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Une manifestation pour les droits LGBTQ aux Etats-Unis.
Une manifestation pour les droits LGBTQ aux Etats-Unis.
©Hans Lucas / AFP

Bonnes feuilles

Abigail Shrier publie « Dommages irréversibles. Comment le phénomène transgenre séduit les adolescentes » aux éditions du Cherche Midi. Le nombre d'adolescentes désirant changer de sexe augmente de façon spectaculaire depuis cinq ans. Au nom d'une prétendue affirmation de l'identité, une véritable exploitation du mal-être adolescent se met en place avec, à la clé, des interventions chirurgicales et des traitements médicaux terrifiants. Extrait 1/2.

Abigail Shrier

Abigail Shrier

Abigail Shrier est journaliste et reporter au Wall Street Journal pour lequel elle couvre les questions de société. Dommages irréversibles est son premier essai.

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Pour que les choses soient claires, je ne crois pas que l’enseignement de l’identité de genre à l’école soit la cause principale de l’identification transgenre des ados. Mais il me semble important de battre une autre idée en brèche. Les personnes de ma génération (et plus) pensent généralement qu’aucun ado ne choisirait le parcours du combattant du trans à moins de souffrir énormément. Je crois que cette vision pétrie de bon sens en apparence est tout simplement fausse car elle ne tient pas compte du gouffre générationnel qui n’a cessé de se creuser comme une crevasse gagnant du terrain. Nous avons grandi différemment. Nous n’avons pas souffert de la solitude aiguë des adolescents d’aujourd’hui. Nous n’avons pas imprégné nos rétines de pornographie et de propagande diffusée sur Internet pendant la période d’égarement de la puberté. Et nous n’avons pas non plus fréquenté les écoles publiques d’aujourd’hui, avec leur obsession du genre et de l’orientation sexuelle.

Bien sûr, les écoles n’obligent pas les ados à devenir transgenres, mais elles leur facilitent la tâche. Le  havre LGBTQ que l’école a construit est avant-gardiste et séduisant, encadré par une autorité morale, protégé par les droits civiques. Ceux qui enseignent l’idéologie du genre ne fabriquent pas des adolescents transgenres. Ils se contentent de préparer le terrain idéologique. Et lorsque les ados traversent une crise, la solution miracle leur vient immédiatement à l’esprit : la transidentité.

La justification : la lutte contre le harcèlement scolaire

Comment les éducateurs et les militants ont-ils réussi à imposer une vision radicale du genre dans les écoles ? Comme beaucoup de succès marketing, il s’agit tout d’abord de concevoir un emballage irrésistible  : la lutte contre le harcèlement. Tous ces cours sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre étaient nécessaires, selon les éducateurs, pour prévenir l’agression, le harcèlement et la détresse psychologique aiguë des enfants LGBTQ. Argument imparable.

« Combattre les idées fausses sur le genre dès la maternelle peut jeter les bases de l’acceptation, de l’inclusion et d’un environnement antiharcèlement dans les écoles », selon le Conseil de l’éducation de Californie. « La non-conformité au genre et les caractéristiques physiques sont souvent à l’origine de nombreuses formes de persécution.

En apprenant à accepter les différences et particularités des autres, les élèves apprennent aussi à reconnaître les caractéristiques de l’intimidation et comment éviter d’en être victimes. »

Les éducateurs d’aujourd’hui sont très au fait du harcèlement dont ont été victimes les élèves LGBTQ et de l’incapacité affligeante des écoles à y remédier. Parmi les cas les plus révoltants, on se souvient de l’affaire Jamie Nabozny, à Ashland dans le Wisconsin.

Tout au long de ses années de collège et de lycée, Nabozny a dû faire face aux pires insultes homophobes, allant de « tapette » à « fourreur de boîte à caca ». Il a été attaqué, humilié, aspergé d’urine. Les maltraitances dont il a été victime ne connaissaient aucune limite – ses pairs ligués contre lui semblaient ne former qu’un seul et même muscle n’existant que pour le rouer de coups.

Mais ce qui était encore pire que la cruauté des élèves, c’était l’indifférence des divers responsables de l’école dont il avait pourtant sollicité la protection. Chaque année, les persécutions recommençaient, et personne ne s’interposait. Un jour, Nabozny a été poussé au sol par des garçons de sa classe, qui ont simulé un viol sur sa personne sous les rires moqueurs des autres élèves. Il a ensuite signalé l’incident à la directrice de l’école. Cette dernière lui a répondu qu’en « affichant ouvertement son homosexualité », il devait s’attendre à ce type de réaction. À la fin de l’année de quatrième, Nabozny a fait une tentative de suicide.

Arrivé à l’âge adulte, Jamie Nabozny a intenté une action en justice contre le district scolaire d’Ashland et les responsables de l’école. La cour d’appel a déclaré que le silence et la passivité des autorités scolaires constituaient une violation de la clause d’égalité de protection du quatorzième amendement.

Mais il n’est pas nécessaire de se référer à l’affaire Jamie Nabozny pour penser qu’en l’absence d’un encadrement vigilant, les étudiants LGBTQ sont plus souvent harcelés que les autres. Les élèves transgenres constituent une population particulièrement vulnérable, avec des taux de dépression et de suicide plus élevés. Un rapport publié en 2019 par le CDC, qui s’est intéressé aux districts scolaires de dix-neuf États, confirme notre intuition de bon sens sur les taux plus élevés de violence et d’automutilation chez ces lycéens. Les rapports d’organisations militantes comme le GLSEN suggèrent la même chose.

