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Non, les cougars ne sont pas des vieilles frustrées mais des épicuriennes !
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Super féline

L'image de la cougar, autant raillée que critiquée, est souvent celle d'une femme qui cache sa peur de vieillir derrière la jeunesse de ses conquêtes. Pourtant, elle peut aussi être une femme sûre d'elle-même... Dans "Méfiez-vous des femmes" Catherine Euvrard en dresse le portrait (Extrait 1/2).

Catherine Euvrard

Catherine Euvrard

Catherine Euvrard dirige CE Consultants, l'un des plus importants cabinets de chasseurs de têtes, spécialisé dans le recrutement de cadres supérieurs et dirigeants. Ses deux précédents ouvrages : En avoir ou non, secrets d'un chasseur de têtes (JC Lattes), On marche sur la tête ! (Eyrolles).

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Je l’aime bien, Marie, même si je trouve parfois qu’elle pousse un peu… Ses « bonnes amies», que je soupçonne de jalouser sa liberté d’action et de sentiments, la décrivent comme une « cougar ». Autrement dit une dame d’âge mûr qui s’intéresse aux petits jeunes. Et alors ? Quel mâle y a-t-il à ça, si j’ose dire ? J’ai rencontré Marie à l’occasion de vacances que nous passions dans le Midi. Ce soir-là, nous assistions en famille à un festival de musique classique. Une connaissance commune nous la présenta.

Marie était déjà veuve, à cette époque, mais un mélomane nettement plus jeune qu’elle virevoltait autour de sa personne, en zélé chevalier servant. Il lui détaillait le programme, multipliant les anecdotes amusantes sur les interprètes. À la fin du concert, alors que nous nous dirigions tous ensemble vers un bistrot du cru pour y dîner, l’ami qui nous avait présenté ce couple original nous glissa avec un sourire entendu : « Marie, c’est un drôle de numéro, vous verrez… »

Nous avons vu, et l’avons même revue assez régulièrement. La compagnie de Marie est recherchée, en effet, dans la mesure où cette jeune préretraitée est agréable à fréquenter, vive, gaie et cultivée. Elle s’intéresse aux arts, mais n’en oublie pas pour autant de soigner sa ligne, trois fois par semaine, dans une salle de sport des beaux quartiers. Je connais tous ces détails parce que nous sommes sortis avec elle et le coach personnel qui la conseille – un beau garçon tout en muscles, très attaché à elle si j’ai bien compris.

Par la suite, nous n’avons pas revu le mélomane, non plus que le moniteur de gym d’ailleurs. En revanche, dans les mois qui ont suivi, nous avons fait connaissance, grâce à elle, d’un jeune peintre plein d’avenir et surtout assez joli minet, puis d’un architecte-paysagiste du genre beau ténébreux, puis encore d’un avocat assez connu qui semblait boire ses paroles. Et puis… Et puis j’en oublie sûrement. Bref, je ne l’ai jamais croisée seule. Je veux dire sans un homme plus jeune qu’elle d’au moins dix ou quinze ans. À chaque fois, je trouve la situation drôle, gonflée, culottée. J’y repense maintenant, curieusement, jamais le mot « ridicule » ne me vient à l’esprit quand je songe à Marie. Peut-être parce qu’elle-même a l’air de trouver cela tout naturel et qu’elle rit de bon coeur de ses « bonnes fortunes », un peu comme le ferait un mec.

Son modèle (elle me l’a confié une fois, en riant), c’est l’écrivain Colette. Vous connaissez forcément l’histoire : à trente-sept ans, Colette plaque son homme, Henry de Jouvenel, pour se précipiter dans le lit du fils de celui-ci, Bertrand, alors âgé de… dix-sept ans. Un scandale qui fit longtemps jaser le Tout-Paris littéraire. Mais l’exemple vient d’encore plus loin : c’est Phèdre amoureuse de son beau-fils. Elle choqua aussi bien Euripide que, beaucoup plus tard, un certain Jean Racine. Au point qu’ils en firent des pièces au terme desquelles la séductrice reçoit le châtiment qu’on estimait alors mérité. Je me souviens aussi des critiques essuyées, au début des années 1960, par le couple « scandaleux » formé par Édith Piaf et le bien pâle Théo Sarapo…

Encore aujourd’hui, les messieurs trouvent très drôle – et normal – de se moquer de celles qu’ils appellent les « cougars ». Ils en font des personnages comiques et ridicules pour comédies de boulevard ou sitcoms américaines. Rappelons que le cougar est un félin solitaire qui vit dans les montagnes et dévore à peu près tout ce qu’il trouve, depuis de jeunes animaux jusqu’à des charognes. Pas très flatteur… Mais au fait, quel est le masculin de cougar ? Les Américains qualifient les messieurs qui s’attaquent à des tendrons de sugar daddies (littéralement, « papas sucre »). Moi, je propose carrément « vieux beaux ».

Et puis non, c’est encore trop gentil, puisqu’un vieux beau est au moins supposé beau, ce qui est loin d’être toujours le cas. Non, finalement, je préfère les désigner par le terme de « blindés ». Blindés d’argent, cela s’entend, puisque c’est grâce à leur compte en banque que ces hommes attirent des minettes beaucoup plus jeunes qu’eux. Pour un Picasso ou un Chaplin qui subjuguaient les jeunes personnes par leur génie, combien de crétins décatis s’offrent des filles sublimes par le seul mérite de leur portemonnaie ? Est-ce plus glorieux ou moins ridicule que l’inverse?

Je ne trouve pas. D’autant que, j’en témoigne, ce n’est pas à son argent que Marie doit ses succès amoureux. Bien sûr, il lui arrive de payer la note du restaurant, ou la facture de l’hôtel quand elle s’offre un « week-end garni » comme elle dit drôlement. Mais ce n’est pas toujours le cas. Mon amie a manifestement d’autres atouts dans son jeu : son humour, son dynamisme, sa conversation brillante, sa disponibilité. Et puis peut-être, après tout, que l’expérience, cela vaut aussi pour ce qui se passe le soir, sous la couette. Et que ça n’a pas de prix aux yeux de certains hommes qui ne demandent qu’à s’instruire…

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Extrait de Méfiez-vous des femmes, EYROLLES (31 mai 2012)

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