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La zone euro s'est-elle transformée en "morte vivante" qui s'ignore ?
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Compte à rebours

Pour l'économiste star et éditorialiste du New York Times Paul Krugman, l'Europe est en plein suicide à coup d'austérité et pour le milliardaire investisseur George Soros, les injections de liquidité par la BCE depuis décembre ont atteint les limites du soutenable sur le long terme. Et pour les deux, un même constat : l'Europe ferait face à des années et des années de stagnation qui pourraient bien faire exploser l'Union. L'accalmie sur les marchés depuis 3 mois n'a-t-elle fait que masquer la crise finale à venir ?

Franck Lirzin

Franck Lirzin

Franck Lirzin est économiste, membre du comité d'orientation d'Europa Nova, le réseau de conférenciers de la Commission européenne.

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L'actualité aura tôt fait de nous rappeler que la crise de la zone euro est loin d'être terminée. Les sommets de la dernière chance de fin 2011, les annonces sur le fonds européen de stabilité financière (FESF) ou la signature du pacte budgétaire en mars dernier n'auront pas fait illusion bien longtemps : il faudra du temps pour voir les effets de ces mesures. Les dirigeants européens peuvent faire leurs les mots d'Arthur Rimbaud : « Moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! »

Les taux d'intérêts des dettes publiques européennes retrouvent leur niveau de novembre 2011, l'accalmie aura duré quatre mois. La situation en Espagne n'est guère encourageante : 25% de chômage, 50% chez les jeunes, une récession de -1,7% en 2012 selon le FMI. La situation n'est guère plus encourageante en Italie. Les banques européennes n'osent plus prêter à leurs homologues italiennes et espagnoles, et c'est la Banque centrale européenne qui doit jouer les entremetteurs. Depuis l'été 2011, la BCE tient à bout de bras la zone euro. Sans les liquidités qu'elle fournit au système bancaire, l'échafaudage monétaire s'effondrerait dans un tohubohu imprévisible.

Cette déstructuration monétaire risque d'entraîner la zone euro dans une décennie perdue. Comment oublier le Japon ? L'Europe à son tour, incapable de réformer en profondeur son système bancaire faute d'une autorité communautaire suffisante, lie son destin à celui de ses banques. « Si tu sautes, je saute ». Ces prodigalités sont de plus en plus critiquées outre-Rhin car elles créent les conditions d'une crise bancaire à venir.

Mais, contrairement au Japon, ce ne sont pas les banques qui sont transformés en « morts-vivants », mais les Etats. Potentiellement insolvables, ils sont maintenus à flot par le soutien implicite de la BCE. Le climat d'austérité ne fait qu'aggraver la situation, en faisant diminuer la dépense publique : si les saignées peuvent sauver un petit pays se laissant porter par la croissance mondiale, comme la Finlande au début des années 90, elles ne peuvent rien pour un patient qui représente un quart du PIB mondial et 20% des échanges commerciaux mondiaux.

La zone euro reproduit avec l'euro et ses politiques d'austérité les mêmes erreurs qu'en 1930 avec le retour à l'étalon-or et les politiques d'ajustement. Combien de temps continuera-t-elle sur cette lancée ? En vérité, soumise à la pression des marchés, endettée, incapable de développer de nouveaux secteurs industriels ou de poursuivre l'intégration de son territoire, l'eurozone est condamnée à une telle politique. Le système bancaire européen reste très fragile, et pour éviter de l’achever tout à fait, les dirigeants européens veulent à tous prix éviter un Lehman brothers bis en laissant la Grèce faire faillite.

Mais, le problème n'est pas là : si la zone euro ne parvient pas à parler d'une voix unique à ses partenaires économiques et financier d'un projet de long terme crédible et construit démocratiquement, elle se place sous la coupe de ceux pour qui il faut « diviser pour régner ». Encore une fois, seul plus d'Europe pourra sauver l'Europe.

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