Christiane Taubira, la "tornade" qui n'éprouvait pas le moindre besoin de répondre aux questions<!-- --> | Atlantico.fr
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Dans l’émission, Christiane Taubira assène à plusieurs reprises : "tous les prisonniers sortent à un moment donné".
Dans l’émission, Christiane Taubira assène à plusieurs reprises : "tous les prisonniers sortent à un moment donné".
©Reuters

Bête de scène

Christiane Taubira et Christian Estrosi étaient les invités de David Pujadas jeudi soir sur le plateau de "Des paroles et des actes" sur France 2.

André Bercoff

André Bercoff est journaliste et écrivain. Il est notamment connu pour ses ouvrages publiés sous les pseudonymes Philippe de Commines et Caton.

Il est l'auteur de La chasse au Sarko (Rocher, 2011), Qui choisir (First editions, 2012), de Moi, Président (First editions, 2013) et dernièrement Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi : Chronique d'une implosion (First editions, 2014).

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Christiane Taubira fait bloc. A elle seule, dans l’émission « Des paroles et des actes », elle fait le show. Elle remplit largement son contrat de bête de scène. Elle admoneste, interrompt, tance ses interlocuteurs, les foudroie du regard, et de temps en temps, elle essaye des sourires vite abandonnés pour retrouver sa posture favorite : l’attaque. Quand la question peut lui apparaître gênante, comme ce fut rarement le cas hier, elle botte en touche, tout en souffletant le journaliste de son mépris. Si celui-ci l’avait vraiment lue, voire vraiment écoutée, il ne prononcerait pas des paroles aussi vaines. Valls ? C’est l’amour. Probation ? Suppression des peines plancher ? Individualisation de la peine ? C’est pour mieux assurer la sécurité de la population, victimisée par des années de laxisme sarkozyste. Rétention de sûreté ? Ce n’est pas le sujet, vous ne m’avez pas lue, vous ne m’avez pas écoutée, fermez le ban.

Personne ne résiste. Pujadas, Saint-Criq, Wittemberg, Fressoz, Giesbert, pourtant loin d’être des perdreaux de l’année, essayent de planter les banderilles, mais le taureau ne se laisse pas faire et montre dents et cornes. Ils sourient, ils respectent le processus, c’est elle la vedette, elle a le droit de les engueuler, ils esquissent une réponse, sourient encore, et se retirent au coup de gong : règle de l’émission oblige. Quant au seul interlocuteur politique présent, Christian Estrosi, auteur de la pétition anti-loi Taubira, il reste calme et poli, lance quelques généralités, mais n’essaye pas d’interrompre la tornade à la voix de crécelle convaincante : lui aussi respecte les règles du système : the show must go on.

Seul moment de vraie rupture : l’apparition, en ombre chinoise, de la mère de Priscilla, qui a passé trois semaines dans le coma, violemment tabassée par un individu qui était en régime de semi-liberté et qui, le même soir, a violé et estropié une autre jeune femme. Il était d’ailleurs récidiviste. Pas de surveillance, pas de contrôle, rien. Témoignage glaçant, terrible, prononcé très calmement. Christiane Taubira réplique qu’elle s’incline devant la douleur et qu’il n’y a pas de réponse à ce drame, mais refuse de qualifier le juge ou les contrôleurs. Petite parole fugace de la mère : « C’est trop facile ». Et on passe à autre chose.

Plus tard dans l’émission, Christiane Taubira assène à plusieurs reprises : tous les prisonniers sortent à un moment donné ; il faut penser à la réinsertion, il faut penser à la suite. Très bien. Mais...tous sortent ? Même les serial violeurs ? Les serial tueurs ? Les serial tortionnaires ? Même les barbares ? Au fond, selon vous madame la ministre, il n’y a pas de bêtes sauvages, pas d’assassins, pas de perpétuité, tout être humain, y compris celui qui a fait le malheur de plusieurs familles, a droit à l’angélique rachat ? La question ne sera pas posée.

A lire, de l'auteur de l'article :  "Moi, Président", André Bercoff, (First édition), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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