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Comment va la révolution ? Mal : Che Guevara est mort et Loïc Canitrot, le co-créateur de Nuit Debout, ne se sent pas très bien …
©CC Flickr_markhillary

Théâtre révolutionnaire

Sur les planches de son théâtre, il se trémousse avec passion. Et fort de son expérience du spectacle, il règle la mise en scène de la Nuit Debout.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le plus connu des deux, c'est François Ruffin. Son film, Merci Patron, a cartonné. Il a un copain, un pote, un camarade, Loïc Canitrot. Ce dernier dirige une troupe de théâtre "Jolie môme". Tous deux sont des organisateurs, des G.O., (gentils organisateurs) de la Nuit Debout. Normal, ils ont l'expérience des planches, des caméras et du cabotinage. En outre, tous deux sont intermittents du spectacle, ce qui les qualifie pour se produire Place de la République, l'agora et le forum de l'intermittence. De toutes les intermittences : intermittence de l'intelligence, du sens et du bon-sens.

Loïc Canitrot vient enfin de sortir de l'anonymat dans lequel le plongeait l'ombre envahissante et gigantesque de François Ruffin. Il a mené une très belle action de guérilla urbaine en occupant – brièvement il est vrai – le siège du Medef à Paris. La résistance du patronat a été farouche. Un nervi de Pierre Gattaz lui a donné un coup de pied dans les c…es. Il a hurlé car ça fait très mal. Ses camarades protestent, et continuent de protester avec vigueur, contre cette intolérable violence patronale. 

La police, aux ordres du Medef, n'a rien voulu savoir. Ce n'est pas le sbire du patron des patrons qu'elle a embarqué, mais Loïc Canitrot. On l'accuse de violation de domicile. Il a passé plusieurs heures en garde à vue, sans égard aucun pour ses douleurs génitales. Et il sera déféré devant un juge d'instruction. Jusqu'à cet héroïque épisode on ne connaissait pas le nom de Loïc Canitrot. Cette ignorance fâcheuse, cette faute, cette erreur sont enfin réparées. Car la troupe "Jolie môme" dont M. Canitrot est le patron (oh ! pardon pour ce gros mot) mérite d'être connue. Sa programmation, son répertoire, ses costumes éclairent de façon lumineuse les images que renvoie la Nuit Debout. Et en même temps on amplifie ses borborygmes. 

"Jolie môme" se définit comme une troupe révolutionnaire. Elle s'invite partout où il y a des "luttes". Elle assure le repos du zadiste de Notre-Dame-des-Landes. Réconforte les résistants de la Place de la République. Et encourage les cheminots engagés dans une bataille du rail contre le pouvoir des sociaux-traitres. 

A son répertoire, du Brecht et du Prévert. Avec Brecht, c'est la garantie d'avoir l'impression de lutter contre la bête immonde hitlérienne. Avec Prévert, on se love dans les bras tendres du Front Populaire et on défie Vichy et ses "heures les plus sombres de notre Histoire". Ça c'est du solide. Du durable. Du garanti inusable. Du pas frelaté. Pour les costumes, on ira les chercher au magasin des accessoires rouges : le monocle de Trotski, la vareuse bleue de Mao, le T-shirt avec le Che. 

Pourtant on a beau être rouge, un petit éclair de lucidité indique que tout n'est pas rose. Qu'occuper le siège du Medef, après que la CGT, quand même plus efficace, a piqué le compteur électrique de Gattaz, ce n'est pas mettre le feu à la Bourse ou règne en mettre le monstre du Cac 40. Oui, il y a un peu de tristesse dans le regard mélancolique de Loïc Canitrot. On lui demande "Comment va la révolution ?". Il répond : "Mal ! Che Guevara est mort, et moi-même je ne me sens pas très bien."

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