La France sombre-t-elle dans la "christianophobie" ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Deux pièces de théâtre jouées actuellement en France injurient le Christ.
Deux pièces de théâtre jouées actuellement en France injurient le Christ.
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Anti-Christ

Deux pièces de théâtre jouées actuellement en France injurient le Christ. Pour le blogueur Koz, même critiqués, les chrétiens ne doivent pas "se placer aussi au rang des minorités maltraitées" et se contenter plutôt de répliquer par le dialogue.

 Koz

Koz

Koz est le pseudonyme d'Erwan Le Morhedec, avocat à la Cour. Il tient le blog koztoujours.fr depuis 2005, sur lequel il partage ses analyses sur l'actualité politique et religieuse

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Deux pièces de théâtre, toutes deux subventionnées. L’une, Sur le concept du visage du fils de dieu, voit des enfants lancer des grenades sur un grand portrait du Christ, avant qu’un vieillard, personnage central, ne vienne y déverser ses excréments. L’autre, Golgota Picnic, voit une scène remplie de hamburgers. « Le Christ est passé par là, il a multiplié les pains », dit-on. Le Christ y est appelé « el puto diablo ». Autant on peut encore déceler dans la première pièce un message qui ne soit pas antichrétien, autant ce serait trahir la seconde que de ne pas y trouver un antichristianisme revendiqué.

Et l’on hésite une fois encore entre l’apitoiement et la colère. Certains, toujours les mêmes, ont choisi d’emblée la seconde, et appellent à une manifestation nationale contre la « christianophobie ». Mais la Conférence des évêques de France a également - le fait est plus rare –  fait part de sa colère à propos de Golgota Picnic. Mgr Vingt-Trois, lui, a traduit sa position ainsi : "on peut exprimer sa blessure, mais cela ne peut pas devenir un argument de combat organisé" .

C’est qu’il est requis du chrétien qu’il agisse chrétiennement. C’est sacrément contraignant, quand le bourre-pif aurait pour lui le mérite de la clarté mais, sans cela, le chrétien est moins chrétien et sa défense du christianisme devient vaine. Faute, donc, de multiplier les pains, on pourra toutefois s’enhardir jusqu’à confesser, en plus de la blessure, son plus profond mépris. L’insulte – « el puto diablo » - explicite et subventionnée légitime également les protestations.

Faut-il pour autant aller jusqu’à dénoncer une christianophobie ambiante ? J’en doute. Les chrétiens sont-ils donc menacés, détestés, brimés, en France ? Ils sont raillés, oui : la belle affaire. Et puis, n’est-il pas logique qu’une religion porteuse d’un message fort suscite des oppositions ? Il y a des anticommunistes, des antilibéraux, même des anticorridas. Ce serait bien… le diable… qu’il n’y ait pas d’antichrétiens.

Car jouons un peu sur les mots : trouver de l’antichristianisme dans le monde, c’est une évidence. René Rémond lui-même y a consacré deux opuscules. Mais depuis quand évoque-t-on de la christianophobie ? Comment ne pas y voir une façon de broder autour de l’islamophobie ? Manière de se placer aussi au rang des minorités maltraitées, façon de se situer encore par rapport aux musulmans.

D’ailleurs, puisqu’on en parle : des islamistes ont manifesté vendredi contre la diffusion de Persépolis et la représentation de Dieu sous les traits d’un vieillard barbu. Ils ont attaqué le domicile du directeur de la chaîne TV. Est-ce à cela que les catholiques veulent ressembler (même sans violence) ? « Puisqu’ils le font, faisons-le aussi » ? Et vive le syncrétisme dans la réaction au « blasphème » !?

Si le christianisme ne suscite pas à une réaction différente de celle du monde et du tout-venant, alors à quoi bon ?Si être chrétien ne change rien, quel est ce christianisme que l’on défend ?

On pourrait tenter plutôt la fameuse stratégie de la limonade : noyer l’acidité du citron dans une boisson sucrée. Informer, dialoguer. Ridiculiser de piètres créateurs au propos sommaire. Mettre les rieurs avec nous. Être disponible devant le Théâtre du Rond-Point pour informer ceux qui le souhaitent ? Distribuer l’1visible aux abords ?

Pour cela, il faut de la coordination.

De vous à moi, je sens que ça vient.

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