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Christine Lagarde aura battu le record de longévité d'un ministre de l'Économie et des finances.
Christine Lagarde aura battu le record de longévité d'un ministre de l'Économie et des finances.
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De Bercy à Washington

Élue nouveau Directeur général du FMI, Christine Lagarde quitte donc ses fonctions de ministre de l'Économie et des finances. Au cours de la Ve République, c'est elle qui aura occupé le plus longtemps ce poste très codifié...

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Avec la nomination de Christine Lagarde à la direction générale du FMI, les Français perdent l’une de leurs figures préférées tant au gouvernement qu’au ministère des Finances. La popularité de cette avocate ne manque d’ailleurs pas d’étonner dans cette prétendue atmosphère populiste où tout ce qui rappelle l’élite serait vilipendé. Car, côté peuple, on ne peut pas dire que Christine Lagarde ait fait beaucoup de concessions: élégante, toujours impeccable, un brin distante, voire froide, éloignée des joutes partisanes, elle n’a guère cherché à se mêler au bon peuple de France. Et pourtant, les Français l’aiment.

Quel est le mystère de cet amour ? Peut-être tient-il tout entier au fait que Christine Lagarde est une bonne ministre. La preuve ? Parmi tous ces prédécesseurs, elle est probablement la seule dont nous nous souviendrons.

Certains attribueront cette mémoire à la bonne connaissance des entreprises dont Christine pourrait se targuer. L’explication mérite d’être soumise à caution. D’abord parce que la connaissance de l’entreprise n’a jamais constitué une garantie d’efficacité à Bercy. On se souviendra des passages plutôt ratés de MM. Mer et Breton, pourtant chefs d’entreprise émérites. Le plantage relatif des intéressés rappelle utilement que la maison France n’est pas une affaire comme les autres et que la politique obéit à des lois indépendantes du management. Alors que l’entreprise est gouvernée d’en haut pour la plus grande satisfaction des actionnaires, la nation - au moins en apparence - se gouverne d’en-bas pour le bonheur des citoyens.

Christine Lagarde a talentueusement incarné le rapport des Français à l’argent

Ici, d’ailleurs, l’art politique est fait d’illusions et de petits arrangements avec la vérité.  Car Bercy prête peu à l’empathie pour la France d’en-bas, mais la compétence d’un ministre se mesure à sa capacité à convaincre tout le monde du contraire. Ceux qui ont oublié cette règle s’en sont lourdement repentis.

Dans cet ordre de l’illusion, Christine Lagarde a ajouté une performance supplémentaire: elle est parvenue à nous persuader qu’elle-même connaissait quelque chose à la vie d’une entreprise. Or cette connaissance relève de la pure extrapolation et l’on en cherchera obstinément la moindre preuve dans les discours et les actes de l’intéressée.

Mais sa principale force n’est pas là. Christine Lagarde a talentueusement incarné le rapport des Français à l’argent et cette incarnation vaut popularité. Peu démonstrative, travailleuse, discrète sur sa vie personnelle, Christine a porté haut les couleurs de la France dans les sommets internationaux. Elle a régulièrement répété que tous les moyens ne sont pas bons pour s’enrichir et que l’économie internationale doit être régulée.

Ajoutez à cela qu’elle ne semble pas s’être enrichie personnellement grâce à ses fonctions, elle n’a violé aucun de ses collaborateurs, elle se paye ses propres cigares et ne se disperse dans aucune remarque xénophobe. A elle seule, elle incarne une autre façon de faire la politique. Et c’est pour ça qu’on l’aime.

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