David Bowie sort un album miraculeux : dernier testament ou énième transformation de l'artiste ?<!-- --> | Atlantico.fr
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À l’écoute du très nostalgique et dépressif, « Where Are We Now », on pourrait croire à un adieu...
À l’écoute du très nostalgique et dépressif, « Where Are We Now », on pourrait croire à un adieu...
©AVRO / Wikimedia Commons

Épitaphe

Après dix ans de silence, la pop star s’apprête à sortir un nouvel album. Des rumeurs alarmantes circulent sur son état de santé et certains murmurent que cet album venu de nulle part pourrait bien être le dernier.

Yves Bigot

Yves Bigot

Yves Bigot est directeur des programmes de la radio RTL.

Ce passionné de musique a notamment été journaliste et animateur sur Europe 1, rédacteur-en-chef de Rapido, et directeur des Victoires de la musique.

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La surprise fut d’autant plus grande, ce mardi 8 janvier, de découvrir un nouveau clip de David Bowie, que depuis l’annulation de la fin de sa tournée 2004 à la suite de problèmes cardiaques à Hambourg, les rumeurs les plus alarmantes circulaient sur son état de santé. Ses très rares apparitions, au côté de David Gilmour et de Rick Wright en mémoire du fondateur de Pink Floyd Syd Barrett pour chanter « See Emily Play » comme sur son album Pin Ups qui avait lancé – il y a quarante ans ! - la mode des reprises, comme auprès du groupe canadien Arcade Fire, de la star hollywoodienne Scarlett Johansson ou de la diva Alicia Keys, alimentaient l’inquiétude des Bowiespotters, et concourraient à accréditer l’idée selon laquelle la fatigue et le léger embonpoint visible sur le corps si svelte, si gracile, de l’Homme qui venait d’ailleurs, extraterrestre aux yeux vairons, souffrirait effectivement d’un cancer du pancréas, ou du foie.

À l’écoute du très nostalgique et dépressif, « Where Are We Now », on pourrait croire à un adieu, une sorte de testament, que sa voix étranglée, dont le timbre nasal reste instantanément identifiable, mais qui semble essoufflée, attesterait. D’autant que la chanson toute entière, avec ses accents à la John Lennon et une grâce mélodique qui n’est pas sans rappeler les introspections de Neil Young (deux artistes que Bowie a déjà chanté dans le passé), dévoile une fragilité et une sensibilité souvent sous-jacentes dans sa musique, mais jamais dénudée comme ici. En attendant l’album The Next Day, annoncé pour le 11 mars prochain, toutefois prudence. Et si cette profonde mélancolie n’était que celle d’un nouveau personnage imaginé par ce roi du transformisme, Arturo Brachetti glam-rock, après Ziggy Stardust, Major Tom, le Thin White Duke, etc, autant de masques derrière lesquels David Robert Jones, soixante-six ans depuis ce 8 janvier justement, a pu changer de peau, de ton, de style, révolutionnant la musique des années 70, de « Rock’n’roll Suicide » à « Warzawa » ?


David Bowie: Where Are We Now?par AceVideos

On aimerait que ce soit vrai. Et les titres de l’album – on les connaît, à défaut de les avoir entendus – sont ambivalents : d’un côté, ils réfutent cette thèse, comme les propos du plasticien américain Tony Ousler qui a réalisé e clip de « Where Are We Now » en forme d’installation karaoké (c’est sa femme, l’artiste peintre Jacqueline Humphries dont on voit le visage engoncé à côté de celui de Bowie), qui affirme, sans pouvoir en dire plus (il a signé un accord de confidentialité) que les autres morceaux sont sacrément plus guillerets ; de l’autre, ils l’entretiennent en laissant imaginer un flashback du genre Les Choses de la vie sur la carrière et les styles du plus conceptuel des musiciens de sa génération. « Dirty Boys » pourrait appartenir à la cuvée Hunky Dory ou Aladdin Sane ; « Love Is Lost » à Low ; « I’d Rather Be High » à Station to Station ; « Dancing Out In Space » à Space Oddity ou à Scary Monsters. Quant à « You Feel So Lonely You Could Die », son titre paraphrase tellement les paroles et le pitch de « Heartbreak Hotel » qu’il se raccorderait aussi bien à Ziggy Stardust (en grande partie inspiré par le Elvis maudit Vince Taylor) qu’à une suite logique de ce sombre et blessé « Where Are We Now ».

Pure spéculation à ce stade, puisque de ce vingt-cinquième album à venir, le premier depuis Reality il y a dix ans, on ne connaît aujourd’hui que quatre choses : ce premier extrait miraculeux et dérangeant à la fois, qualités typiquement Bowiennes ; les titres des morceaux qui le composent; le nom de son producteur fétiche (Tony Visconti) ; et ces teasers de pochette qui laissent entendre qu’elle figurerait celle de l’album berlinois Heroes, dont le visage de l’artiste serait masqué par un carré blanc, comme s’il avait été censuré, découpé ou s’il était déjà parti.

Ce qui est certain en revanche, c’est que l’effet de surprise a été gagnant, et qu’après le come-back spectaculaire des Rolling Stones fin 2012, le premier semestre 2013 appartient d’ores et déjà à David Bowie, qui sera pendant quatre mois à partir du 28 mars le sujet d’une exposition extrêmement attendue  au Victor and Albert Museum de Londres, lui dont le but a toujours été de marier les mondes du rock et de l’art. Pourvu que ce ne soit pas son épitaphe.

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