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Coupe du monde : l'Albiceleste sera toujours l'Albiceleste !
©Reuters

"La main de dieu"

Cela peut paraître risible, délirant, lamentable voire blasphématoire. Mais le football argentin a dimension mystique.

Vincent Roger

Vincent Roger

Né en 1969, élu de Paris de 2008 à 2020, conseiller de plusieurs ministres, Vincent Roger a été délégué spécial de la région Île-de-France aux Jeux olympiques et paralympiques de 2017 à 2021.

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Pour les Argentins, le football est plus important que la gastronomie, pour nous, Français, ou que le rugby pour les Néo-Zélandais, que la neutralité pour les Suisses ou que la reine Elisabeth pour les Anglais. C’est, pour eux, mystique. Avec eux, le tout-puissant n’est jamais très loin. Rappelez-vous quand Maradona marqua de la main, lors du Mondial 1986, un but contre les Anglais, il appela cela « la main de dieu ».

Paradoxe de l’histoire, ce sont des marins anglais qui « importèrent » ce sport en Argentine en 1867.  Le lendemain de cet inoubliable Angleterre-Argentine, le grand dramaturge uruguayen Mario Benedetti déclara le plus sérieusement du monde que ce but de Maradona « était la seule preuve indéniable de l’existence de dieu ». Toujours suite à ce match, deux journalistes argentins fondèrent une église maradonienne. L’un deux, Hernan Amez, expliqua « le football a eu des rois et des princes, mais il n’eut qu’un dieu : Maradona ».

Cela peut vous apparaître risible, délirant, lamentable voire blasphématoire. Mais c’est la réalité. Inutile de vouloir appréhender le football argentin, si on n’a pas à l’esprit qu’il génère, pour son peuple, une incroyable puissance spirituelle.

Quant à l’actuel meneur de jeu des bleus et blancs, il se nomme Messi. Cela ne s’invente pas ! La preuve : même quand l’Argentine joue mal, il y a toujours un miracle. Le match contre l’Iran de samedi en a été une nouvelle démonstration. Ce match fut une véritable « attaque-défense ». Les Argentins possédèrent la balle pendant 70% du temps. Tous les iraniens jouèrent comme défenseurs. Grâce à quelques contres bien construits, les Perses auraient bien pu l’emporter. Mais à la 90e minute un Messi - quasi inexistant durant tout le match - claqua une frappe enroulée magistrale. Une pure merveille qui donna la victoire à l’Albiceleste. Volonté divine, durent se dire les 40 millions d’Argentins sur le chemin d’une rédemption collective.

Cinq jours plus tôt, il en avait été de même contre la Bosnie. En deux matchs, Messi tira deux fois au but, cadra deux fois et marqua deux fois. Du jamais vu ! Pour les Argentins, ce n’est pas de la chance. Cela s’apparente à la providence. Ne cherchez pas d’explication rationnelle. C’est impossible avec le football argentin. Il n’est pas terrestre. Il est céleste. Il ne tourne pas autour de lois mais de la foi. Toute réflexion cartésienne est donc à proscrire. « Le football argentin est aussi difficile à définir que le péronisme » disait Jorge Valdano (champion du Monde en 1986). Bien vu ! Dites-vous, une fois pour toutes, que l’Albiceleste sera toujours l’Albiceleste ! C'est-à-dire une équipe à part.

Etant par nature disciple de Descartes, au regard de ces deux premières prestations, je ne crois pas que l’Argentine puisse gagner ce Mondial. Mais personne en Argentine n’en doute. Les Argentins croient en leur destin. Avec un pape argentin - un bon présage de plus -, il ne peut en être autrement. L’histoire du football a prouvé que l’Argentine, à partir des huitièmes de finale, pouvait parfois se transcender. Avec l’aide de dieu ?

Attention devant votre téléviseur, vous pourriez ainsi - tel Paul Claudel derrière un pilier à Notre-Dame - avoir une révélation. Le football argentin par moment devient divin. Prions, pour le beau jeu, qu’il en soit ainsi. Prochaine messe : Argentine-Nigéria le 25 juin !

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