Croissance zéro : le pari du retournement déjà mal engagé pour le gouvernement<!-- --> | Atlantico.fr
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L’Insee vient de révéler qu’il n’y avait pas eu de croissance au premier trimestre.
L’Insee vient de révéler qu’il n’y avait pas eu de croissance au premier trimestre.
©Reuters

Éditorial

Le retournement de la conjoncture annoncé par François Hollande a déjà fait long feu, l’Insee venant de révéler qu’il n’y avait pas eu de croissance au premier trimestre contrairement aux espoirs envisagés.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Une fois de plus, l’optimisme à tout crin du pouvoir est démenti par les faits. Le retournement de la conjoncture annoncé par François Hollande a déjà fait long feu. L’Insee vient de révéler qu’il n’y avait pas eu de croissance au premier trimestre, contrairement aux espoirs envisagés.

Le diagnostic est sévère puisque les trois indicateurs essentiels traduisent davantage un repli sur soi qu’une volonté de repartir de l’avant.La consommation est en repli, car l’aggravation de la pression fiscale commence à faire sentir ses effets, alors qu’on est seulement au début du choc fiscal, et ce ne sont pas les miettes qui seront accordées aux plus démunis qui feront changer le comportement général. Les exportations enregistrent un ralentissement malgré la reprise qui se généralise en Europe : c’est le signe de l’insuffisance de la compétitivité des produits français aux prises avec une concurrence de plus en plus forte. Enfin, les investissements sont en berne, parce que les chefs d’entreprise ne croient pas à la reprise : leurs stocks se sont gonflés au premier trimestre, traduisant plutôt un affaiblissement de la demande.

Ce démarrage tout en faiblesse de l’activité est inquiétant pour l’avenir. Pour réaliser l’objectif d’un pour cent de croissance cette année, il faudrait un véritable sursaut pour effacer le handicap que fait subir le zéro des trois premiers mois. Or rien ne permet d’envisager une accélération, d’autant que des doutes subsistent sur l’application rapide du pacte de responsabilité, tandis que les freins qui empêchent le bon fonctionnement de l’économie demeurent serrés. Et l’on continue de complexifier les règles, comme on le voit avec l’augmentation des pages du catalogue fiscal et tout récemment avec l’accord sur la pénibilité du travail qui est en train de créer une nouvelle usine à gaz, lorsqu’il faudra établir pour chaque individu concerné un compte personnalisé. Enfin, le secteur qui devrait être privilégié pour assurer une relance est en panne : jamais depuis trois ans la construction de logements n’a été aussi faible sans que l’on voie apparaître une éclaircie, la loi Duflot n’ayant fait qu’assombrir le paysage.

Tout cela n’est pas propice pour opérer un retournement sur le moral des Français qui reste emprunt du pessimisme le plus noir. Il faut dire que les chiffres d’activité nous ramènent six ans en arrière, au premier trimestre 2008. Le pays fait du surplace, alors que sa population active continue d’augmenter. Certes, globalement, la zone euro a perdu 3% de produit intérieur brut par rapport à cette époque, en raison des avatars des pays du sud, mais les grandes nations du continent ont repris leur marche en avant, alors que nous piétinons. Il est bien connu que dans les cycles économiques, la France est moins frappée que les autres, mais elle repart aussi beaucoup plus lentement, ce qui laisse aux citoyens un sentiment de frustration. Au point que le gouvernement craint toujours une explosion sociale face à l’ampleur des mécontentements, ce qui pourrait le conduire à retarder une fois de plus les réformes et à laisser se poursuivre la voie du déclin.

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