Je ne doute pas que les législateurs qui votent des lois contre le harcèlement, que les éducateurs et les conseillers scolaires qui dispensent une éducation sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle soient animés par des intentions louables. Ils se préoccupent sincèrement du bien-être des élèves identifiés LGBTQ – comme tout être humain digne de ce nom devrait le faire. Mais l’excès d’éducation sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle, éducation dispensée avec la passion infatigable de véritables prêtres, sert de prétexte à un autre objectif. Car il n’existe tout simplement aucune raison valable pour insister autant sur ces questions, pour demander aux élèves de s’imaginer gays, transgenres ou pansexuels. Aucune raison valable non plus de suggérer, dès le plus jeune âge, qu’ils puissent être nés garçons dans le corps d’une fille ou filles dans celui d’un garçon. Aucune raison d’enseigner aux élèves, selon les termes d’un manuel scolaire réputé, que « l’expression de l’identité de genre ou toute autre forme de comportement expansif dans le genre soient un aspect sain, approprié et caractéristique du développement humain ».

Il suffit d’être présent, de rappeler les règles avec autorité pour que les élèves fassent preuve de décence, de civisme et de bienveillance envers leurs camarades de classe. Tenir tête aux brutes. Aucune indulgence ni tolérance pour ceux qui s’en prennent aux autres en raison de leurs différences – physiques, religieuses, sexuelles ou autres. Les mauvais comportements doivent être repérés et sanctionnés rapidement.

La lutte contre le « harcèlement » sert de prétexte à un endoctrinement idéologique massif. « Les conséquences de la non-affirmation de l’identité de genre d’un enfant peuvent être graves, et interférer avec son aptitude à développer et maintenir des relations interpersonnelles saines, avertit la National Education Association (NEA). Plus longtemps un jeune transgenre n’est pas affirmé, plus les conséquences négatives peuvent être importantes et durables, y compris la perte d’intérêt pour l’école, le risque accru de consommation d’alcool et de drogue, la santé mentale fragile et le suicide. »

L’affirmation de l’identité de genre des étudiants trans est si essentielle à leur bien-être et à leur sécurité, selon les éducateurs, que la politique du syndicat NEA et de beaucoup d’écoles publiques, notamment en Californie, à New York et dans le New Jersey, est de ne pas informer les parents quand un élève trans fait son « coming out » à l’école. Si l’élève prétend avoir des parents qui ne le soutiennent pas, comme on l’a vu, l’administration et le personnel de l’école vont même jusqu’à cacher aux parents sa nouvelle identité de genre, tout en changeant le nom et les pronoms de l’enfant sur tous les formulaires scolaires.

« Le respect de la vie privée et la confidentialité sont d’une importance cruciale pour les élèves transgenres non soutenus par leur famille. Dans ces cas, même une révélation par inadvertance peut mettre l’élève dans une situation potentiellement dangereuse à la maison, il est donc important d’avoir un plan pour éviter la moindre erreur », selon la NEA.

La NEA recommande même aux écoles d’utiliser le plan de soutien Gender Support Plan créé par l’organisation militante Gender Spectrum. Ce questionnaire demande explicitement  : « Le ou les tuteurs de l’élève sont-ils au courant de la transition de genre de leur enfant et la soutiennent-ils ? Oui/Non. » Et, « si la réponse est non, quelles dispositions doivent être prises pour la mise en œuvre de ce plan ? ».

J’ai demandé au Dr Chiasson pourquoi les écoles n’in‑ formaient pas les parents de la décision de leur enfant de changer de nom et de pronoms à l’école. Elle a répondu qu’il s’agissait d’une violation de la vie privée des élèves en vertu de la loi fédérale FERPA (Family Educational Rights and Privacy Act) qui régit l’accès à l’information et aux dossiers scolaires. Puis elle a ajouté un étrange corol‑ laire : « Écoutez, si je voulais me faire appeler Judy au lieu de Judith, je n’aurais pas besoin de la permission de mes parents. » Bref, ce n’est pas leurs oignons.

Or les parents peuvent légitimement penser autrement. Affirmer la « nouvelle » identité de genre d’un enfant constitue une étape essentielle et peut être considéré comme un encouragement. Les enfants auxquels on donne un nom et des pronoms du sexe opposé pendant un an, avec un accès aux toilettes et aux dortoirs du sexe opposé lors de voyages scolaires, peuvent avoir plus de mal à faire machine arrière ensuite s’ils se mettent à douter. On pourrait considérer qu’il s’agit là d’aspects de la vie d’un enfant que les parents sont en droit de connaître.

Ce n’est pas du tout la vision administrative. Comme me l’a expliqué C. Scott Miller, enseignant de CM2 à l’école publique, les parents n’obtiennent pas toujours ce qu’ils veulent. « Des parents viennent me voir en disant : “Je ne veux pas qu’on appelle mon enfant par ce prénom.” C’est bien, mais leur droit parental a pris fin lorsqu’ils ont inscrit leur enfant à l’école publique. » En fait les parents qui ont mis leur enfant dans le privé ne sont pas mieux lotis.

Extrait du livre d’Abigail Shrier, « Dommages irréversibles. Comment le phénomène transgenre séduit les adolescentes », publié aux éditions du Cherche Midi

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