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Comment tout le secteur de la finance devrait voir son chiffre d'affaires divisé en deux par cette nouvelle tendance…
©REUTERS/Nigel Roddis

La bourse aux indices

La gestion indicielle est beaucoup moins chère pour le consommateur, donc beaucoup moins rentable pour les institutions financières.

Si votre ennemi, c’est la finance, mais que la timidité des réformes vous décourage, ne désespérez pas : inéluctablement, le chiffre d'affaires des gestionnaires d’actifs diminue, à mesure que les investisseurs privilégient les fonds indiciels.

Un fonds indiciel est un fonds de placement dit passif : sa valeur suit tranquillement un indice boursier, et les gestionnaires d’actifs procèdent seulement à des rééquilibrages occasionnels. Il se distingue des fonds actifs qui supposent une gestion beaucoup plus dynamique, un cours plus volatil, un risque plus intense, et potentiellement un rendement plus élevé.

Les fonds actifs forment le cœur de l’activité boursière et constituent environ 65% des 16 000 milliards de dollars placés. Ils génèrent à la fois des frais de gestion importants et des frais de courtages qui font les bénéfices des sociétés financières.

Bien entendu, dans le cas des fonds indiciels, ces bénéfices sont bien moindres : même pour les fonds côtés (dits ETF), les frais de gestion sont trois fois moins chers – sept fois moins s’ils ne le sont pas. Quant aux frais de courtage, ils sont quasiment inexistants.

On comprend l’ampleur du phénomène, et l’inquiétude des sociétés financières. Si les fonds indiciels prenaient de l’importance, les conséquences sur ces dernières seraient très importantes.

Or, c’est justement ce que Bloomberg constate : depuis plus de 10 ans, les investisseurs délaissent les fonds actifs au profit des fonds indiciels. Dans les quinze derniers mois seulement, 250 milliards de dollars ont été déplacés des premiers aux seconds.

Vous pouvez sauter ces paragraphes si vous n’aimez pas les maths.

Si la dynamique se poursuit, les gestionnaires assisteront à l’envolée de 1 000 milliards de dollars tous les quatre à cinq ans. Il est prévu que 40 % aillent aux fonds indiciels, et 60 % aux fonds indiciels côtés. En moyenne, les frais de ces placements ne s’élèveront plus à 0,71 % mais à 0,20 % : c’est une dégringolade de 70 % des revenus financiers.

Autrement dit, en 10 ans, près de 2 500 milliards de dollars se déplaceront vers les fonds indiciels. Au lieu de générer 18 milliards de frais, cet argent n’en générera que 5 milliards : la sphère financière connaîtra un manque à gagner de 13 milliards de dollars. En 20 ans, le manque s’élèvera à peu près à 30 milliards.

C’est ainsi que la sphère financière va diminuer de moitié.

A titre de comparaison, prenons l’industrie musicale : en 2000, elle générait un chiffre d'affaires de 13 milliards de dollars, essentiellement issus de la vente de CD. Enfin Napster vint ; d’après les données de Bloomberg, les ventes de musique ne produisent plus que 7 milliards. L’industrie a été contractée de moitié par le changement des pratiques des utilisateurs.

Grâce au ministère du Travail américain, tout pourrait aller encore plus vite !

Au début du mois d’avril, le ministère du Travail américain a annoncé soumettre au vote une nouvelle règle qui obligerait les courtiers à mettre les intérêts de leurs clients avant les leurs, s’agissant de fonds de pension. En d’autres termes, le courtier malin qui placera une personne âgée sur un fonds actif, cher et risqué au motif que sa commission sera conséquente deviendrait un hors-la-loi.

Le vote se tiendra dans deux mois, et la règle pourrait bien entrer en vigueur dès janvier 2018. Pour les fonds indiciels, c’est une aubaine car la grande majorité d’entre eux est déjà dans les clous.

Quant à la France, la législation n’en est pas au même point ; la transition se fait donc uniquement par le bas. En effet, comme en Europe, malgré la naissance tardive des fonds indiciels, ces derniers sont au moins autant plébiscités qu’aux Etats-Unis, annoncent Les Echos : « Comme ailleurs, les investisseurs acceptent de moins en moins de payer les frais de gestion active alors que les rendements offerts fondent comme neige au soleil ». 

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