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Le club des terribles : les poids lourds qui soutiennent Donald Trump sont aussi hauts en couleur que leur champion
©Reuters

THE DAILY BEAST

Christie, Flynn, Gingrich, Giuliani, et Junior pourraient tous atteindre le même niveau de dangerosité et d’irresponsabilité que leur candidat favori.

Jonathan Alter

Jonathan Alter

Jonathan Alter est journaliste pour The Daily Beast et analyste pour MSNBC. 

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The Daily Beast - Jonathan Alter

NEWARK – A chaque fois que je parle à des partisans de Trump, ils disent toujours deux choses : il sait faire des affaires, et il aurait "des gens autour de lui" pour le modérer. Un type qui perd près d'un milliard de dollars dans l'économie en plein boom des années 1990 n’est pas exactement un homme d'affaires génial.

Quant à l'équipe ? C'est entendu, Mike Pence a montré dans le débat qui l’a opposé à son rival démocrate, qu'il serait, s’il était élu vice-président, très conservateur mais également sain d'esprit. Le reste de la bande, en revanche, n'inspire pas confiance. A une autre époque, les dérapages de ces politicards voyous et hypocrites travaillant pour le nom de Trump feraient la Une et conduiraient à leur exclusion. Mais là, ils semblent tous revêtus de Teflon.

S'il gagne, l’équipe de Trump, aussi bien ses principaux conseillers qu'un certain nombre des membres de son gouvernement, seraient presque aussi téméraires et dangereux que leur patron. La barre est haute, mais certains pourraient la franchir.

Le gouverneur républicain du New Jersey, Chris Christie, actuellement à la tête de l'équipe de transition de Trump, est trop terne pour être ministre de la Justice, son premier choix quand il a perdu l’espoir d’être le vice-président du candidat républicain. Mais le choix du patron de la Maison Blanche n’a pas besoin d’être approuvé par le Sénat, et il demeure le favori pour ce poste. Parce que Trump a peu ou pas d'intérêt pour le fonctionnement du gouvernement, Christie - quand Trump ne le démolit pas - pourrait avoir une grande marge de manœuvre pour diriger l'administration à la manière brutale que lui et son patron ont depuis longtemps adoptée.

J'ai traîné dernièrement au palais de justice fédéral à Newark, où deux des plus proches collaborateurs de Christie sont en procès pour avoir volontairement aggravé la circulation automobile sur le pont George Washington, le jour de la rentrée, pour mettre en difficulté le maire démocrate de Fort Lee (New Jersey), et lui faire ainsi payer le fait de ne pas avoir soutenu Christie lors de sa campagne pour sa réélection au poste de gouverneur en 2013.

Mardi, le témoin vedette de l’accusation, David Wildstein, a encore une fois accusé Christie d’avoir menti en niant qu'il avait connaissance de l’opération quand elle a été lancée, une allégation qu’aucune des deux parties n’a contesté. Wildstein a toujours dit que lui et l'un des accusés, Bill Baroni - que le gouverneur avait nommé directeur exécutif adjoint de la Port Authority - s'étaient mis à rire avec Christie des embouteillages longs de quatre heures, des ambulances bloquées dans la circulation comme les autres services de secours lorsque les trois hommes se sont retrouvés, le 11 septembre, à Ground Zero pour les commémorations. Quoique Christie ait eu connaissance à l’avance de ce dangereux projet, il fait clairement partie de ceux qui ont caché la vérité quand il a dit, lors d' une conférence de presse, qu'il pensait que les fermetures de plusieurs voies sur ce fameux pont faisaient partie d'un "test de circulation" qui n’a jamais existé.

Les politiciens, comme les autres êtres humains, ne changent jamais fondamentalement, ce qui signifie que Christie agirait de la même manière à Washington. La Port Authority, qui a un budget plus important que la plupart des Etats américains, est devenue ce que Wildstein décrit comme la "réserve de cadeaux" utilisée par le gouverneur. Quand il ne punit pas les politiciens déloyaux, Christie peut aussi demander à Baroni et Wildstein d’offrir des pièces en acier extraites des décombres du World Trade Center à ses partisans dans le New Jersey. Avant que le scandale n’éclate, il avait l'intention, lors des primaires, de donner le même genre de cadeaux à ses soutiens dans l'Iowa, le New Hampshire, et d'autres États concernés par les primaires. Les employés de la Port Authority se sont vus dire qu’ils étaient au service de Christie, et qu’ils devaient avoir cet impératif politique à l'esprit chaque fois qu’ils prenaient une décision.

Trump et Christie n’hésiteraient pas à politiser la bureaucratie fédérale et ses administrations en les transformant en fiefs personnels. Newt Gingrich l’a confirmé quand il a dit que la suppression des avantages sociaux de dizaines de milliers de travailleurs fédéraux serait une priorité de Trump.

Christie nie avoir envoyé ses hommes à Trump, mais c’est là que ces derniers vont se retrouver de toute façon. Bill Stepien, qui dirigeait ses campagnes pour le poste de gouverneur en 2009 et 2013, est actuellement directeur national de la campagne de Trump. En 2013, lors d'une conférence de presse, alors que Christie était en train de tromper les journalistes au sujet des fermetures des voies du pont, une de ses assistantes, Christina Renna, a envoyé un SMS à un collègue: ''Il [Christie] vient juste de mentir en disant que les cadres supérieurs et Stepien [alors chef adjoint du personnel du gouverneur] n’étaient pas impliqués dans cette opération.''

