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Confiner c’est mourir un peu. Ne pas le préparer, c’est mourir sûrement.
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Les entrepreneurs parlent aux Français

Dans les médias, au moment du 20 heures, on cherche avant tout les pays dans lesquels les statistiques mortelles s’empirent, car celles qui s’améliorent intéressent peu. Le morbide rapporte plus.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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A l’heure où les meilleurs spécialistes, pas ceux de notre comité scientifiques qui ont montré leurs limites (ils ont donné le feu vert à la tenue des municipales, entre autres faits de gloire, et comprennent 2 spécialistes des sciences sociales, mais aucun des sciences économiques), indiquent que nous sommes certainement entre 1 et 4 millions de contaminés, ce qui ramène les statistiques de létalité à un chiffre assez insignifiant, sans offense pour les familles des 6000 victimes, l’économie est toujours absente des débats. L’économie, c’est sale, ses profits financent notre système de santé… 

A l’heure où le Grand-Est possède à nouveau nombre de lits disponibles. A l’heure où les violences conjugales, défénestrations d’enfants, explosent. A l’heure, où les dépôts de bilan des PME et TPE, s’accélèrent, assourdies par le silence des tribunaux fermés, la question de la sortie de crise n’est toujours pas au centre des débats. Demain, c’est loin. Seule la dictature du présent compte. Pourtant, la réelle question, désormais, c’est bien la sortie de crise. L’aveuglement du début de crise, n’a d’égale que la surdité aux conditions de sa sortie. Triste. Bien triste. Pourtant, les morts demain, si nous ne sortons pas vite, seront bien plus nombreux. Beaucoup plus nombreux.

On ne peut déconfiner que si l’on peut « masquer », « tester », « soigner ». 

Pour cela, il faudrait sortir de ce postulat stupide du masque pour certains. Ce devrait être au contraire « des masques pour tous ». Partout où les masques sont présents depuis le début de la crise (Taiwan, Corée, Hong Kong…) non seulement les morts sont infiniment moins nombreux, mais les entreprises plus nombreuses à être toujours ouvertes (70% en Allemagne, plus encore en Suède même si il faut rester prudent sur le sort de cette liberté totale). 

Pour cela, il faut tester, car en testant on sépare les malades des autres, et on laisse les « valides » travailler. Bien entendu, il faut montrer du doigt Amazon, qui est certainement un virus pour l’humanité bien pire que le Covid-19, tant la preuve enfle chaque jour des dégâts que cette entreprise cause à l’emploi et à la valeur ajoutée (voir le livre de Andrew Yang, qui a été candidat à la primaire Démocrate aux USA, « War on normal people), mais Amazon, sur le fonds, à raison. Le droit de retrait est anormal, le travail devrait être, encore aujourd’hui, malgré tout, la norme. Oui cela contribuerait à un encombrement supplémentaire des hôpitaux, c’est triste, mais on ne peut pas tuer l’économie uniquement parceque l’hôpital a été abandonné par nos gouvernements depuis 20 ans, qui ont confondu coupe sombre et stratégie de réforme. 

Si on maintient le droit de retrait, et que l’on considère que les accidents routiers tuent chaque année environ 2,8% (contre 0,55% à ce jour pour le Covid) de la population mondiale, alors légitimement, les salariés devraient refuser d’aller travailler chaque jour, puisqu’ils doivent traverser la route ou conduire pour venir travailler !! Supprimons le droit de retrait, que nous devons réserver pour un Ebola ou un Tchernobyl.

Pour cela il faut soigner, et cesser ces tergiversations « abracadabrantesques » sur l’hydro-chloroquine, qui marche, sans doute possible, en amont du traitement. Les effets secondaires, nous les connaissons depuis…….50 ans que ce traitement existe, et que j’ai consommé à « outrance » ces 30 dernières années, comme tous ceux qui vont en Afrique régulièrement.

Mais surtout, pour cela il faut du courage et de la vision. Cela élimine Castaner, d’office. Mais questionne aussi la position du gouvernement, qui semble se satisfaire de la remontée de la cote de popularité du Président. Le même sondage, qui montre une défiance pour le gouvernement, ce qui questionne sur la validité et l’utilité d’un sondage.. Mais c’est une autre histoire.

Du courage et de la vision. Il faut donc au même moment, déconfiner, tester, masquer et soigner. A cette condition l’économie pourrait repartir, avant que la récession ne pointe son nez et ne nous communique une « crève » carabinée.

