Crise de l'euro : comment l'Union européenne est tombée aux mains d'une élite kleptomane<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
"L’Europe a été construite sur des mensonges, sur des agendas non explicités, sur des non-dits."
"L’Europe a été construite sur des mensonges, sur des agendas non explicités, sur des non-dits."
©Reuters

Révolté fiscal

L'Europe a fait l’objet d’une OPA par la finance mondialisée. La classe de la "ploutocratie kleptocratique" a remplacé celle des "boutiquiers" à l'origine du projet européen. La social-démocratie sert d'alibi pour détourner l’indignation des peuples et les extrêmes sont mis hors-jeu du système. A quand une clarification du spectre politique fondée sur les vraies communautés d’intérêt ?

Bruno Bertez

Bruno Bertez

Bruno Bertez est un des anciens propriétaires de l'Agefi France (l'Agence économique et financière), repris en 1987 par le groupe Expansion sous la houlette de Jean-Louis Servan-Schreiber.

Il est un participant actif du Blog a Lupus, pour lequel il rédige de nombreux articles en économie et finance.

Voir la bio »

Quand nous étions jeune, nous avons planché sur d’interminables dissertations de philo sur les thèmes bien connus: tout est-il permis pour faire le bien? La raison d’Etat justifie-t-elle tout ? A-t-on le droit de mentir en démocratie? Que pensez-vous de Machiavel, ses préceptes peuvent ils s’appliquer quand c’est le peuple qui est souverain?

Ah! Et les fameuses mains sales de Jean Paul Sartre, elles en auront fait couler de l’encre !

Vous savez, pour nous lire régulièrement que nous considérons que le mensonge, la dissimulation, la non transparence en démocratie sont des crimes qui méritent d’être sanctionnés, punis, par autre chose que la non réélection.

Nous refusons le mensonge d’Etat, l’histoire abonde de ces mensonges et des horreurs ainsi produites, la dernière, énorme, en date étant la guerre d’Irak de George Bush.

On ne peut à la fois prétendre que le citoyen vote libre, éclairé, supposer son intelligence, prétendre que son opinion a de la valeur et, en même temps, lui mentir, lui dissimuler l’essentiel; entretenir l’opacité. Comme nous l’avons écrit il y a peu, dès lors qu’un consentement démocratique est obtenu de façon trompeuse, on est dans le domaine de la violence, lequel justifie la violence en retour. Nous aimons le livre de Jean-Pierre Chevènement, le Pari de l’Intelligence, même si nous le prenons dans un autre sens que lui, et nous soutenons que la démocratie est un pari sur l’intelligence des peuples à condition de ne pas avoir pour objectif de les maintenir dans l’ignorance.

L’Europe a été construite sur des mensonges, sur des agendas non explicités, sur des non-dits. C’est structurellement, fondamentalement, qu’elle est pseudo élitiste et anti démocratique. Nous disons pseudo élitiste car nous avons le souci de l’exactitude: si, au sommet européen, il y avait de vraies élites, cela se saurait, cela se verrait, cela donnerait des résultats. A la tête de l’Europe, il y a tous ceux qui ont flagorné efficacement, qui n’ont pas réussi à décrocher des mandats électifs, ceux qui ont eu la chance de faire partie de la négociation de marchands de tapis qui a réparti les postes entre les pseudo élites autoproclamées et cooptées.

Le projet européen que l’on a vendu aux peuples sur une idée de grandeur, de rang, presque héroïque, comme un dépassement de l’histoire, était en réalité un projet de petits boutiquiers soucieux d’augmenter leurs profits et de museler les travailleurs en faisant valoir que toute avancée sociale était impossible puisque l’on était soumis à la concurrence et aux lois européennes. Le projet européen a ensuite fait l’objet d’une OPA par la finance mondialisée, la classe de la ploutocratie kleptocratique ayant supplanté les boutiquiers. La loi de la mondialisation, pour faire faire tenir tranquilles les peuples et les priver des bénéfices du progrès, a remplacé la loi de l’Europe.

Vu sous cet angle, nous soutenons que l’Europe est devenue inutile au capital kleptocratique et que c’est le sens profond des attaques des Anglo-saxons pour la faire s’effondrer ; elle est un obstacle, comme dans les années 30, à la reproduction qu’ils veulent et même à l’extension du système qu’ils veulent. Et pour en finir avec l’Europe, il faut en finir avec son bastion de résistance, son ancrage, c’est à dire l’Allemagne. Et c’est le rôle historique des idiots utiles, les socialistes de faire ce travail.

L’enjeu de la crise de la reproduction du système capitaliste dévoyé par la finance, c’est le suivant:

Est-ce que l’on réussit à le sauver par son extension, par l’austérité imposée aux travailleurs et aux classes moyennes, aux petits producteurs nationaux.

