De quelle gauche serait capable d’accoucher le front “Tout sauf Valls” une fois sa cible abattue ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
De quelle gauche serait capable d’accoucher le front “Tout sauf Valls” une fois sa cible abattue ?
©Reuters

Tout ça pour ça

Alors que Vincent Peillon a déclaré sa candidature à la primaire de la gauche, un front "tout sauf Valls" semble se dessiner et menace les chances de l'emporter de l'ancien Premier ministre. Néanmoins, peu importe le candidat désigné à l'issue du second tour, les divisions au sein du PS sont si fortes qu'il sera difficile, voire impossible, de les surmonter.

Maud Guillaumin

Maud Guillaumin

Journaliste à Europe 1, BFM, ITélé, Maud Guillaumin suit pour le service politique de France-Soir la campagne présidentielle de 2007. Chroniqueuse politique sur France 5 dans l’émission Revu et Corrigé de Paul Amar, puis présentatrice du JT sur LCP, elle réalise également des documentaires : « Les Docs du Dimanche », « Les hommes de l’Élysée » sur les grands conseillers de la Ve République et « C’était la Génération Mitterrand » transposé de son livre Les Enfants de Mitterrand (Editions Denoël, janvier 2010). Elle écrit également dans la revue littéraire Schnock. Elle est l'auteur de "Le Vicomte" aux éditions du Moment (2015).

Voir la bio »

Atlantico : Alors que la campagne de la primaire de la Belle Alliance Populaire bat son plein, un front "tout sauf Valls" semble se dessiner. La candidature de Vincent Peillon, pilotée par des ténors du Parti socialiste, serait ainsi appuyée par une sorte de front "anti-Valls". Alors que les sondages donnent Manuel Valls en tête du premier tour, peut-il être battu ? A quel point la candidature de Vincent Peillon peut-elle menacer celle de l'ancien Premier ministre ?

Maud Guillaumin : Récemment, les sondages nous ont souvent fait mentir et la primaire de la droite et du centre nous a montré que le troisième homme pouvait devenir le premier. Plusieurs proches de François Fillon lui conseillaient de laisser les deux favoris se battre entre eux afin de ressortir à la fin. Vincent Peillon a peut-être la même réflexion : il pense probablement que cette primaire est l'occasion pour lui d'être le troisième homme et qu'il pourrait profiter d'un duel à mort entre Arnaud Montebourg et Manuel Valls.

La candidature de Vincent Peillon peut menacer celle de Manuel Valls car ce dernier a de nombreux ennemis au sein des frondeurs et beaucoup lui reprochent une ligne trop libérale. Vincent Peillon a fait partie du NPS avec Benoit Hamon et Arnaud Montebourg. Il a une vision différente de l'économie et de la manière de faire la politique. A l'époque du NPS, il était vu comme un jeune loup, très indépendant et qui ne pensait qu'à lui – comme les autres d'ailleurs. Il donne aujourd'hui une image plus mature, plus assagie. Par ailleurs, il a connu une traversée du désert, depuis deux ans, on l'a très peu entendu. Il a donné des cours de philosophie en Suisse, ce qui peut lui donner une forme de neutralité suisse qui pourra plaire. Il est capable de cristalliser les haines, sans être particulièrement aimé, et il joue probablement la-dessus.

Néanmoins, le premier défi n'est-il pas le rassemblement de la gauche ? Au vu des  tensions, ce rassemblement est-il encore possible ?

Le rassemblement au sein de la gauche me semble beaucoup moins crédible que chez Les Républicains, et ce pour deux raisons.

Premièrement, la primaire de la Belle Alliance Populaire s'annonce plus floue dans son organisation, ce qui est source de tensions. Arnaud Montebourg, il y a encore quelques mois, menaçait de ne pas y participer et de faire cavalier seul si l'organisation ne respectait pas ses critères à lui. Aujourd'hui encore, les conditions d'organisation sont floues : si on connait les dates du scrutin, plusieurs bureaux de vote n'ont pas été définis.  

Deuxièmement, le dépôt des candidatures a lieu dans très peu de temps. Entre Vincent Peillon qui se déclare candidat au dernier moment, qui surgit d'on ne sait où, la non-candidature de François Hollande, la démission et la candidature de Manuel Valls… tout cela fait beaucoup d'effet de surprise, crée des tensions et n'aide pas pour créer un rassemblement post-primaire. A l'inverse, au sein des Républicains, la liste des candidats en lice était connue un mois avant le dépôt des signatures  - même si certains comme Hervé Mariton n'ont pas pu se présenter faute d'un nombre suffisant de signatures.

Parmi tous les candidats déclarés à la primaire, qui vous semble le plus en mesure de garantir l'unité ?

Au vu des sondages, on pourrait considérer que c'est Manuel Valls, puisqu'il est soutenu par beaucoup de hollandais. Michel Sapin, avant que François Hollande annonce sa non-candidature, répétait que Manuel Valls était une doublure parfaite (de François Hollande, ndlr), qu'il avait été un excellent Premier ministre. Mais Manuel Valls a tous les frondeurs contre lui et une manière de gouverner brutale qui ne plait pas – même à ceux qui ne se considèrent pas comme frondeurs. S'il rassemble, c'est parce qu'il sera dit que seul lui peut faire face à François Fillon. Mais il est pour l'instant beaucoup trop tôt pour l'affirmer.

Quant à Arnaud Montebourg, je ne pense pas qu'il puisse aujourd'hui rassembler : il est depuis trop longtemps dans la course pour qu'il puisse créer un vrai souffle derrière lui.

Vincent Peillon peut peut-être rassembler, il a pour lui ce côté suisse que j'ai évoqué précédemment et un côté vierge lié au fait qu'il s'est peu exprimé au cours des deux dernières années. Il pourrait être une espèce d'entre-deux, un peu comme le troisième homme de la primaire de la droite, François Fillon. Par ailleurs, si Vincent Peillon a aussi été marqué par le quinquennat, puisqu'il a été ministre de l'Education pendant deux années, il est parti en 2014 avec le gouvernement Ayrault. Il s'est passé tellement de choses depuis qu'il me semble qu'iI n'est pas entaché par le bilan du quinquennat, contrairement à Arnaud Montebourg, qui est resté plus longtemps, et contrairement évidemment à Manuel Valls.

Entre les guerres de candidatures et de personnes, dans quelle mesure la campagne de la primaire va-t-elle laisser des traces ? Le PS pourra-t-il se relever ?

Pour l'instant, il n'y a eu aucun drame. Attendons de voir comment cela se passera au moment du dépôt des candidatures, de la campagne et des débats.

Le PS subit crise sur crise. Récemment, le congrès de Reims a été l'un des pires drames qu'ait connu le PS. La primaire ne sera que la conséquence d'un mauvais quinquennat du président socialiste François Hollande. Si le PS implose, ce n'est pas à cause de la primaire, mais à cause des divisions générales, d'une définition du PS qui ne trouve plus réellement de forces vives avec trop de courants en son sein, trop de différences. François Hollande s'est heurté à sa propre majorité tout au long du quinquennat. Faire face à ces oppositions internes a été très difficile pour lui. Même après les attentats du 13 novembre 2015 quand il a proposé la déchéance de nationalité c'est au sein de son camp que les attaques ont été les plus vives.

Peu importe le candidat désigné, il sera difficile de surmonter les divisions.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !