Ministère de l'Intérieur
Criminalité : les pendules de Christophe Castaner retardent
France coupe-gorge : des pendules criminelles qui retardent
Xavier Raufer
Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date: La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers.
Suite à l'interview de leur ministre dans le Journal du Dimanche écoulé, inquiétude chez des patrons de la police et hauts cadres du ministère de l'Intérieur. Pour eux, le discours ministériel donne une pénible impression d'archaïsme et semble remonter à 2010, époque où la situation criminelle était toute autre. Pour ces familiers de la Place Beauvau, c'est le signe que le ministre méconnaît les affaires de sécurité et s'est fait "enfumer" par son cabinet-police, classique et courtisane dissimulation de la gravité de la situation. Voyons maintenant le contenu de l'entretien lui-même.
- "Reconquérir, mètre carré par mètre carré, la souveraineté républicaine". Quel aveu. Elle est donc perdue, cette souveraineté ? Du fait de qui ? Ca remonte à quand ? Forte envie des experts d'en savoir plus là-dessus.
- Passage dans l'ordre protocolaire officiel, de la seconde à la dixième place : "cela ne me semble pas très important", dit le ministre. Oh que si ! L'humiliant symbole est clairement perçue dans les territoires à "reconquérir", où les racailles ont des yeux pour voir et des antennes dans la France officielle (leurs avocats).
- "Lutte contre la délinquance du quotidien" : Pour M. Castaner comme pour la presse-Macron, le crime n'existe pas. Seule en cause, une aimable "délinquance", édulcorant bien connu de la gauche-caviar et des médias du régime.
- "Quand vous mettez trente policiers de plus dans un quartier, ça change tout". Oh que non. Ce propos reflète une classique illusion policière, l'afflux policier faisant jouer l'effet de déplacement - et courir les policiers après des voyous plus mobiles et flexibles qu'eux. Voir la place Stalingrad à Paris, et aussi Sevran, depuis deux décennies.
- "Partout où l'on voit que la République recule, il faut agir". Triste logique réactionnaire-statique : réprimer le crime n'est pas attendre que le pire advienne, ni courir derrière les réseaux sociaux et les médias ; c'est anticiper, prévenir.
- Inquiétant : à la question "avez-vous reçu une feuille de route ?" pas de réponse, hors les platitudes d'usage. M. Castaner est-il en roue libre ?
Au total, nulle stratégie de sécurité claire mais de la maintenance, des propos convenus, de la continuité banale. Or les quartiers à "reconquérir" ne sont pas une simple affaire de maintien de l'ordre, ni de commissariats à repeindre. Et le lancinant leitmotiv "sans faiblesse... aucune faiblesse..." ne se déclame pas, il se prouve. Exemple, les homicides et tentatives à l'arme blanche, qui augmentent sérieusement.
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