Un autre ancien membre du personnel de Christie, Matt Mowers, a déclaré que l'Office of Intergovernmental Affairs nouvellement créé utilisait une feuille de calcul spéciale pour le suivi des maires et autres responsables du New Jersey fidèles à Christie. Ceux qui n'y figuraient pas essuyaient systématiquement un refus quand ils tentaient d'obtenir quelque chose de Trenton pour leurs électeurs. Mowers, qui, lui aussi, travaille maintenant pour Trump, a déjà dit qu’il tient une liste de politiciens et de journalistes qu'il déteste.

Un autre poste de la Maison Blanche serait presque certainement confié à Stephen Bannon, qui est le Pdg et le stratège en chef de la campagne de Trump. Bannon évite les plateaux de télévision ces temps-ci, et pour une bonne raison. Breitbart News, le site calomnieux qu’il a animé jusqu'à récemment, continue de publier des articles racistes et antisémites. Et Bannon, qui est bien connu pour son comportement injurieux envers les femmes, ne souhaite pas que l’on lui rappelle à la télévision qu'il a été accusé, il y a vingt ans, de battre sa femme après qu'un agent de police eut constaté des marques rouges sur ses poignets et au cou (l'affaire a été classée quand elle n’a pas répondu à une convocation devant le tribunal).

L'évasion fiscale est apparemment de mise dans la famille politique de Trump. Bannon a mis en place ce qui semble être une résidence bidon dans une maison vide en Floride, peut- être pour éviter l’impôt sur le revenu en Californie. La loi exige une résidence de six mois par an. Bannon n’y a vécu que peu ou même pas du tout.

On ne sait pas qui finalement pourrait faire partie du cabinet de Trump, car les Démocrates (rejoints, peut-être, par les Républicains anti-Trump) pourraient faire échouer certaines de ses nominations. Mais Trump a dit à l’animateur de radio Hugh Hewitt qu'il aimerait nommer l'ancien ambassadeur à l'Onu, John Bolton, comme secrétaire d'Etat. Bolton, qui a menti à propos d’Hillary Clinton en 2012, en disant qu'elle avait fait semblant d’avoir une commotion cérébrale pour éviter de témoigner sur l'attentat de Benghazi, ce qui fait passer Trump pour un diplomate si on le compare à Bolton. Avec leurs provocations et leur rhétorique insultante, les deux hommes entraîneraient sans doute les États-Unis dans une confrontation militaire en quelques mois, sinon même plus vite.

Le ministre de la Défense serait sans doute le général en retraite Michael Flynn, qui est en tête de liste pour ce poste. Flynn est un analyste régulièrement invité sur le plateau de RT, la chaine d'information russe en langue anglaise qui diffuse une propagande à peine voilée. L'année dernière, Flynn a assisté au gala de RT à Moscou en compagnie du président russe Vladimir Poutine.

L’ancien responsable de la campagne de Trump, Paul Manafort, a travaillé comme conseiller de Viktor Ianoukovitch, la marionnette du président Poutine en Ukraine, entre autres criminels et oligarques. Un autre conseiller de Trump, Carter Page, fait l’objet d’une enquête fédérale pour l'utilisation de ses liens financiers étroits avec le Kremlin en vue d'affaiblir les sanctions contre la Russie, et saper la politique étrangère américaine. L'influence de ces conseillers pro-Poutine est apparue pendant le débat télévisé du 26 septembre dernier quand Trump, face à Hillary Clinton, a estimé, contrairement au FBI, que la Russie n'a pas été impliquée dans des opérations de piratage aux Etats-Unis.

L'ancien maire de New York, Rudy Giuliani, qui a servi comme ministre de la Justice dans l'administration Reagan, se bat pour diriger à nouveau ce ministère et pourrait l'emporter. Giuliani s’est fait remarquer comme le braillard en chef et le pire sexiste, juste après Trump, en diffamant le président Obama ( "Je ne crois pas que le président aime l'Amérique"), en colportant des théories du complot sur la santé de Hillary Clinton ( "Allez sur Internet et tapez 'maladie Hillary Clinton’ et regardez vous-même les vidéos proposées"), et en qualifiant Lester Holt, le journaliste qui modérait le débat télévisé, de partial, tout en disant à propos de Trump qui ne paie pas d’impôt : "Ne pensez-vous d'un homme qui possède ce genre de talent qu'il est mieux placé pour diriger les États-Unis qu'une femme ? "

Comme Gingrich, un autre adepte de l’adultère, qui espère diriger l'administration de Trump, Giuliani est assez courageux pour atteindre des sommets d'hypocrisie. L'homme, qui a laissé sa seconde femme découvrir qu’il demandait le divorce lors d'une conférence de presse organisée à la résidence des maires de New York quand il était maire de la ville, invite maintenant Trump à attaquer Hillary sur l’aventure de Bill Clinton avec Monica Lewinsky quand il était président. Trump, Giuliani, et Gingrich totalisent neuf mariages à eux trois, alors qu’Hillary ne s’est mariée qu’une fois.

J'ai presque oublié le troisième argument que les partisans Trump emploient systématiquement pour expliquer pourquoi, malgré ses défauts, ils vont voter pour lui : sa si belle famille !  Ses enfants, Ivanka et Eric, vont gérer l'entreprise familiale, et bien sûr s’assurer que les Trump continuent de ne pas payer d’impôt sur le revenu pendant que papa est président. Mais l'autre fils, Donald Jr., est encore plus dévoué. Membre à vie de la Nra pour la défense de la vente libre des armes, chasseur de léopards - une espère en voie de disparition- , d’éléphants et de buffles, "Donnie" a déclaré publiquement qu'il veut être le prochain responsable de l’ U.S. Department of the Interior, qui est en charge des questions d’environnement (parcs nationaux et autres).

Qu’il ne s’inquiète pas. Si Trump est élu à Washington, il obtiendra ce poste.

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