Est-ce que, au contraire, on capote, on échoue, et un système neuf, plus efficace, moins spoliateur, voit le jour, avec une répartition différente des pouvoirs et des richesses.



Vous comprenez que, face à un tel enjeu, tout est permis, les mensonges, mystifications, alliances contre nature… et la social-démocratie a une mission essentielle, celle de faire passer la pilule aux peuples, celle de les faire tenir tranquille en détournant leur colère, en masquant les enjeux. La social-démocratie, c’est le second fer au feu de la kleptocratie pour canaliser et détourner l’indignation des peuples.

Il n’y a que les extrêmes qui ont fonction systémique de contester le jeu politique dominant.

Celui de droite qui défend l’identité, le spécifique, le national, est stigmatisé et rejeté hors du jeu par la démonisation. La démonisation de l’extrême droite permet de ne pas tenir compte de ce que demandent ses électeurs, permet de les mener dans un cul de sac, avec la complicité des soi-disant démocrates de droite ou de gauche.

Celui de gauche est reconnu socialement et même politiquement à condition qu’il serve de force d’appoint à la social-démocratie de gauche, à condition qu’il soit ce qu’il est, le fourrier, l’alibi du maintien du système qu’il fait semblant de combattre. C’est tout le sens profond de la position du PC, des dissidents de la LCR etc. A condition d’être invité à la table électorale et syndicale, ils acceptent de servir de caution à ceux qu’ils affichent combattre. Les autres, ceux qui refusent cette compromission, comme Besancenot ou Poutou, sont mis hors du jeu comme l’extrême droite.

La vraie solution politique au problème français, c’est évidemment une recomposition politique, une clarification fondée sur les vraies communautés d’intérêt, de valeurs, de principes, voire d’identité.

Le rôle des partis actuels et de leurs médias est d’empêcher toute prise de conscience qui favoriserait cette recomposition. Comme les socialistes dans leur parti, le centre de Bayrou est là pour jouer le rôle des idiots utiles et mystifier les aspirations à une recomposition.

Tout ceci à propos d’une information sortie le week-end dernier, bien sûr non traitée par les médias :

"Il y a un an et demi, il y avait un risque d’effet de dominos en cas de sortie de la Grèce. Aujourd’hui, il y a des gens à la BCE et à la Commission qui travaillent sur la mise en place de scénarios pour le cas où la Grèce n’y arriverait pas". "Une sortie de la Grèce ne signifie absolument pas la fin de l’euro comme certains le proclament" (Interview du Commissaire Karel de Gucht au journal belge, De Standaard.)

Aussitôt, les propos de Karel de Gucht ont été démentis par la Commission. La crédibilité de notre ami Karel est extrême et intacte, il a été le premier en Mai 2010 à révéler ce que la Commission savait depuis 2006, à savoir que la Grèce trichait sur ses comptes et que tout était bidon.

Le journal économique Les Echos rapporte que De La Rue, un imprimeur britannique spécialisé principalement dans l’impression de billets de banque, qui imprime déjà plus de 150 monnaies nationales, s’est préparé à devoir imprimer des drachmes de toute urgence dans le cas d’une réalisation du « Grexit », la sortie de la Grèce de la zone euro. Il est probable que dans cette hypothèse, les imprimeries nationales grecques seraient débordées par la masse de billets qu’elles devraient mettre en circulation dans un délai très rapide et qu’elles devraient sous-traiter une partie de l’impression des drachmes auprès d’imprimeurs privés.

Les investisseurs semblent convaincus de cette hypothèse de la sortie de la Grèce de la zone euro, et que De La Rue remporterait un contrat d’impression des nouvelles drachmes. Depuis un mois, l’action a pris 11% en bourse.

C’est important de savoir où en est l’affaire grecque, où sont les risques, quelles sont les alternatives, car vos sous, votre patrimoine, vos impôts futurs, la valeur de ce que vous avez dans votre porte-monnaie en dépend.

Mais vous n’êtes pas autorisés à faire partie des initiés, des happy few banquiers et familles klepto qui jouent, spéculent, transfèrent leurs fonds dans les pays anglo-saxons ; non, vous, vous êtes censés être les victimes du sacrifice sur l’autel de l’euro, vous êtes censés boucher les trous financiers et fiscaux et surtout sans réagir, sans défense. Et si vous vous défendez, on vous stigmatisera, vous montrera du doigt, on vous contrôlera, vérifiera votre coffre de voiture comme en Italie en ce moment ! Le gouvernement italien vient de mobiliser 25.000 policiers et militaires pour protéger 500 personnes et des milliers de cibles considérées comme susceptibles d’être attaquées par les révoltés fiscaux...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !