pas présent à ce débat et quand il est invité c'est pour une chasse à l'homme ! Quant à la droite, elle a trouvé sa limite à l'évocation du nom de Marine Le Pen mais pas des idées de la patronne du Front National.

Voilà un débat qui commençait mal, les lignes ayant été faussées et les compétiteurs conscients qu'ils devraient se cantonner à la posture du héraut de la droite républicaine parlant aux Français de leurs problèmes. Tout cela semblait bien réducteur mais finalement avait, dans la forme, l'intérêt de tenter de clarifier ce qu'est la droite française du XXIème siècle partagée entre ses vieux démons nationalistes et attirée par un humanisme plus marketing.

Cela aurait pu marcher, mais les 7 merveilles républicaines ont préféré régler leurs comptes devant les Français plutôt que parler aux Français. Deux heures durant lesquelles les Français n'ont pas eu de réponse à la question du chômage, du terrorisme, de l'éducation, de la fracture sociale, de la paupérisation, de l'identité française, de l'identité européenne et encore moins de réponse à la question d'un projet de société.

Peut-être faut-il reprocher aux organisateurs de ce débat de ne pas avoir l'habitude de traiter les sujets de fond trop concentrés sur l'immédiateté de l'information mais aussi doit-on reprocher aux candidats de ne pas être sortis du piège tendu.

Les 7 merveilles républicaines se sont révélées être les 7 péchés capitaux : l'orgueil, l'avarice, l'envie, la colère, la luxure, la gourmandise, la paresse. Chacun a incarné un des sept péchés, aucun n'a parlé aux Français ou des Français, ils ont préféré parler d'eux et à travers eux, ils ont révélé avec délice le genre politique.

L'orgueil, la fierté d'être le maire de la ville élue dernièrement la plus tendance de la planète. Quelle aubaine, à plus de 70 ans, il est LE maire le plus trendy du monde ; exit New York, Le Cap, Los Angeles, … the place to be is Bordeaux ! Alain Juppé a de quoi regarder avec un petit air suffisant ses compétiteurs, il est l'homme que les médias veulent même si Premier ministre il a reculé face à la rue, même si élu de Paris, il a été condamné par la justice et exilé en Sibérie de l'ouest (le Canada), même si, pour loger dignement son fils, il s'est arrangé avec sa conscience en lui attribuant un logement social, même si battu aux législatives de 2007 il a dû abandonner le super ministère que Nicolas Sarkozy lui avait fait sur mesure. La France a besoin qu'on lui redonne un sentiment élevé de dignité, la presse a choisi le ni-ni, l'entre-deux maire de Bordeaux !

L'avarice, pas celle de l'argent mais celle des idées, de la créativité, de l'imagination, de l'intelligence. Bruno Le Maire, homme brillant, intellectuel, cultivé, diplômé (ENS, IEP, ENA) a gardé jalousement  pour lui toutes ses idées, de peur de se les faire voler par ses camarades de jeu. Quel message de générosité dans cette démarche du renouveau que l'ancien ministre de l'Agriculture veut porter ?

"Les derniers seront les premiers" disait-il hier soir pas très avare d'autosatisfaction, mais premier de quoi ? Premier dans la cour de récréation des primaires ?

L'envie, quelle tristesse pouvait ressentir Jean-Frédéric Poisson face à ses concurrents ? On sentait cet homme isolé, n'appartenant pas au sérail de l'élite ministérielle, de l'entre soi. Il y avait de l'irritation, de la haine dans ses yeux, dans ses gestes face aux six autres candidats. Lui, le vilain petit canard que tout le monde encensé après le 1er débat était malheureux, envieux de ne pas être comme eux, de ne pas utiliser les mêmes éléments de langage, la même langue de bois qui font les bons politiques interchangeables à chaque élection.

La colère, elle était en lui et il a du se maîtriser pour qu'elle n'explose pas. Lui qui les a tous fait vice-roi ou roitelet s'est retrouvé sur le banc des accusés, jugé pour haute trahison, manquement, dissimulation… Staline disait "la reconnaissance est une maladie de chien" et Nicolas Sarkozy a pu mesurer salle Wagram que le Petit Père des peuples avait raison, les humains ne sont pas reconnaissants ! L'ancien Président de la République a enfoui cette colère qui l'animait car il sait qu'elle est mauvaise conseillère et pourtant il avait de quoi fulminer face aux attaques parfois injustes de ses anciens collaborateurs.

La luxure, ce n'est pas tant son goût pour les plaisirs de la chaire et l'ambiguïté de ses rapports mais sa concupiscence du pouvoir ! Ce désir de remporter la victoire force le respect, François Fillon va même jusqu'à dénoncer un déni de démocratie de la part des instituts de sondage et des médias. Il croit qu'il sera au second tour de la primaire parce que son désir de pouvoir est plus fort que tout même que ses croyances ou que sa fidélité.

La gourmandise, non pas celle des pains au chocolat mais celle de troubler le jeu, celle de mettre du poil à gratter et un peu de facétie dans cette triste bataille d'égo. Jean-François Copé est le bon client, amusant et amusé, n'ayant peur de rien et surtout pas du ridicule, sans la moindre conviction au point de défendre l'uniforme à l'école alors que sa fille, et avant elle le fils de Nicolas Sarkozy, fréquente l'une des plus sélectes écoles de la capitale où l'uniforme est proscrit par la directrice. Cherchez l'erreur !

La paresse, paresse intellectuelle et d'esprit parce qu'au-dessus des autres. Un brin suffisante, toujours cassante, parfois humiliante, Nathalie Kosciusko-Morizet était égale à elle-même. Peu amène, sèche et revêche, elle n'a fait aucun effort pour séduire ou réfléchir à un programme. Au mieux a-t-elle enfilé des perles avec indolence plus excitée par l'idée d'affronter des hommes et de s'auréoler d'être la seule femme de ce débat incarnant à elle seule la parité et le féminisme. Napoléon disait "du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas ; voyez les femmes", sans doute aurait-il conseillé à NKM de travailler davantage son programme plutôt que de se laisser aller à la facilité d'être la seule représentante de la moitié de l'humanité.

Les Français ou du moins les Français de la droite et du centre devront choisir entre les 7 péchés capitaux et il y a fort à parier que leur choix soit celui de l'orgueil. N'a-t-on pas comme emblème national le coq, seul oiseau qui continue à chanter les deux pieds dans la merde !

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