Futur réseau ferroviaire
Contrat État - SNCF Réseau : quand l’Etat se résigne sans le dire à renoncer au train
Le contrat de performance qui fixe la trajectoire de SNCF Réseau jusqu'en 2030 a été discrètement signé avec l'État le 6 avril dernier, juste avant le premier tour de l'élection présidentielle.
Atlantico : Vous révélez des imprécisions et des financements problématiques dans le contrat qui lie l’Etat et SNCF Réseau. Quels sont-ils ?
Laurent Durand : La dotation de financement donnée à SNCF Réseau est tellement insuffisante pour permettre un entretien normal de l’ensemble du réseau.
Dans cet entretien, on compte les interventions pour les réparations tout au long de l’année ainsi que les régénérations complètes.
Le gouvernement a lâché une enveloppe de 2,8 milliards là où il en faudrait 1 milliard de plus. La moyenne d'âge du réseau ferroviaire français et de 30 ans quand il est de 15 ans en Allemagne. Sans régénération, l’âge moyen continuera de grandir.
Les syndicats, les médias professionnels du transport ou bien même Jean-Pierre Farandou, le grand patron de la SNCF et Luc Lallemand, le patron de SNCF Réseau, s’accordent à dire que ce contrat pose de nombreuses problématiques. Comment expliquer cette situation ?
Il est assez rare de voir tous les acteurs de la chaîne ferroviaire, des patrons jusqu’aux syndicats et aux agents, tous ensemble d’accord pour dire que ce contrat est largement sous doté. Il est plus difficile pour la direction de communiquer dessus car ils sont nommés par le Conseil des ministres. Les syndicats ont fait leur travail d’information mais il n’a pas été entendu.
Quelles seront les conséquences de ce nouveau contrat, tant pour la SNCF que les utilisateurs du réseau ? Faut-il craindre un appauvrissement de l’offre de transport, voire de possibles fermetures de lignes dans un avenir plus ou moins proche ?
Sans entretien, un réseau se dégrade mais le haut niveau de sécurité du réseau de la SNCF fait qu’il va se dégrader très lentement. Et pour éviter de prendre des risques, SNCF Réseau va devoir petit à petit diminuer la vitesse sur certaines lignes. Ce phénomène peut durer sur des années. Par exemple sur une ligne où actuellement on roule à 160 km/h on peut l’année prochaine ne rouler qu’à 140 km/h puis dans deux ans à 120 puis à 80 km/h dans cinq ans. Ce qui rend le chemin de fer de moins en moins compétitif par rapport à d’autres modes de transport.
Une partie des lignes UIC 7 a 9 sont en cours de transfert vers les régions. Le contrat entre l’État et SNCF réseau dont on parle ne couvre que les lignes de un à six.
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