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Côte d'Ivoire : les scénarios
de l'après Gbagbo
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Crise africaine

Les révolutions arabes ont détourné l'attention des médias et des chancelleries occidentales du conflit larvé en Côte d'Ivoire. Deux présidents, deux légitimités, un pays qui s'enfonce...

Les regards se sont éloignés de la Côte d’Ivoire ce qui a permis au clan Gbagbo de se renforcer,  il compte sur la lassitude de la communauté internationale. On est dans une situation très grave, dans une guerre latente qui peut devenir une véritable guerre civile. Sur le terrain, les forces spéciales de Gbagbo et les jeunes patriotes qui ont reçu des armes, sont prêts à en découdre contre tous ceux qui viennent du nord, dans un mouvement ethno nationaliste.

Les forces nouvelles, du côté de Ouattara, résistent à Abidjan, dans différents quartiers, mais leur objectif  est de reprendre San Pedro, pour prendre le contrôle du cacao. Pour l’instant San Pedro reste sous le contrôle de Gbagbo.

Au stade des accrochages, pas encore de la guerre

Rien à voir cependant avec les combats de Libye. Ils n’ont pas les mêmes moyens. Mais les deux parties  ont des lance-roquettes, des armes lourdes, des véhicules militarisés. Pour l’instant, ils n’utilisent que de manière épisodiques ces armements, nous sommes dans une confrontation, avec des tirs sporadiques de roquettes, ou d’armes automatiques. Ce sont des accrochages.

En fait, cela ressemble beaucoup à ce qui se passe à la frontière libanaise, avec les accrochages réguliers entre l’armée israélienne et le Hamas. Côté bilan humain, les chiffres officiels sont de 440 morts, mais d’autres sources donnent plus de 1 000 morts. Au milieu, 10 000 hommes de l’ONUCI (Organisation des Nations-Unies en Côte d'Ivoire) tentent de s'interposer. La CEDAO (Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest) voudrait renforcer son mandat, pour intervenir en faveur de Ouattara, mais ce n'est pas fait...

Pendant ce temps, 200 000 personnes originaires d’Abidjan ont fui la ville. Gbagbo espère que les ivoiriens originaires du Nord qui vivent au Sud quittent le territoire afin de faire une sorte de « purification ethnique », alors que le conflit ivoirien n’est pas un conflit ethnique, ni religieux. Mais l’on est aujourd’hui dans un jeu qui s’ethnicise et se marque religieusement.

Les voies de sortie de la crise

Les scénari sont multiples. Le premier est celui de l’enlisement. La Côte d’Ivoire est dans une situation de "ni guerre ni paix" depuis 10 ans. Les élections présidentielles auraient dû dénouer la situation mais on peut imaginer une situation qui persiste pendant des années avec des affrontements légers, avec deux présidents deux économies. Peu probables, mais on ne peut l’écarter.

Deuxième scénario, une partition de fait. Gbagbo dit je suis président du Sud, et Ouattara dit je suis président du Nord, ou ils sont de fait président du Sud et du Nord. C’est peut être ce que souhaite Gbagbo.

Troisième scénario, un compromis à l’africaine, avec un retrait de Gbagbo, avec un gouvernement et une réconciliation nationale, avec toutes les forces qui gouvernent, comme un duo Mugabé Zangari au Zimbabwe, ou un duo Kibaki Odinga au Kenya.

L’union Africaine aimerait un compromis à l’africaine, mais cela dépend des rapports de force qui existent. Si Gbagbo est asphyxié économiquement, et si comme vient de le proposer ce vendredi la CEDAO, l’ONUCI est renforcée par l’ECOMOG (force africaine d'intervention), on peut avoir des rapports plus défavorables à Gbagbo. On peut envisager un compromis à l’africaine si les rapports de force et l’asphyxie économique lui sont défavorables. Tout cela peut se faire d’ici 15 jours, 1 mois, mais tout dépend du rythme de l’asphyxie économique, et de la capacité des Nations Unies à se préoccuper de ce dossier en même temps, à coté de la crise libyenne.

Dernière solution, hélas, c’est l’affrontement ouvert. On a déjà un véritable drame sanitaire et humanitaire en ce moment, et le scénario du pire avec une guerre civile est tout à fait possible et à craindre. Le représentant des Nations Unies pense que c’est le scénario plus probable, encore aujourd’hui.

Il faut bien retenir que Gbagbo est un saint politique. Ce n’est pas sur qu’il aille jusqu’au bout. Je pense que la menace de la guerre civile sert à faire partir les non originaires du Sud vers le Nord. Si guerre civile il y a, la communauté internationale ne pourra pas être impassible comme au Rwanda. Les Nations Unies, qui s’étaient retirées du Rwanda, ne pourront pas fermer les yeux. 

Propos recueillis par Jean-Baptiste Giraud

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