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De l’exception à la règle : faut-il se résoudre à connaître chaque été des épisodes caniculaires ?
©Reuters

37° à Strasbourg

Le gouvernement a récemment déclenché le dispositif info-canicule face au retour des grandes chaleurs. Un acte qui ancre encore un peu plus dans les esprits le possible retour de la grande canicule de 2003.

Frédéric Decker

Frédéric Decker

Météorologue - Climatologue à MeteoNews et Lameteo.org

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Atlantico : 11 ans après la canicule de 2003, les Français s’inquiètent pratiquement chaque année de voir un nouvel épisode de ce type ressurgir avec les chaleurs d'été. Qu'avons-nous appris sur ce phénomène depuis les évènements de 2003 ?

Frédéric Decker : La canicule d'août 2003, qui avait duré 2 semaines avec plus de 35 degrés tous les jours sur pratiquement tout le pays et des pointes à 44 degrés dans le sud (Gard notamment), était et est encore un fait météorologique inédit. Les relevés météo les plus anciens et les archives indiquent qu'il n'y a pas d'équivalent sur les 500 dernières années, voire depuis près de 1.000 ans (à prendre avec précautions toutefois étant donné le manque de données et d'informations fiables à l'époque).

La canicule de 1976 (de fin juin à début juillet) avait duré aussi longtemps voire un peu plus (une quinzaine de jours), mais un cran en-dessous de 2003 en terme de pics de chaleur.

Les grandes canicules (2003, 1976, 1947...) ont une durée-retour de 20 à 25 ans environ. Le réchauffement actuel peut faire craindre une recrudescence de ce type d’évènements météo, mais ce n'est pas certain.

La canicule de 2003 a permis de mieux prendre en compte ce phénomène en terme de vigilance (la vigilance canicule n'existait pas avant cette date). Il faut malheureusement parfois des phénomènes extrêmes pour déclencher de nouvelles procédures. La bonne nouvelle, c'est que météorologues et pouvoirs publics sont désormais près pour appréhender les futures canicules, notamment pour la prévention et l'organisation des secours.

Ou faut-il se trouver en France pour se protéger aux mieux de la canicule ? Quels seront les régions les moins touchées par ce phénomène ?

Comme souvent quand il fait très chaud et comme en 2003 d'ailleurs, les franges littorales sont moins exposées, y compris la frange littorale de la Méditerranée. L'effet marin et les brises marines modèrent les écarts de températures, qui grimpent moins haut les après-midis notamment. L'idéal sera de se situer près des côtes de la Manche où le mercure s'envolera moins qu'ailleurs, ou bien en montagne, assez haut, pour profiter des nuits fraîches. L'ouest en général retrouvera des températures beaucoup plus respirables dès mercredi, après une vague orageuse.

Qui sont les plus fragiles ? Où risque-t-on d’en souffrir le plus ?

On l'a vu en 2003, les personnes âgées sont la catégorie de la population la plus fragile face à la canicule. Les nourrissons, les personnes très malades et les cardiaques notamment sont également exposés à des complications face aux fortes températures (essoufflement, déshydratation importante etc...).

Nous serons souvent un peu à la limite des seuils de canicule, mais quelques personnes risquent déjà d'en souffrir. Les conditions seront plus difficiles dans les grandes villes (Paris, Toulouse, Bordeaux...) où l'air circule moins bien, où les surface bétonnées et goudronnées conservent la chaleur, même la nuit. Si on le peut, il vaut mieux fuir quelques jours vers les campagnes, forcément plus fraîches.

Comment y échapper lorsqu’on habite en ville dans un immeuble ?

En passant par exemple du temps dans un parc bien ombragé, ou dans des espaces climatisés (grandes surfaces, cinémas...). Si on ne peut pas sortir aux heures les plus fraîches (matin et soir), il faut fermer volets et fenêtres le jour et les ouvrir la nuit. Sans climatisation, on peut disposer une serviette mouillée devant un ventilateur : l'évaporation occasionnera un rafraîchissement de l'air de la pièce.

Le dispositif d’alerte canicule a «largement progressé» depuis dix ans et est aujourd’hui «éprouvé», a estimé vendredi Michèle Delaunay, ministre déléguée aux Personnes âgées.  Dix ans après la canicule qui avait causé en août 2003 la mort de 15 000 personnes en France, sommes-nous vraiment mieux préparés à affronter la canicule ?

La canicule de 2003 nous a appris que ce phénomène silencieux pouvait être terriblement meurtrier. Il s'agit même du bilan le plus lourd en termes de phénomène météorologique en France. Nous, météorologues, avons dû apprendre à mieux prévenir le phénomène. Car si la canicule 2003 avait été parfaitement prévue, les systèmes de vigilances ne la prenaient pas encore en compte et l'information est mal passée, en plein cœur de l'été, pendant les vacances de nombreux français.

Les vigilances météo liées aux services gouvernementaux, aux services de secours, médicaux etc... permettent de mieux anticiper les retombées des phénomènes sur la population. Et donc de mieux s'organiser à présent en renforçant les effectifs médicaux en prévision d'une canicule.

Quels conseils donneriez-vous pour se protéger de ce phénomène ?

Il existe plusieurs gestes simples : il est recommandé de boire de l'eau fréquemment et abondamment, même si vous ne ressentez pas la sensation de soif. Evitez de sortir durant les heures les plus chaudes (entre 12 et 18 heures) et maintenez votre logement au frais (volets et fenêtres fermés la journée, ouverts la nuit). Rafraîchissez-vous régulièrement (vaporisateurs, douches fraîches, piscine...). Si vous le pouvez, passez 2 à 3 heures par jour dans un endroit frais. Enfin, venez en aide aux personnes les plus fragiles (personnes âgées, nourrissons, malades) et demandez de l'aide auprès des services médicaux si besoin.

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