Comment l’Etat islamique s’est mis en tête de "purifier" l'islam en se livrant à un réel nettoyage ethnique<!-- --> | Atlantico.fr
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L'Etat islamique veut éradiquer la population chiite par tous les moyens possibles.
L'Etat islamique veut éradiquer la population chiite par tous les moyens possibles.
©english.al-akhbar.com

Bonnes feuilles

Journaliste italienne et présidente du groupe de financement de la lutte contre le terrorisme pour le Club de Madrid, Loretta Napoleoni se déplace régulièrement en Syrie, au Pakistan, en Turquie, en Iran et en Irak. Elle est l'auteur de plusieurs ouvrages consacrés au terrorisme. Extrait de "L'Etat islamique, multinationale de la violence" aux éditions Calmann-Lévy. (2/2)

Loretta Napoleoni

Loretta Napoleoni

Loretta Napoleoni est une journaliste italienne spécialiste des questions relatives au financement du terrorisme. Son dernier ouvrage s’intitule « L'Etat islamique, multinationale de la violence » (Calmann-Lévy, 11 février).

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En juin  2014, l’opinion publique mondiale a été choquée et écœurée d’apprendre qu’après la conquête de Mossoul, l’armée de l’État islamique s’en était prise aux femmes et aux enfants chiites des villages voisins. Armés de mitrailleuses, ses hommes tuèrent des centaines d’innocents, jetant les corps dans des fosses communes. Ils pillèrent les maisons des chiites et s’approprièrent leurs biens. Dans la ville de Tal Afar, par exemple, les guerriers d’Al-Baghdadi confisquèrent 4 000 maisons au titre des "dépouilles de guerre". Ils bombardèrent et incendièrent sanctuaires et mosquées dans l’intention d’effacer tout signe de présence chiite sur leur territoire. Les destructions de ce type se sont répétées sur chaque parcelle du califat afin de mettre en œuvre la purification religieuse qu’exige, dans l’esprit de beaucoup, l’interprétation la plus radicale du salafisme.

La guerre civile sectaire et sanguinaire que l’État islamique a initiée est moins liée à la doctrine salafiste radicale qu’à un génocide destiné à prendre le contrôle de l’insurrection suivant une stratégie conçue par Al-Zarkaoui en 2003, peu après que les forces de la coalition eurent envahi l’Irak.

Quel que soit le but de ces atrocités, le mot génocide paraît bien adapté à ce qui s’est passé, ces dernières années, en Syrie et, depuis le début de l’été 2014, en Irak. En réalité, la situation d’un chiite ou d’un membre d’une secte apparentée, comme les Alaouites syriens, ressemble fort aujourd’hui à celle d’un Juif dans l’Allemagne nazie. Marchant sur les brisées d’Al-Zarkaoui, l’État islamique semble enclin à éradiquer la population chiite du califat par tous les moyens possibles, dont l’extermination.

Dans ce contexte, beaucoup pensent que l’engagement d’Al-Baghdadi en Syrie, en 2011, n’avait rien à voir avec l’élimination du régime d’Assad, mais répondait au désir de nettoyage ethnique : éliminer les Alaouites d’une région destinée à devenir le berceau du nouveau califat. Là encore, le parallèle avec l’Allemagne nazie et la suprématie de la race aryenne est inévitable. Alors qu’Hitler justifia l’extermination des Juifs par un eugénisme fictif, l’État islamique invoque le concept de takfîr, d’apostasie, pour mener à bien la "purification" religieuse de l’islam. Les chiites et les fidèles de toutes obédiences autres que le salafisme sont des hérétiques coupables d’un péché si grave qu’il requiert la mort.

Avant d’explorer les vraies motivations de ce génocide, il est impératif de comprendre l’emprise du concept de takfîr sur l’imagination collective des chiites comme des sunnites.

"L'Etat islamique, multinationale de la violence"  de  Loretta Napoleoni aux Editions Calmann-Lévy

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