Priorité aux territoires. Les communes rurales, les territoires petits et moyens, qui meurent de l’absence d’emploi et d’activité, doivent être ré-ouverts dès maintenant, afin que les derniers fils économiques qui les retiennent à la vie, les artisans, commerçants, TPE, qui les maintiennent en vie, ne disparaissent. Le taux de contamination y est quasi nul, et l’inexistence d’échanges et transports, ne risque pas de changer ce fait. Rappelons que même si nous étions 4 millions à être contaminés, cela laisse 64M de citoyens épargnés.

Priorité à tout ce qui s’apparente au tourisme et la consommation de masse. Ré-ouvrons les frontières aux pays ayant le même niveau de contamination. Nous ne pouvons pas contaminer si nous le sommes déjà et inversement. Rouvrir à l’Afrique et aux USA est hors de question pour au moins 15 jours ou 3 semaines, surtout à NYC ou Miami, ou encore LA ou le Texas. Même si avec 245 000 contaminés sur un peu moins de 400M de personnes, il existe encore une marge pour le meilleur (pour le pire aussi). Mais ouvrir à l’Allemagne, notre premier partenaire commercial, et prochainement à l’Italie ou même l’Espagne, est organisable. 

Ouvrir les hôtels et les restaurants également. Même si les restaurants ouvrent 1 table sur 3 pour respecter les distances de sécurité, imposent le masque et distribuent le gel hydro-alcoolique à tous les clients. La saison démarre, c’est 40% de leur chiffre annuel. Laissons-les vivre. Idem pour les festivals cet été. Ce sont des milliers de saisonniers, qui y puisent 50% de leur revenu annuel. Sans cela, ils sombreront dans l’indigence. Là aussi, test négatif obligatoire pour entrer, masques et gel obligatoires. Laissons juillet et août se dérouler normalement.

Au pays de la gastronomie, ce sont les Mac Do qui vont rouvrir demain, c’est certainement une mauvaise plaisanterie. Le burger pour se substituer aux pâtes ?

Ouvrir les marchés. Pourquoi seraient-ils plus nocifs que les magasins fermés où les distances sont plus complexes à maintenir ? Une nourriture de qualité, directement du producteur au consommateur, sans intermédiaire et chaîne logistique, me paraît moins dangereuse, non ?

Et bien entendu, supprimons le droit de retrait. C’est inadmissible et non justifié. En applaudissant les soignants (et c’est magnifique) chaque soir, on laisse s’exprimer tous ceux qui ne travaillent plus, et qui devraient montrer leur solidarité avec ceux, qui eux, travaillent toujours en reprenant le travail. 

Il faut pendant ce temps, mettre la priorité sur nos aînés et les mettre à l’abri, comme dans les pays asiatiques qui ont démontré leur savoir-faire et surtout leurs résultats (Taiwan, Corée, Hong Kong à nouveau), ainsi que les personnels les plus en ligne avec la maladie. Bref cantonner les plus fragiles, et ceux qui les soignent.

Tout cela d’un coup ? Sans préparation ? Aussi facilement ? NON !! Mais prévoyons-le et organisons-le. Laissons remonter à la surface les idées, les propositions, pour un déconfinement certes progressif, mais rapide, qui commencerait dans 15 jours au maximum. Laissons s’instaurer un débat national, incluant les entrepreneurs, les médecins, les sociologues, les associations, les historiens, notamment politiques, qui savent les dégâts que recèle une récession, pour la vie humaine, et au-delà, pour la démocratie, qui a toujours été menacée, justement, pendant ces périodes. Au prix de millions de morts parfois.

Je ne suis pas, nous ne sommes pas (cette tribune est le fuit de discussion quotidienne avec des dizaines de personnes de tous bords, obédiences, point de vue, opinions et de responsable d’organisations, qui partagent l’envie de mettre le débat sur la table, vite), d’affreux dogmatiques, dé féroces capitalistes sans humanité, qui préfèrent Wall-Street à la vie humaine, et feraient du négationnisme sanitaire et humanitaire. Chaque mort est un mort de trop. Mais pour chaque mort économique, ce seront 100 morts de plus. C’est justement par respect de l’humain, le respect des plus fragiles, que nous nous devons de nous préparer. Maintenant.

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