Chromosome Y : Non, le masculin n’est pas en voie d’extinction !<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Chromosome Y : Non, le masculin n’est pas en voie d’extinction !
©

De mâle en pis

Il y a deux ans, on annonçait que le chromosome masculin Y était en voie de disparition. Une étude récente contredit cette hypothèse.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

Voir la bio »

Il y a deux ans, le magazine américain The Atlantic faisait le buzz en annonçant en couverture "La Fin des Hommes", et le futur règne du matriarcat à la fois pour des raisons pratiques et sociétales mais aussi pour des raisons scientifiques : le chromosome Y étant en train de s'appauvrir, l'homme risquait de disparaître progressivement de la surface de la terre en cinq millions d'années.

La fin des hommes a fait la Une de The Atlantic, mais la question n'est pas nouvelle. En janvier 2008, le magazine américain Reason, reprenant un article du National Journal, se demandait si le matriarcat était le futur des États-Unis (The Coming American Matriarchy) en notant que selon les projections établies par le Centre national de la statistique de l'éducation, en 2017 il y aurait une fois et demie plus de femmes que d'hommes diplômés aux USALe point de basculement remonterait à 2006 : cette année là le Census Bureau environ que 27 millions d'hommes américains ont un diplôme, et environ 27 millions de femmes américaines en ont aussi. Ce serait le début de la fin de la domination masculine.

L'auteur de l'article publié par Reason ajoutait "En 1978, quand j'étais un étudiant de première année au collège, j'ai rencontré une femme qui m'a dit qu'elle était en droit. "Oh," je l'ai dit, "vous êtes une secrétaire ?"Sa réponse douce, mais mortifiante : "Non, je suis un avocat." Peu de jeunes gens d'aujourd'hui peuvent même pas imaginer faire ce genre de faux pas." Avant de conclure que le "sexe faible" n'était plus le sexe féminin.

En mai 2009, le quotidien britannique Daily Telegraph cite le professeur Jennifer Graves, Comparative Genomics Research Group Director de l'Australian National University de Canberra qui, lors du congrès annuel du Royal College of Surgeons (RCSI) - Société Royale des Chirurgiens - explique que les gênes masculins diminuent. Selon elle "Il y a 300 millions d'années le chromosome Y avait environ 1 400 gênes, il ne lui en reste que 45 aujourd'hui, à cette vitesse là, le chromosome Y n'aura plus de gênes dans cinq millions d'années."

Graves n'est pas une joyeuse illuminée : elle a reçu un prix décerné par l'UNESCO et l'Oréal pour ses travaux sur le génome en 2006. Et la même année le quotidien La Libre Belgique la cite"J'ai toujours voulu savoir comment s'opérait la détermination sexuelle chez les mammifères et comment elle avait évolué; comment chez la femme un chromosome X est inactivé et comment a évolué ce système complexe; comment - et plus particulièrement pourquoi - l'empreinte génomique a évolué pour faire taire l'une des deux copies de certains gènes. J'ai travaillé toute ma vie sur ces systèmes et nous avons fait de très, très nombreuses petites avancées. Aujourd'hui, avec l'avancée de données issues des séquençages de génomes, nous allons peut-être trouver des réponses très vite. Ca serait absolument extraordinaire pour moi.» C'est grâce à des passionné(e)s comme Jennifer Graves, de l'Australian national university de Canberra, en Australie, que la science avance à pas de géant."

Dans le Times Columnist du 1er mars 2012, une chroniqueuse revient sur le sujet. Elle explique d'abord que même si le chromosome Y disparaissait, certains scientifiques estiment que l'homme continuera à exister. Elle prend l'exemple de certaines espèces animales qui ont perdu leur chromosome Y et on su s'adapter comme si rien ne s'était passé.

De plus elle évoque les travaux auxquels ont participé Jennifer Hughes (Whitehead Institute de Cambridge, Massachussets, aux portes de Boston) qui estime que le chromosome Y a cessé de régresser. Hughes et les autres équipes signataires sont arrivés à cette conclusion en comparant des chromosomes Y humains à ceux de macaques rhesus. Elle et une trentaine de collègues (entre autres du Genome Institute, Washington University School of Medicine, et du Human Genome Sequencing Center, Baylor College of Medicine de Houston) ont trouvé 19 gênes communs, et ont publié leurs travaux dans la revue Nature.

Scott Hawley, généticien du Stowers Institute for Medical Research de Kansas City (USA) est d'accord avec elle : "Ces gênes sont restés intacts pendant 25 millions d'années. Même s'il est théoriquement possible que l'Y disparaisse au cours des 50 millions d'années prochaines, il y a très peu de chance que cela survienne. Franchement, j'ai du mal à m'inquiéter pour cela."

Même réflexion de David Page du Massachusetts Institute of Technology (MIT), qui figure parmi les auteurs de cette fameuse étude : "Depuis une dizaine d'années, "je ne pouvais plus parler devant un auditoire sans qu'on m'interroge au sujet du Y en voie de disparition" (...) Cette étude "réfute simplement l'idée d'une disparition du chromosome Y", assure le professeur Page dans un communiqué de l'Institut Whitehead de recherche biomédicale du MIT. Après avoir un temps "perdu des gènes à un rythme incroyablement rapide", le chromosome Y s'est stabilisé depuis 25 millions d'années, expliquent David Page et ses collègues."

Une dépêche AFP citée par le Point explique le processus qui a conduit certains à s'inquiéter "avant de se spécialiser, les chromosomes X et Y pouvaient échanger leurs gènes lors d'un processus de "recombinaison" entre chromosomes d'une même paire. Maintenant isolé, le Y, qui ne profite plus de ce brassage génétique, n'a conservé que 19 gènes sur les quelques 600 qu'il a autrefois partagés avec le chromosome X ancestral."

Que les hommes soient rassurés. mais d'un autre côté, certains d'entre nous auraient peut-être apprécié de faire partie d'un groupe qui se raréfie et se trouve recherché et cajolé par les femmes ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !