Dans sa guerre contre les gangs, le Salvador passe aux procès de masse <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Justice
Des membres des gangs MS-13 et 18 dans des cellules surpeuplées de la prison de Quezaltepeque au Salvador, le 4 septembre 2020.
Des membres des gangs MS-13 et 18 dans des cellules surpeuplées de la prison de Quezaltepeque au Salvador, le 4 septembre 2020.
©YURI CORTEZ AFP

Tolérance zéro

Alors que l'approche intransigeante du président Nayib Bukele à l'égard des gangs Barrio 18 et MS-13 lui a toujours valu l'approbation des électeurs salvadoriens, il a été dépeint comme une figure autoritaire, dont les mesures d'urgence constitueraient diverses violations des droits de l'homme, notamment des arrestations arbitraires et des maltraitances.

Tristan Vanheuckelom

Tristan Vanheuckelom

Tristan Vanheuckelom est un journaliste belge et auteur pour The European Conservative. 

Voir la bio »

Le congrès d'El Salvador autorise la tenue de procès de masse contre les personnes affiliées aux tristement célèbres gangs Barrio 18 et Mara Salvatrucha (MS-13).

Depuis la déclaration l'an dernier d'un « état d'urgence » par le président Nayib Bukele en réponse à une vague de violence liée aux gangs, quelque 71 976 personnes, soit 1 % de la population du pays, ont été arrêtées.

En mars dernier seulement, Bukele a inauguré une nouvelle prison, l'une des plus grandes au monde, avec des cellules conçues pour contenir chacune 100 détenus.

Désormais, les personnes arrêtées peuvent être condamnées plus rapidement, comme l'a annoncé le congrès salvadorien sur Twitter ("X") à la suite d'un vote du mercredi 26 juillet.

À l'avenir, poursuit le communiqué, les détenus pourront être jugés dans des procès collectifs en fonction du gang auquel ils sont affiliés.

De plus, le congrès salvadorien a voté l'augmentation des peines de prison pour les chefs de ces gangs. En vertu du nouveau code pénal du pays, leurs peines doivent être augmentées jusqu'à un tiers, passant de 45 à 60 ans.

Les nouvelles règles ont été imposées par la majorité favorable à Bukele, tandis qu'un petit groupe de l'opposition a voté contre.

Le taux de meurtres élevé d'El Salvador, qui lui a traditionnellement valu une première place peu enviable au niveau mondial, est tombé à des niveaux historiquement bas depuis que Bukele a pris ses fonctions en 2019, le pays ayant connu une baisse de 50 % au cours de sa première année au pouvoir.

Bien que Bukele ait attribué la diminution spectaculaire des meurtres au fait qu'il a déployé des milliers de membres des forces de l'ordre dans les bastions des gangs et investi dans la sécurité des prisons, son gouvernement a été accusé par les États-Unis d'avoir secrètement négocié avec le MS-13 pour réduire le nombre de meurtres.

Après que près de 80 personnes ont été tuées par des criminels au cours d'un seul week-end en mars 2022, le gouvernement de Bukele a réprimé encore plus fort, ce qui a fait que les 71 000 personnes susmentionnées, présumées être affiliées à des gangs, se sont retrouvées derrière les barreaux.

Cette décision a semblé porter ses fruits puisqu'en conséquence, le nombre total d'homicides cette année-là a diminué de près de 60 %.

L'approche d'El Salvador a été si réussie que le Honduras voisin, également en proie à la violence liée aux gangs, a pris note, avec son président progressiste, Xiomara Castro, de l'intention de construire la seule colonie pénitentiaire insulaire de l'hémisphère occidental.

Alors que l'approche intransigeante de Bukele pour s'attaquer au problème des gangs dans le pays lui a toujours valu des cotes d'approbation élevées parmi les Salvadoriens, il a été critiqué par des organisations de défense des droits de l'homme ainsi que par des commentateurs, et a été dépeint comme une figure autoritaire dangereuse dont les mesures d'urgence constituent des droits de l'homme. violations, y compris les arrestations arbitraires et les mauvais traitements.

Comme on pouvait s'y attendre, la dernière décision du Congrès a été également condamnée.

Comme l'a rapporté Reuters, des groupes et des défenseurs des droits civiques affirment que de tels procès de masse risqueraient de priver les détenus de leur droit à une procédure régulière et de leur présomption individuelle d'innocence.

"'Nous n'arrêtons pas d'innocents' s'est transformé en 'Nous arrêtons des innocents mais ne les gardons pas', qui s'est transformé en 'Nous les gardons mais les tribunaux finiront par les libérer'", a déclaré Manuel Melendez, un Doctorant à l'Université de Harvard et chercheur sur la politique salvadorienne.

Ingrid Escobar, porte-parole de Humanitarian Legal Aid, un groupe d'assistance aux détenus salvadoriens, a déclaré que les prisonniers risquaient d'être jugés pour des crimes qu'ils n'avaient pas commis.

"Pour avoir vécu dans un endroit stigmatisé par les gangs, bien qu'ils n'en soient pas nécessairement eux-mêmes membres", a-t-elle déclaré.

Le 14 juillet, à la Commission interaméricaine des droits de l'homme, des organisations ont dénoncé la mort de 174 personnes détenues par l'État et plus de 6 400 violations documentées des droits de l'homme pendant «l'état d'urgence» de Bukele.

Son gouvernement et le bureau du procureur général le nient.

Dans un tweet du vendredi 28 juillet, dans ce qui ressemblait à une justification opportune des mesures du Congrès de la veille, la police nationale d'El Salvador a simplement publié deux captures d'écran : l'une indiquant que ce jour-là, le 27 juillet, personne n'était mort , associé à un graphique montrant la tendance à la baisse du nombre d'homicides commis en juillet depuis l'intervention de Bukele.

Cet article a été publié initialement sur The European Conservative : cliquez ICI

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !