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Comment les piliers de la majorité sapent l'autorité du chef de l'Etat depuis un an... et quel bénéfice comptent-ils en tirer ?
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Meilleurs ennemis

Entre impopularité du Président de la République, ambitions personnelles et divergences sur le fond, la majorité déboussolée ne croit plus en son leader politique.

François  d'Orcival

François d'Orcival

François d'Orcival est journaliste. Il est président du Comité éditorial et membre du Conseil de surveillance de l'hebdomadaire Valeurs actuelles.

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Atlantico : Président de l'Assemblée nationale, présidents des groupes PS, ministres : depuis un an, les poids lourds socialistes dépensent beaucoup d'énergie à critiquer le chef de l'Etat et l'action du gouvernement. Comment concrètement ce travail de sape s'organise-t-il ? Est-ce un phénomène concerté ?

François d'Orcival : Oui il y a des déclarations concertés. On se rappelle d’Arnaud Montebourg dînant avec Benoit Hamon et Cécile Duflot avant de faire leur déclaration commune sur le souhait de changer la politique du gouvernement. Depuis les déclarations de mécontentement de ministres et de parlementaires s’enchaînent. Le dernier en date est Claude Bartolone. Mais d’autres personnalités socialistes ont également émis des avis négatifs sur la politique gouvernementale très récemment. Ce phénomène a quelque chose de culturel chez les socialistes. Il ne savent pas faire autrement que d’animer des courants à l’intérieur du PS comme ils le font de la même manière au sein du gouvernement. C’est un élément constitutif de leur ADN. Le parti socialiste est un parti très divisé et le gouvernement n’est que le reflet du parti lui même.

Pourquoi ne font-il pas l’union ? En réalité, ils votent les textes ensemble mais sont en désaccord sur de nombreux points. C’est la raison pour laquelle il apparait que le président n’a pas de cap clair. Dès qu’il fixe un cap, une partie des siens affirment le contraire. Dernier exemple en date, vendredi dernier, le président de l’Assemblée nationale a réclamé une confrontation avec l’Allemagne. Dans la foulée, les ministres concurrents de Claude Bartolone pour éventuellement succéder à Jean-Marc Ayrault, ont émis des critiques vives envers Claude Bartolone. Manuel Valls l’a considéré comme irresponsable et de son côté Michel Sapin désapprouve la déclaration du président de l’Assemblée nationale. Ces évènements s’enchaînent depuis maintenant un an sans jamais s’arrêter. On assiste à un spectacle pathétique.

Dans quel but ? Quels bénéfices comptent-ils en tirer ? Cela traduit-il une prédominance de stratégies individuelles à courte vue ?

Le bénéfice de ces attaques est simple : Exister. Prenons l’exemple de Bercy où sept ministres cohabitent. Arnaud Montebourg « existe » en marquant sa différence, ce qui n’est pas le cas de ces autres collègues. Le fait est qu’ils sont dans une logique de concurrence où chacun se prépare à faire valoir son talent et son poids à l’Elysée. Les prétendants au poste de Premier ministre sont nombreux.

Quels risques cette stratégie fait-elle courir à la majorité ? Avec quelles conséquences concrètes ?

Du point de vue des institutions, il n’y a aucun risque mais cette cacophonie permanente va faire grossir les manifestations du mois de mai et contribuer largement à renforcer le mécontentement des Français. L’image même du président souffre de la situation. Sa côte de popularité et son crédit se dégradent fortement avec cette stratégie. Ce phénomène fait d’autre part disparaitre tout espoir et sentiment de confiance dans le redressement de l’économie. Peu d’observateurs étaient en mesure il y a un an de décrire la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui François Hollande, son gouvernement et sa majorité alors qu’ils ont tous les pouvoirs. La politique de FrançoisHollande est prise dans un nœud de contradictions.

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