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Guéant et le relativisme culturel : provoc bidon, indignation en carton
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Zone franche

Si toutes les cultures se valent, de quoi peut-on vraiment s'indigner ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Claude Guéant, lorsqu’il brocarde le relativisme civilisationnel devant un syndicat d’étudiants de droite et à moins de trois mois d’une présidentielle dont Marine Le Pen passe pour l’arbitre, fait évidemment dans la provoc. Il faut dire que c’est un peu son job, au ministre des Basses-œuvres, de titiller le progressiste et de flatter le chauvin les jours où les journalistes n’ont guère que la météo à se mettre sous la dent…

Le problème, c’est qu’à examiner calmement ses propos, il passe surtout au travers de portes ouvertes dont on pensait qu’elles avaient été largement enfoncées par à peu près tout le monde dans ce pays :

« Contrairement à ce que dit l’idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l’humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l’égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique ».

Bien sûr, que toutes les civilisations ne se valent pas. Bien sûr qu’une culture adossée ― au moins en intention ― à des principes de liberté, de démocratie, de tolérance et de solidarité est supérieure (oui, supérieure, moralement et pratiquement) à une autre fondée sur la violence, les inégalités, le sexisme, le fanatisme religieux et le contrôle des institutions par une coterie de puissants. C'est même l'enseignement universaliste numero uno des Lumières et de la Révolution française.

Et puis, après tout, les crétineries anti-allemandes des ces dernières semaines ou les diatribes anti-américaines de ces dernières décennies, venues du camp « relativiste », valent bien les considérations guéanesque de ce weekend. Le modèle culturel teuton de vertu budgétaire et d’exportations massives de Mercedes vers la Chine n’est-il pas présenté comme inférieur à celui du déficit chronique et du chômage de masse ? La « jungle » américaine, avec ses prêts subprimes et ses interventions irakiennes, n’est-elle pas l’antithèse du « rêve français » cher à François Hollande ?

Écrivant ces lignes, je me rends bien compte que m’éloigner moi aussi du camp relativiste, c’est prendre le risque de me rapprocher de celui des affreux. Mais j’ai fait le tour des réactions outragées sur le Web (oui, les « heures les plus sombres », comme d’hab) comme des applaudissements (« Bravo, bravo, c’est nous les plus beaux ! ») et franchement, ni les unes ni les autres ne font vraiment envie.

Mais ça n’est pas grave : j’ai mes propres mes valeurs, bien supérieures à celles qui leur sont inférieures. Et en plus, je sais relativiser.

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