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Complémentaire santé : économistes atterrés ou atterrants ?
©Reuters

Offensive idéologique

Dans une note lapidaire, des économistes atterrés livrent des considérations atterrantes sur la généralisation de la complémentaire santé, dont la conclusion est simple : il faut instaurer un remboursement des dépenses de santé à 100% et supprimer les complémentaires. Si chacun comprend bien la visée idéologique des auteurs de la note, issus d’un "laboratoire" universitaire, l’absence complète de sérieux scientifique dans la démarche laisse pantois.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Dans une note lapidaire publiée notamment par Mediapart, des économistes atterrés livrent des considérations atterrantes sur la généralisation de la complémentaire santé, dont la conclusion est simple : il faut instaurer un remboursement des dépenses de santé à 100% et supprimer les complémentaires !

Complémentaire santé: note des économistes atterrés from Eric Verhaeghe

Une absence complète d’analyse scientifique

Si chacun comprend bien la visée idéologique des auteurs de la note, issus d’un "laboratoire" universitaire, l’absence complète de sérieux scientifique dans la démarche laisse pantois. La note constate en effet une évidence : la généralisation de la complémentaire santé ne vient pas à bout de tous les cas d’assurés sociaux non-couverts par une complémentaire santé. Par une pirouette étonnante, les auteurs affirment sans le moindre élément de preuve que la situation de ces derniers va se détériorer du fait de la généralisation.

De façon encore plus stupéfiante, les auteurs affirment sans un seul élément d’expérience concret que le libre choix de l’assureur par les entreprises, après la suppression des désignations, renchérit les prix au lieu de les modérer. C’est bien connu ! Plus un marché est concurrentiel, plus les tarifs sont élevés.

On ne s’étonnera d’ailleurs pas de voir les auteurs n’apporter aucun élément de preuve à cette assertion grotesque, puisqu’elle est contraire à la réalité. Depuis l’été 2014, en effet, la concurrence a permis de stabiliser les tarifs conventionnels. En revanche, il est beaucoup plus confortable d’affirmer le contraire pour des raisons purement idéologiques, et de nourrir ainsi la doctrine du "100% Sécu".

Une offensive idéologique en bonne et due forme

Cette note, qui illustre une fois de plus le peu de sérieux universitaire français, participe à l’offensive idéologique sur le retour des désignations, pourtant jugées contraires à la liberté d’entreprendre par le Conseil Constitutionnel. Rappelons que ce retour n’est certainement pas motivé par des considérations d’intérêt général, mais vise essentiellement à préserver le financement occulte des organisations syndicales sur le dos des salariés.

Les amateurs de "guerre idéologique" regarderont la méthode avec amusement. Les Économistes Atterrés, qui ne cachent pas leur volonté de peser dans une lutte très politique contre "l’orthodoxie néo-libérale" dévoilent ici le vrai visage de leur combat : se mettre au service des intérêts particuliers qui utilisent la cause de la "solidarité" pour nourrir leurs fromages. La leçon mérite d’être retenue : même dans la lutte idéologique, la syndication est devenue la règle.

Les dangers du 100% Sécu

Ceux qui utilisent des groupes d’influence comme les Économistes Atterrés pour mener leur combat contre le libre choix de l’assureur en complémentaire santé devraient se méfier des dommages collatéraux qui se préparent. Dans l’esprit des détracteurs de la libre concurrence, la désignation n’est rien d’autre qu’un pis-aller, une sorte d’étape préparatoire avec le passage à une nationalisation complète du système.

Or chacun sait l’absurdité économique et sociale de cette option. Le remboursement à 100% accélère la déresponsabilisation des acteurs et dégrade automatiquement les performances de la protection sociale, puisqu’elle interdit toute mitigation du risque. En outre, le remboursement à 100% tuera les groupes paritaires. Et c’en sera fini, des postes de délégués généraux à 50.000 euros par mois, voire plus, au nom de l’intérêt des salariés.

Cet article a initialement été publié sur le blog d'Eric Verhaeghe

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