Davos ronronne sur l'économie mais organise des rencontres brillantes sur les dernières avancées scientifiques<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Le forum de Davos relève plus du débat, de la confrontation d’idées entre scientifiques.
Le forum de Davos relève plus du débat, de la confrontation d’idées entre scientifiques.
©Reuters

Science Vs Economie

Originellement cantonné aux problématiques économiques et politiques, le Forum de Davos devient peu à peu le théâtre de débats et discussions autour de thèmes scientifiques et culturels.

Béligh Nabli

Béligh Nabli

Béligh Nabli est directeur de recherches à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS).

Il dirige également l’Observatoire des mutations politiques dans le monde arabe qui analyse la première Révolution du XXIe siècle et son impact géopolitique sur le monde arabe.
 
 
Voir la bio »

Atlantico : Le forum de Davos est bien connu à travers le monde pour ses débats autour de l’économie et de la politique. En revanche, peu savent qu’il est également le théâtre de rencontres autour de thèmes scientifiques et culturels. Quelle place accorde-t-on à la science au forum de Davos ?

Béligh Nabli : Davos est effectivement connu pour être la réunion annuelle qui traite des principaux sujets de l’actualité relatifs à l’économie mondiale. Progressivement, l’objet même de cette réunion s’est élargi pour aborder à la fois des sujets politiques mais aussi des sujets de controverse intellectuelle et même des sujets scientifiques. Cette évolution s’est logiquement accompagnée par une présence plus accrue des scientifiques invités. C’est une manière d’incarner le caractère multiforme de la mondialisation. La globalisation n’est pas simplement économique, elle est également d’ordre intellectuel, culturel et scientifique.

Les sujets économiques, malgré tout, l’emportent. Ils s’imposent comme un domaine à travers lequel les scientifiques peuvent s’immiscer. Je pense notamment à l’enjeu autour des inventions technologiques et surtout des brevets. Dans ce cas-là, Davos est l’occasion pour les chercheurs et les innovateurs de se présenter et de présenter leur travail.

Il faut cependant relativiser les choses. La part des scientifiques à Davos reste faible. Ils ne sont pas encore trop mis en avant. Ils sont essentiellement promus au gré de l’actualité internationale. Par exemple, les enjeux climatiques étaient à la mode il y a quelques années. Le thème s’était imposé comme une question qui relevait de la globalisation et c’est pourquoi ont été mis en avant à l’époque beaucoup de scientifiques qui se sont affrontés autour du caractère impératif ou non de la lutte contre le réchauffement climatique.

Existe-t-il d’autres problématiques importantes abordées ces jours-ci par les scientifiques présents à Davos ?

Un des grands enjeux, pour lequel le grand public n’a pas encore un accès immédiat, sont les nanotechnologies. Cela devrait d’ailleurs devenir la source de nouvelles guerres économiques. Naturellement, derrière l’objet même des nanotechnologies, existe l’enjeu des nouveaux marchés qui pourraient naître à partir de nouvelles découvertes autour de cette technologie.

Le lien entre la science et la croissance économique est donc largement assumé ?

Oui, c’est une conception anglo-saxonne qui assume le fait que la science n’a pas à échapper aux enjeux économiques. Les divisions que nous avons un peu à l’esprit en France entre la recherche scientifique et son exploitation industrielle et commerciale n’apparaissent pas. Cette césure n’existe pas dans la pensée anglo-saxonne. Au contraire, il existe une continuité qui prend une dimension nouvelle à l’échelle de la globalisation.

Connaissez-vous des avancées scientifiques que l’on pourrait directement rattachées au forum de Davos ?

Le forum de Davos relève plus du débat, de la confrontation d’idées entre scientifiques. Ces derniers ne vont pas s’amuser à présenter une découverte à cette occasion. En revanche, le forum demeure une très bonne occasion pour rechercher des financements mais ce n’est pas forcément dans la culture de nos scientifiques français.

La science est-elle capable d’avancer sans le type d’investisseurs privés que l’on peut rencontrer à Davos ?

C’est un débat qui n’existe pratiquement plus dans le monde anglo-saxon. L’articulation des sphères de la recherche et de la commercialisation se fait naturellement.

En France, nous avons toujours du mal à articuler ces deux sphères d’activité. C’est justement l’un des enjeux des différentes politiques publiques en matière industrielle. Nous avons du mal à parler un langage commun entre les universités et les laboratoires scientifiques d’un côté et les commerciaux et les industriels de l’autre. L’une des sources de croissance à venir en France réside dans le décodage de ce langage commun.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !