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"D-Day, Monty Alexander" : par où la mémoire individuelle rejoint l’histoire du monde !
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En hommage à l’amitié transatlantique, Monty Alexander évoque en musique le D-Day. De : Monty Alexander Maison de disques : Peewee Socadisc

Philippe Hansebout

Philippe Hansebout

Philippe Hansebout est chroniqueur pour Culture-tops.fr

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THÈME

Alors que nous venons de commémorer le quatre-vingtième anniversaire du débarquement des troupes alliées sur les côtes normandes, Monty Alexander a fêté le même jour son quatre-vingtième anniversaire et publie D-Day du nom de code de de la date qui a sonné le début de libération de la France du joug nazi. Le disque, D-Day, est placé sous le signe de l’amitié franco-américaine, puisqu’il a été produit par un label français et qu’une partie de l’enregistrement reprend la captation d’un concert du trio de Monty dans notre pays.

Ce disque mêle les compositions personnelles du pianiste avec certains standards écrits pendant les années de guerre (Y never smile again et Smile, sans doute pour passer, dans cette union des contraires, des années sombres à la victoire finale). On entend de temps à autre, la voix de l’Amérique ou celle de la France, retranscrites des ondes radiophoniques de l’époque.

Pour moi qui fais partie d’une génération qui fut élevée dans la mémoire de la Seconde Guerre mondiale et de l’occupation nazie, c’est très émouvant.

POINTS FORTS

Mais place à la musique, dont la puissance d’évocation permet de rendre compte sur des ballades à tempi lents de l’utopie d’un monde nouveau sans guerre jusqu’à des morceaux qui évoquent les préparatifs et l’assaut alliés.

Monty dispose d’une technique irréprochable et déploie à loisir des accents bluesy, signe le plus profond de l’Amérique multiculturelle avec ces soldats noirs qui sont morts sur les plages du débarquement. Son jeu en blocks chords défie le temps et il fait sonner le piano comme personne, y compris à la main gauche qui reprend parfois la mélodie dans le registre grave.

Il est accompagné par deux jeunes musiciens qui, à la basse et la batterie, perpétuent le sens du swing et de l’improvisation, caractéristiques distinctives de la musique afro-américaine. Tous les trois abolissent l'abîme des générations.

QUELQUES RÉSERVES

Le disque mélange des captations de concert et des enregistrements en studio. Ce qui nuit à son unité. 

On entend vers la fin des sons d’harmonica, peut-être joués par Monty lui-même qui ravissent, semble-t-il, le public mais qui, à l’écoute du disque, semblent quelque peu anecdotiques.

ENCORE UN MOT...

On retiendra la verdeur et l’enthousiasme communicatif de Monty Alexander que nous avions vu naguère, au milieu des années soixante-dix, dans quelque club huppé de la capitale parisienne, alors qu’il n’était à l’époque encore qu’un jeune homme et qui n’a rien perdu aujourd’hui de sa superbe d’alors.

L'AUTEUR

Monty Alexander. Originaire de la Jamaïque, sa famille émigre aux Etats-Unis en 1961. A Miami, il est remarqué par The Voice, Frank Sinatra in personam, et se produira pendant plusieurs années au Play boy House, une autre époque.

Monty Alexander, né il y a quatre-vingt printemps et de nationalité américaine, s’inscrit dans la droite ligne de ces pianistes virtuoses à la technique éprouvée dont le père fondateur, peut-être le plus grand virtuose de tous les temps, fut le pianiste aveugle Art Tatum.

Mais c’est sans doute Oscar Peterson qui eut, avec Ahmad Jamal et Nat King Cole, l’influence la plus prégnante sur le jeu de Monty, par la puissance de l’attaque, le sens du groove, bien en arrière du temps, un certain goût pour le spectaculaire et un don inné de l’entertainment, comme disent les Américains, qui lui permet dans ses concerts de mettre le public dans sa poche.L’intervention bienveillante d’Oscar Peterson, son maître, lui permit de signer avec le label allemand MPS.

Sa formule dédiée reste le trio piano-basse-batterie avec parfois l’immense Ray Brown à la basse, le premier mari d’Ella Fitzgerald, et l’élégant et minimaliste Ed Thigpen à la batterie.

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